L’Europe peine à atteindre ses objectifs en matière de CO2. L’étude « CO2 emissions from cars : The facts » de l'ONG Transport & Environnement (à l'origine du Dieselgate), décryptée par Le Soir, a une explication. Hormis la fin de l’hégémonie du Diesel et l’accroissement du parc automobile, un autre coupable est mis en avant : le SUV. Pour l’ONG, ces modèles consomment plus de carburant que nécessaire car ils sont trop lourds et trop puissants. Ainsi, le poids moyen était de 1268 kg en 2001 pour passer à 1392 kg en 2016. Cela représente une augmentation de 10 % en quinze ans. Et cette prise de poids viendrait surtout de l’engouement pour le SUV. Ce segment encore marginal il y a 20 ans, atteignait 25 % des ventes en 2016 et pourrait être de 33 % en 2020. Un cap déjà atteint en Belgique puisque Le Soir indique que 34 % des modèles vendus au 1er trimestre 2018 étaient des SUV, soit 57.000 véhicules.
Courant puissant
Transport & Environnement voit dans l’attrait du SUV et des voitures plus puissantes des « raisons purement commerciales ». Il est vrai que le segment des crossovers & Cie doit beaucoup au marketing qui a mis en avant les qualités familiales et statutaires de ces modèles, en négligeant forcément leurs inconvénients. Le succès des précurseurs au début des années 2000 a bien sûr poussé la concurrence à réagir et à proposer des SUV, de plus en plus de SUV, dans leur gamme. Même les marques de luxe ont suivi la mode. Et ce mouvement ne semble pas s’essouffler. Au point que parfois certains acheteurs se rendent en concession non pas pour acheter une nouvelle voiture, mais pour « acheter un SUV ».
Irrationnel
Aux yeux de certains experts, cette situation touche à l’irrationnel. Comment, alors que les questions environnementales font désormais partie du quotidien, autant de personnes – pour la plupart honnêtement prêtes à favoriser le développement durable – peuvent se laisser séduire par des véhicules a priori à contre-courant d’un point de vue écologique ? L’explication se trouve peut-être dans les contraintes quotidiennes de nombreux citoyens. Le choix du SUV semble d’abord motivé par une sensation de sécurité et de confort procurée par ce type de voiture. Mais il semble qu’il réponde aussi à un besoin inconscient de prolongement de l’habitat, tout autant qu’un souci d’image de soi. Et pour le moment, c’est plus classe de se déplacer en SUV qu’en break ou en monospace. Il y aussi une classe de la population âgée qui apprécie de pouvoir entrer et sortir plus facilement d’un SUV que d’une berline.
Combler un manque
Néanmoins, la principale explication se trouverait tout simplement ailleurs : le SUV compense une offre de mobilité a priori « inexistante » pour de nombreux usagers. Ceux-ci veulent une solution quotidienne polyvalente et flexible, tout autant en ville qu’à la campagne, que d’autres segments ne semblent pas remplir à leurs yeux, et, encore moins, les solutions de transport public ou d’autopartage. Et là, la balle est dans le camp des autorités pour assurer – autrement qu’à coups de taxes – et anticiper les services souhaités et ainsi diminuer l’attrait pour les SUV. Et même si l’étude de l’ONG fait quelques raccourcis - notamment en négligeant que la prise de poids généralisée est aussi liée, entre autres, à des contraintes sécuritaires et la hausse de puissance aux technologies utilisées pour réduire la consommation - elle a le mérite de pointer un paradoxe. Mais que l’on se rassure (ou pas), cette contradiction on ne la retrouve pas que dans le choix d’une automobile…
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