Greenpeace Asie de l’Est a évalué les efforts de décarbonisation des dix plus grands constructeurs automobiles et estime que le bonnet d’âne revient à Toyota quand la médaille d’or échoit à General Motors. Toutefois, il ressort de ce rapport qu’aucun grand groupe automobile ne fait réellement figure de bon élève. Fait remarquable, BMW n’a pas été pris en considération.
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À quand le tout électrique ?
Les dix constructeurs/groupes pris en considération sont Daimler, Ford, General Motors, Honda, Hyundai-Kia, Nissan, Renault, Stellantis, Toyota et Volkswagen. Premier constat, tous sont pénalisés par leur politique de suppression complète des moteurs thermiques dans leur gamme. Aucun ne prévoit en effet de passer au 100 % « 0 émission » avant 2035, seuls General Motors, Honda et Hyundai-Kia ayant déjà déterminé une date à laquelle ils ne proposeront plus aucun modèle équipé d’un moteur thermique, avec ou sans hybridation.
Or, cette élimination des moteurs à combustion interne représente un facteur crucial dans la course à la neutralité carbone aux yeux de Greenpeace. Mais il n’est pas le seul pris en compte par l’ONG.
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Approche globale
Le rapport de Greenpeace Asie de l’Est prend donc en considération différents critères pour établir son classement :
- Date de fin des moteurs thermiques
- Décarbonisation de la chaîne d’approvisionnement
- Pratiques de durabilité des ressources au cours des 5 dernières années.
Toutefois la « sortie du thermique » est pondérée à 80 % pour représenter la contribution de la combustion du carburant aux émissions du cycle de vie d’un véhicule. Le reste des points de mesure représentant 20 % de la note finale.
Il ressort de l’étude qu’entre 2016 et 2020, Toyota, Honda et Ford ont vendu en moyenne 0,12 % de voitures « 0 émission » - électrique à batteries ou à pile à combustible – quand Renault et General Motors ont vendu le plus de modèles BEV et FCEV, proportionnellement. Toutefois ces deux groupes ne parviennent pas à dépasser 5% de leurs ventes en « 0 émission » à l’échappement. Un constat alarmant qui pose question sur la capacité des constructeurs à changer l’équilibre drastiquement. Sans oublier que les ventes dépendent également des attentes réelles des clients. Pour rappel, General Motors a annoncé vouloir atteindre 100 % de ventes « 0 émission » d’ici 2035.
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Omerta ou presque
Autre critère pris en compte, la décarbonisation de la chaîne d’approvisionnement. Un domaine dans lequel les constructeurs se montrent très secrets, certains ne fournissant aucune donnée à cet égard, quand d’autres n’en délivrent qu’une petite partie.
La rébellion Toyota
Toyota fait figure de rebelle selon Greenpeace, en militant activement pour un retard de la politique en matière de véhicules électriques au Japon et à l’étranger. Une prise de position qui amène Greenpeace à décréter que Toyota va à l’encontre des réglementations climatiques. Pour l’ONG, les efforts des grands de l’industrie automobile sont insuffisants pour atteindre l’objectif climatique d’un réchauffement limité à 1,5°C.
« Les grands constructeurs automobiles doivent éliminer progressivement les véhicules à moteur à combustion interne sur les principaux marchés d’ici à 2030 afin que le monde ne dépasse pas la limite de 1,5℃ d’augmentation de la température mondiale, et cela devrait se faire d’ici à 2028 en Europe. Afin d’optimiser l’impact potentiel d’une transition vers le VE, les gouvernements ont un rôle à jouer pour assurer une augmentation drastique de l’offre d’énergie renouvelable dans la production d’électricité. En fin de compte, les constructeurs automobiles devront repenser leur modèle économique, qui, à l’heure actuelle, vise à tirer profit de la vente de plus de voitures à un rythme toujours plus rapide. » (Ada Kong, responsable de projet pour l’industrie automobile en Asie de l’Est)
Que faut-il en penser ?
Bien évidemment, l’étude de Greenpeace est clairement à charge des constructeurs et est destinée à mettre la pression sur ces derniers pour qu’ils accroissent leurs efforts pour atteindre la neutralité carbone. Mais le rapport a le bon goût de ne pas prendre en compte uniquement les émissions « à l’échappement » des véhicules vendus par les constructeurs.
En tenant compte de l’impact carbone de la chaîne d’approvisionnement et des pratiques de durabilité – comment sont alimentés les bâtiments du réseau de distribution, quels moyens de transport utilisés pour l’acheminement des véhicules, recyclage, etc. – Greenpeace élargit tout de même le spectre d’analyse. Et le bilan n’est clairement pas glorieux pour l’industrie automobile.
Toutefois, il faut relativiser les conclusions de cette étude. Bien entendu, la nécessité de décarboner l’industrie automobile dans sa globalité – du puits à la casse – est urgente et indéniable. Mais la méthodologie ne peut être crédible qu’en tenant compte de l’impact carbone lié à l’utilisation des véhicules. Si les constructeurs produisent uniquement des véhicules « vertueux » et « propres » dès demain, cela ne servira pas à grand-chose si, en parallèle, la production d’électricité ou d’hydrogène n’est pas également durable. Donc avant de fustiger Toyota et les autres grands groupes automobiles mondiaux, il faudrait d’abord tancer les instances dirigeantes qui ont la responsabilité de créer un contexte favorable à la décarbonisation de l’industrie automobile tant désirée.
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