Stuttgart ne présente pas une meilleure qualité de l’air en ces temps de confinement à cause du coronavirus malgré une circulation à un niveau plus bas. Cela semble être une raison suffisante pour que la ville arrête son alerte aux particules fines. Stuttgart lutte depuis des années contre la pollution de l’air. Cela est dû en partie à sa situation dans une vallée entourée de collines, ce qui entraîne une accumulation de la pollution atmosphérique et rend difficile son évacuation. De plus, c’est une métropole avec une forte présence industrielle ; Porsche, Mercedes et Bosch, par exemple, y ont leur siège. L’alerte aux poussières fines a été l’une des tentatives pour se débarrasser de cette pollution, apparemment sans succès.
Prévisible
Cependant, il était facile de prévoir que l’alarme n’aurait que peu d’effet. Elle n’a fait qu’inciter les habitants à réfléchir à leurs déplacements, mais n’a pas imposé d’interdiction aux automobilistes comme le fait Paris, par exemple. Seuls les feux ouverts qui ne servent pas de source principale de chaleur pour une maison ont été interdits. Mais comment contrôler cela ?
La conséquence logique était donc qu’il n’y avait pratiquement pas d’impact sur le trafic en cas d’alerte aux particules et qu’aucun résultat concret n’était obtenu en termes de pollution atmosphérique. Soit dit en passant, cette mesure minimaliste a été critiquée pendant des années par les organisations environnementales, qui ont accusé les décideurs politiques de trop écouter le lobbying de l’industrie automobile.
Umweltzone
Toutefois, le fait que l’alarme sur les particules est annulée ne signifie pas que toutes les mesures visant à réduire les émissions dues au trafic à Stuttgart soient supprimées. L’Umweltzone continuera à s’appliquer comme dans les autres villes d’Allemagne. Un peu comme nos LEZ, les accès sont limités en fonction la norme Euro avec une écopastille verte. Avec, en plus pour Stuttgart, une interdiction des Diesel Euro 4 dans toute la ville et même Euro 5 sur certains axes de circulation.
Pourtant, cette mesure n’a pas non plus permis d’assainir (beaucoup) l’air. Selon certains, la preuve que le trafic contribue très peu à la pollution de l’air pousse à croire qu’une LEZ n’est d’aucune utilité. Le problème à Stuttgart est que, bien que l’Umweltzone repousse les vieux véhicules, les habitants sont encore très dépendants de leur voiture pour se déplacer, ce qui a maintenu la circulation à une forte densité. Même pendant cette pandémie, il n’y a qu’une diminution des pics de trafic aux heures de pointe par rapport à l’année dernière. Pour le reste, le trafic est resté globalement le même. Ce n’est qu’avec une baisse significative du trafic automobile qu’il y aura une différence dans la pollution de l’air. Même si à Stuttgart cela ne se sentira que plus tard par rapport à d’autres villes en raison de sa mauvaise situation géographique.
Et Rotterdam ?
On parle souvent de Rotterdam dans le débat sur les LEZ, car depuis le 1er janvier 2020, la ville portuaire néerlandaise a supprimé sa zone environnementale après à peine quatre ans d’application. Non pas parce qu’elle était inutile, au contraire : la zone était une mesure temporaire pour améliorer la qualité de l’air et elle a atteint son objectif, avec 36% de suie et 16% de NOx en moins dans l’air, dont un tiers et un quart respectivement grâce à la zone environnementale. Des preuves concrètes qu’une LEZ peut faire la différence.
Mais il ne s’agissait pas seulement d’une interdiction des vieilles voitures Diesel : les habitants recevaient des primes à la casse pouvant atteindre 2500 euros pour leur vieille voiture. Même les propriétaires de cyclomoteurs à deux temps ont reçu 300 euros pour se débarrasser de leurs deux-roues anachroniques. En outre, la ville se concentre (toujours) sur les alternatives à la voiture, avec une gamme étendue de transports publics et de bonnes installations pour les cyclistes. Les personnes à faibles revenus peuvent même obtenir un vélo gratuit à la Fietsenbank.
Une approche holistique qui fait défaut dans nos LEZ. Il n’y a qu’à Gand où il existe une prime à la casse pour les voitures qui ne sont plus autorisées à entrer dans la LEZ, dans les autres villes, les habitants doivent simplement faire face à une interdiction. Une interdiction qui pose surtout un problème à ceux qui n’ont pas les moyens d’acheter une voiture neuve. En parallèle, les économies sur les transports publics n’aident pas à changer ses habitudes. Cette politique ne reflète pas une approche unifiée, tout comme le manque de cohérence des règles LEZ en Belgique.
Et alors ?
Le fait que Stuttgart renvoie son alarme aux particules fines à la poubelle ne signifie pas que la LEZ ne fonctionne pas. Mais cela signifie plutôt que notre système actuel n’est pas parfait. C’est encore trop une mesure restrictive sans alternatives raisonnables. Cependant, ces dernières sont nécessaires pour que les gens puissent quitter leur voiture. À cet égard, Covid-19 fait ce que la LEZ ne peut pas faire : le télétravail, les balades ou les courses dans son propre quartier et moins de trafic, pour ne prendre la voiture que lorsqu’il le faut vraiment. La crise pourrait-elle conduire à un changement de mentalité ?
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