En matière de qualité et de produit abouti, Michael Leiters en connaît un rayon, lui qui fut à la manœuvre chez Porsche puis chez Ferrari pour les Cayenne et Purosangue. Si le nouvel homme fort de Woking ne cache pas l’intention de proposer un SUV électrique McLaren d’ici la fin de décennie, il n’en oublie pas la gamme actuelle. Estimant que les modèles jusqu’ici commercialisés par la marque manquaient de qualité – il ne parle ni de performances, ni de comportement routier – il a décidé de retarder le lancement de l’Artura afin de s’assurer que celle-ci réponde aux exigences de la clientèle visée par McLaren.
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Pas de compromis
Dans une interview accordée à nos confrères britanniques du magazine Evo, Michael Leiters a déclaré que McLaren a fait trop de compromis par le passé en commercialisant et livrant des voitures qui étaient certes des bêtes de performances et des reines du plaisir de conduire, mais qui n’étaient pas abouties en tant que produit. Trop de compromis ont été faits sur la fiabilité logicielle, principale cible de ses commentaires acerbes.
Transfuge de Porsche et Ferrari, l’homme en connaît un rayon sur les exigences des clients visés par McLaren et estime que le constructeur britannique ne peut plus se permettre certains errements de jeunesse. Il a donc décidé de stopper la production de la McLaren Artura afin d’en résoudre les problèmes de qualité.
Du cash et des puces
Déjà fragilisée par la crise du Covid-19, McLaren est en proie à de grosses difficultés financières qui l’ont contrainte à devenir locataire de son propre centre technologique et à vendre certains joyaux de sa collection de voitures emblématiques. Vient s’y ajouter la pénurie de puces qui avait déjà imputé un retard significatif dans la production de l’Artura. Plutôt que de livrer en retard des voitures pas abouties, le patron de McLaren a donc décidé de reprendre le développement de la supercar hybride rechargeable afin d’en résoudre les quelques problèmes de qualité constatés.
Ce délai supplémentaire doit également permettre à McLaren de récolter des fonds afin de mener à bien la finalisation du « projet Artura ». Un besoin de cash qui se fait de plus en plus criant pour une marque qui a peut-être vu trop grand trop vite et s’est érigée en concurrente directe de Ferrari sur le plan des performances sportives, mais sans disposer de bases suffisamment solides dans le domaine financier. Une marque automobile ne se gère pas comme une écurie de Formule 1 !
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Apporter de la diversité
En outre, M. Leiters pointe du doigt une autre faiblesse de McLaren : la quasi-monoculture en matière mécanique. Depuis le lancement de la MP4/12 C, toutes les McLaren, sans exception, utilisent le même V8 biturbo, plus ou moins suralimenté et même électrifié pour la P1 – ou presque. Il aura fallu attendre la 720 S pour voir le V8 passer de 3,8 à 4,0 l. Michael Leiters estime qu’une marque telle que McLaren se doit de proposer plus de diversité en termes de motorisations. Un premier pas a été fait avec l’Artura qui est animée par un V6 biturbo et électrifié. Mais il faudra faire mieux à l’avenir pour justifier une rivalité de prestige et de tarifs avec Ferrari. Une variété qui viendra également du futur SUV.
Mais avec l’échéance de l’interdiction des voitures à moteur thermique en 2036 en Europe et le manque chronique de liquidités de la marque, McLaren peut-elle réellement se permettre de développer des moteurs différents ? Car, si les MP4/12 C, 650, 675 LT, 540, 570 S, 570 GT, etc. partageaient toutes la même monocoque en carbone et le même ensemble V8 biturbo-boîte de vitesses, ce n’est pas uniquement dû aux qualités intrinsèques de ces éléments, mais aussi à la nécessité de rationaliser les coûts. Et ça n’a manifestement pas suffi à éviter des problèmes de trésorerie à la marque…
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