Edito / La passion, c’est maintenant !

Officiellement, l’Europe vient d’acter (le 14 juillet dernier) la fin des moteurs thermiques, dès 2035. Désormais, les technocrates vont passer la seconde et mettre les mains dans le cambouis, c’est-à-dire adapter la législation communautaire pour satisfaire aux objectifs climatiques. De là à affirmer que tout est plié, pas si vite. Un sacré bras de fer commence. Les états «automobilement» forts (Allemagne, France, mais aussi les «ateliers» de l’Est, comme la Roumanie ou la Slovaquie) organisent la riposte à coups d’arguments pour, a minima, négocier la deadline du moteur thermique. En outre, maintenant que le sablier est retourné, les responsables politiques de tous pays ne prennent que mieux conscience du déploiement de bornes (donc du réseau électrique) titanesque que l’on attend d’eux. Pour l’ACEA (association des constructeurs européens), il faudrait consteller l’Union d’au moins 6 millions de points de charge d’ici 2030… Vous imaginez le devis? Des rallonges (au propre comme au figuré) ne sont certainement pas à exclure.

 Face à ces chamboulements, le passionné classique (lisez : attaché aux moteurs thermiques) n’a que deux options: abandonner et se tordre les intestins d’aigreur pendant 15 ans sur les réseaux sociaux, ou alors décider d’en profiter, plus que jamais, en se délectant de la moitié pleine du verre. Une chose est sûre : les décisions européennes n’éteindront pas subitement une passion viscéralement ancrée. Au contraire, elles doivent nous motiver, nous secouer. Le plus important : sortir de ce schéma classique consistant à attendre le lendemain, à repousser l’achat de ce petit roadster qui vous fait de l’œil ou de ce coupé sport pas très raisonnable à «quand la maison sera payée», «à ma pension», «pour fêter mes 50/60 ans»… Et ce road-trip plein sud par les petites routes, qui hante vos rêves ? N’attendez pas qu’il soit conditionné par un réseau de bornes de recharge… Chacun à son rythme, selon ses moyens et ses envies, qui une 911 dernier modèle, qui un cabrio Euro 5 post-2012 d’occasion, le principal étant de trouver son propre bonheur.

Ce contexte a priori rabat-joie nous donne envie de croire, sans sombrer dans l’optimisme béat, à un rebond de la passion pour l’automobile dans les années à venir, en tout cas pour les vrais agités. Il ne s’agit pas d’acharnement, peut-être un baroud d’honneur, une dernière charge héroïque avant la capitulation, mais nous n’avons pas envie de bouder 10, 15 ou 20 ans de plaisir thermique encore à venir. Bien sûr, d’année en année, ce sera sans doute différent, plus cher et compliqué à défendre. Mais quel que soit le carrosse, des routes serpenteront toujours quelque part, entre LEZ, pendant encore un bon moment. Et comptez sur l’équipe du Moniteur Automobile pour entretenir la flamme le plus longtemps possible… tout en ne négligeant pas les réalités électriques de l’automobile moderne.