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Innovation / Les GPS nous font perdre le nord et plus encore

Rédigé par Frédéric Kevers le 07-06-2021

D’après plusieurs études récentes, l’utilisation d’applications de navigation nuirait à notre sens de l’orientation et affecterait notre cerveau à des degrés plus profonds.

Depuis longtemps déjà, des études scientifiques sur les méfaits des GPS sur notre sens de l’orientation ont démontré que le fait de se reposer sur une application pour nous guider « endormait » notre mémoire et diminuait notre capacité à nous orienter dans l’espace. Mais si ce n’était pas le seul effet négatif sur notre cerveau ?

Assisté ou attentif

Concrètement les dernières études en date, notamment publiées dans Scientific Reports et dans Transportation Research Interdisciplinaire Perspectives ont démontré que si l’on demande à deux groupes d’individus de s’orienter dans un même environnement, l’un avec une carte classique, l’autre à l’aide d’une application de géolocalisation, les membres du premier groupe étaient davantage capables ensuite de reconnaître des points de repères qui leur étaient présentés quand les personnes du second groupe éprouvaient de grosse difficultés sur ce plan.

Dans le premier cas, le cerveau des participants était actif dans le processus d’orientation et avait donc mémorisé des points de repères visuels durant sa recherche pour suivre le parcours proposé. Au contraire, plusieurs zones du cerveau, dont l’hippocampe et le cortex préfrontal, n’étaient pas stimulées et restaient « endormies » pour le second groupe, la mémoire de ces personnes n’enregistrant donc pas de données utiles et s’en remettant totalement à l’assistance de la navigation.

Qui ne réfléchit pas régresse

Concrètement, ces études révèlent qu’en l’absence de stimulation, les zones du cerveau citées plus avant régressent, comme démontré par une étude de 2017 au moyen de techniques IRM utilisées sur des personnes se repérant dans le quartier de Soho, à Londres.

Si d’aucun argueront que ces applications nous facilitent la vie, peut-être qu’ils réviseront leur jugement en apprenant que, selon l’étude publiée dans Scientifc Report et commentée par l’une de ses auteures, Mar González Franco, non seulement une utilisation abusive et systématique de ces systèmes de navigation peut nous rendre stupides, elle présente également des risques pour notre santé mentale à long terme, plus précisément lorsque nous serons plus âgés.

«Avec le GPS classique, des zones très archaïques du cerveau qui fonctionnaient depuis des siècles ne sont plus stimulées et nous risquons que cela affecte notre santé mentale à un âge avancé ?» (Mar González Franco)

Écouter plutôt que regarder

Bien consciente que les chances de voir les gens se passer des technologies d’assistance modernes sont plus que ténues, la scientifique suggère que nous utilisions plutôt des systèmes d’assistance auditive plutôt que visuelle : «En repensant la façon dont nous interagissons avec la technologie et en introduisant une augmentation sensorielle dans l'équation, sous la forme d'audio 3D, nous pouvons avoir un réel impact sur la manière de connaître le monde sans compromettre les processus de navigation internes».

En effet, se déplacer en utilisant un guidage audio permet de conserver sa capacité à observer l’environnement dans lequel on évolue et donc d’en mémoriser des repères visuels qui permettront à notre cerveau de rester actif.

Quid de l'automobile ?

Dans le cas de l’automobile, il est évident que les écrans ont pris le pouvoir, à plus forte raison pour ce qui touche à la navigation. Toutefois, certaines solutions sont plus intéressantes que d’autres. Par exemple, se contenter des indications fléchées via un système de vision à tête haute, projeté « sur la route » permet de garder le regard ouvert à la voie de circulation empruntée et donc d’enregistrer certains repères visuels, ne fut-ce que partiellement.

En outre, une introduction de la réalité augmentée qui mettrait le focus sur des repères marquants directement dans le décor réel (mise ne valeur des panneaux de signalisation, de monuments ou des noms de rue par exemple) diminueraient probablement de manière drastique les effets indésirables et néfastes sur notre cerveau des applications de navigation traditionnelle qui fonctionnent en « tout à l’écran ».

 

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