Mais pourquoi donc, dans un contexte de transition environnementale qui préoccupe dorénavant des pays autrefois réticents comme la Chine ou l’Inde, les constructeurs s’ingénient-ils encore à développer des voitures électriques (ou électrifiées) de 400, 500 ou 600 ch, voire plus encore? Le plus souvent sur des architectures de SUV dont la pertinence rejoint celle qui consisterait pour moi à donner des cours de pilotage à Valentino Rossi! Quelle est donc cette folie qui consiste à mettre sur le marché des engins électriques ou hybrides rechargeables de plus de 2 tonnes dont la puissance délirante sert au mieux à mouvoir cette masse, au pire ne sert… à rien dans un contexte de zones 30 qui se généralisent? Franchement, au-delà de la caricature, l’intérêt sociétal me dépasse. C’est sans doute le privilège de l’âge ou l’avantage de l’expérience, c’est comme vous voulez, mais je me souviens d’avoir essayé en 2005 (!) un petit proto Volkswagen EcoRacer pesant juste 850 kg qui se contentait d’un petit 1.5 TDI de 136 ch pour grimper à 230 km/h et sprinter de 0 à 100 km/h en 6,3 s, soit un temps que les gros SUV électrifiés ne savent pas reproduire aujourd’hui. Et cela avec une consommation moyenne de 3,4 l/100 km! En 2013, j’essayais cette fois, pour rester chez le constructeur allemand, une XL1 pesant 795 kg malgré sa technologie hybride rechargeable, associant un bicylindre Diesel de 800 cm3 de 48 ch et un moteur électrique de 27 ch, affichant une consommation de… 1 litre/100 km (soit environ 26 g/km de CO2). Le Cx n’était que de 0,186, une valeur infiniment plus avantageuse sur le plan du rendement que celle des SUV actuels, tout électrifiés qu’ils soient. À l’époque, ce petit proto était déjà capable de parcourir environ 50 km en mode 100% électrique. Soit autant que les hybrides rechargeables actuels. Où est donc le progrès? À quel moment s’est-on pris les pieds dans le tapis? Ne serait-il pas temps de revenir à la raison et de se dire, comme le disait un certain Colin, que le poids, c’est l’ennemi? L’ennemi de la consommation, l’ennemi des rejets et… l’ennemi du plaisir de conduire. A-t-on besoin par ailleurs de ces technologies hors de prix que l’on tente de nous imposer sans jamais nous avoir demandé notre avis, de ces capteurs, de ces radars, de ces assistances qui déresponsabilisent, de ces écrans toujours plus grands, de cette connectivité sans cesse poussée plus loin? Car sait-on par ailleurs qu’Internet est déjà responsable de 4% des émissions mondiales de CO2 et que cette proportion va doubler d’ici 2025? Ces engins massifs, surpuissants, électrifiés et de plus en plus hyper connectés constituent donc une double peine en quelque sorte. Allez, cette réflexion (de poids) ne nous empêche pas de vous souhaiter à tous une année 2021 un peu plus… légère que celle qui vient de s’écouler. Toutes les équipes du Moniteur Automobile se joignent en effet à moi pour vous souhaiter plein de bonnes choses pour l’année qui vient.
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