Les autorités de Yichun (Province de Jiangxi, Chine) ont entamé une enquête au sujet de la pollution de la principale source d’eau potable de la ville, la rivière Jin. Cette enquête a provoqué la mise à l’arrêt de plusieurs usines, principalement liées à la transformation du lithium pour la production de cellules de batteries lithium-ion. Un arrêt qui pourrait grever la production locale de 3000 à 4000 tonnes de lithium raffiné, soit environ 4 % de la production mondiale annuelle. Suffisant pour influer négativement sur le marché des batteries et donc le coût de celles-ci.
Transition électrique freinée
Sur un marché en plein essor suite aux différentes mesures prises par les instances politiques nationales ou internationales – les plus strictes concernant l’Europe – la demande en batteries lithium-ion est grandissante et les fournisseurs rencontrent parfois des difficultés à y répondre. Une baisse de 4 % de la production prévue pour 2022 aurait forcément un impact sur le prix de la matière première et donc le coût des batteries. Une mauvaise nouvelle pour les constructeurs, certes, mais plus encore pour les consommateurs. Surtout, ce contretemps risque de freiner la transition électrique engagée au forceps par les institutions européennes en tête.
Dépendance à la Chine
Dans l’absolu, la décision des autorités de Yichun sont logiques et nécessaires au vu des implications sanitaires qu’engendre la pollution de la rivière Jin. Mais cet écueil met surtout en avant la problématique sanitaire et environnementale liée à la production de batteries, tant pour l’industrie automobile que son homologue technologique. Actuellement, la Chine représente 60 % du raffinage du lithium au niveau mondial. Pire, selon la Coface, elle compte pour 60 % de la production mondiale de composants de batteries et 77 % de la capacité mondiale de production de cellules de batteries. On rappellera d’ailleurs que le plus grand fournisseur de batteries n’est autre que le chinois CATL alors que le plus grand constructeur de voitures électriques est également chinois puisqu’il s’agit de BYD.
Une production sale
Alors que nos politiques et les constructeurs nous rabâchent que la transition vers la mobilité électrique est une nécessité écologique, on constate que le nerf de la guerre, à savoir les batteries, est produit principalement dans un pays qui ne fait pas grand cas de la transition climatique ni de l’efficience énergétique. Les usines chinoises de raffinement ont besoin de 15 à 18 tonnes de minerai pour produire 1 tonne de carbonate de lithium raffiné alors qu’en théorie 11 tonnes devraient suffire. En sus, le raffinage est particulièrement énergivore et la Chine produit l’une des énergies les plus lourdement « carbonée » au monde.
Enfin, il est bon de rappeler que si la Chine est leader du raffinage du lithium, ce sont l’Australie et le Chili qui en sont les plus gros producteurs avec respectivement 55 et 25 % en 2021. Ces quantités de minerai doivent donc être acheminées vers la Chine pour y être traitées avant que le lithium soit utilisé pour produire les cellules de batteries qui seront ensuite dispatchées aux quatre coins du monde pour la production d’appareils et véhicules électriques. Un transport « aller-retour » qui ne se fait pas par la voie du Saint Esprit mais à grand renfort d'empreinte carbone majorée !
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