Innovation / Hydrogène : si Bosch s’y met…

Le site de Stuttgart-Feuerbach de Bosch a, comme d’autres usines de la multinationale, entamé une mutation. Une partie de la surface consacrée jadis au Diesel l’est maintenant pour les piles à combustible à hydrogène (H2). C’est une mesure concrète d’un plan d’investissement de 2,5 milliards de dollars entre 2021 et 2026 pour les technologies H2. À l’horizon 2030, l’enveloppe globale devrait atteindre 5 milliards d’euros. Bosch entend bien jouer un rôle central dans le développement du marché de l’hydrogène.

Camion Iveco

Le travail le plus concret en 2023 est un camion à pile à combustible Nikola Iveco dont la commercialisation a déjà débuté. Il comprend le pack complet des éléments développés par Bosch. Là où l’on pourrait s’attendre à trouver un Diesel, on découvre, dans le même espace, un duo de piles à combustible pour entraîner un moteur électrique intégré au module. L’arrière de la cabine a été rallongé pour accueillir les réservoirs d’hydrogène. Ils stockent 70 kg du gaz. Ce qui permet au poids lourd d’effectuer 800 km. Le « plein » prend ensuite une vingtaine de minutes. Ces deux modules FCPM (Ful Cell Power Module) délivrent ensemble une puissance de 200 kW (272 ch) pour mouvoir le 40 tonnes. Ce véhicule est le fruit de la collaboration entre Bosch et Nikola Motors aux États-Unis. Ce partenariat a permis de lancer la production en volume, mais manuelle, du groupe motopropulseur à pile à combustible.

Les utilitaires

Bosch ne se focalise pas uniquement sur les camions. À Feuerbach, des prototypes de Volkswagen e-Crafter ont perdu leur logo VW. Ils ont aussi perdu leur batterie. Les ingénieurs Bosch y ont intégré leur FCPM. Le bilan est positif : l’autonomie est passée de 173 km avec l’électrique à 500 km avec l’hydrogène. Le plein prend entre 6 et 10 minutes, contre 45 minutes de charge. De plus, avec la pile à combustible, installée sans perdre le moindre m³ de volume utile, la vitesse maximale est passée de 90 km/h à 115 km/h. Preuve que la technologie FCEV peut sans doute mieux répondre à certains besoins spécifiques que le véhicule électrique à batterie.

Les VUL en éclaireurs

Il faudra que ce marché des VUL roulant à l’H2 intéresse les entreprises pour booster l’infrastructure de pompes hydrogène et des subsides publics. Cela ouvrirait alors tout naturellement la voie à la voiture à hydrogène. Bosch est déjà prêt, en ayant notamment conçu des réservoirs compacts en acier de la taille d’une batterie actuelle d’environ 80 kWh. Ils peuvent donc aisément prendre place sous le plancher d’une voiture électrique, sans en augmenter le poids. Par ailleurs, Bosch a aussi développé des technologies pour permettre à des moteurs à combustion interne de fonctionner à l’hydrogène, ainsi que des solutions pour l’électrolyse et même pour le chauffage à domicile.