Affable, passionné tout autant que pragmatique, Jean-Philippe Imparato a la marque Alfa Romeo chevillée au cœur. Conscient des défis qui se dressent sur la route du constructeur italien, entre autres la voie du tout électrique, le patron français croit en la résurrection de Alfa Romeo et ne manque pas d’ambitions pour ce blason emblématique de la voiture à l’italienne.
Que pensez-vous de ce salon de l’automobile de Bruxelles 2023 ?
Je pense que le BMS (Brussels Motor Show) a de l’avenir. Parce qu’il s’agit d’un salon où tu vends des voitures. Tu ne te contentes pas de les montrer. Et, en tant que constructeur automobile, quand tu vends, tu existes !
Quel bilan tirez-vous du lancement du Tonale ?
Globalement, le Tonale nous apporte deux choses : d’abord, le portefeuille de commandes a explosé avec des livraisons multipliées par 10. Ensuite, le Tonale nous offre une ouverture sur des marchés que nous ne connaissions pas avec les Stelvio et Giulia tels qu’on les connaît pour le moment. Aussi bien au niveau des entreprises, avec le Tonale PHEV, qu’auprès des clients particuliers avec des modèles plus abordables que Giulia et Stelvio en termes de prix par mois. C’est bien entendu important pour nous en tant que marque, mais également pour les réseaux de nos distributeurs. Mais le Tonale est avant tout la première pierre du plan produit que nous mettons à exécution.
Qu’en est-il de ce plan pour les années à venir ? Quid du « Brennero » que les rumeurs annoncent sous le Tonale dans la gamme ?
Concrètement, chaque année, nous aurons une nouveauté à vous présenter de 2023 à 2030. Mais, en l’état, moi je dois une réponse à tous ceux qui ont des MiTo et des Giulietta et qui m’attendent depuis des années. Nous aurons donc un modèle plus compact qui sera lancé en 2024. Et il ne s’appellera pas Brennero. Vous le découvrirez au dernier quadrimestre 2023. Nous pourrions peut-être même le révéler à Bruxelles en 2024.
Le passage à l’électrique inquiète les fans de la marque, qui s’enthousiasment à l’annonce d’une future supercar. Que pouvez-vous leur dire à ce propos ?
Je ne parlerai pas d’une supercar. Si nous lançons quelque chose, je parlerais plutôt d’un bijou. Mais le projet doit encore être validé, sur sa forme, son financement, ses volumes. La décision sera prise le 10 avril. Est-ce que nous y travaillons ? Oui ! Notre volonté serait de rendre hommage au passé de la marque tout en préparant le futur et que ce modèle puisse trôner aux côtés de la 8C et de la 4C au Museo Storico Alfa Romeo à Arese. Mais s’agira-t-il de la dernière thermique ? Ou de la première électrique ? Ou un mix des deux ?
Vous savez, Alfa Romeo existe par et pour ses fans. Je les connais bien. Il y a deux catégories d’Alfisti. Ceux qui sont nés et qui vont mourir avec le « Busso », c’est la vie et j’ai énormément de respect pour eux, car je partage leur passion. Je suis aussi un « thermique » au fond. Et puis il y a ceux qui placent la préservation de la marque au-dessus de tout ! Ceux-là savent que Alfa Romeo « non électrique » signifie Alfa Romeo mort. Et nous, nous ne plaisantons pas avec ça ! Il faut que les gens comprennent bien une chose. Si en 2021, nous ne prenons pas la décision de passer au tout électrique et au tout software, Alfa Romeo ne passait pas le cap de 2023 !
Alors, oui bien entendu, nous allons passer de 0 à 0. De 0 électrique à 0 émission !
Quelle est votre réponse à ces fans-là dans ce cas ?
Notre ambition est de faire passer Alfa Romeo de « je suis à la ramasse en termes d’électrification, d’infodivertissement, etc. » à « je suis le meilleur de tout le groupe Stellantis » dans les cinq ans qui viennent. Alors, oui bien entendu, nous allons passer de 0 à 0. De 0 électrique à 0 émission !
Pour y parvenir, nous allons sortir le grand jeu. Vous allez avoir des Alfa Romeo dotées d’une architecture en 800 V, capable de recharger en 18 minutes, de faire 700 km WLTP sur une seule charge. Vous aurez des voitures de 850 ch, des modèles Quadrifoglio à 1000 ch. Bref, le nec plus ultra du groupe.
L’avènement de l’électrique offre-t-il une opportunité à Alfa Romeo de capitaliser sur ses autres forces que sont le design, l’élégance à l’italienne, les voitures basses et aérodynamiques ? Faut-il y voir une raison de cette transition si rapide de la marque au tout électrique ?
L’électrique, c’est l’assurance-vie de Alfa Romeo. Sur deux axes. Le premier concerne la durabilité, le second a trait à l’aérodynamique. Le cheminement est purement logique : si tu fais de l’électrique, tu fais de l’aéro, pour l’autonomie. Si tu fais de l’aéro, alors tu dis « back to sedan » (retour aux berlines tricorps). Donc tu dis « Bienvenue à la Giulia du futur » ! La voiture électrique et la plateforme STLA vont me permettre d’obtenir des silhouettes que la voiture thermique ne m’aurait pas données. Nous allons pouvoir travailler sur des silhouettes fun, cool, qui véhiculent de l’émotion.
Quelle mission vous a été assignée par le groupe Stellantis pour Alfa Romeo ?
Ma mission est triple. D’abord je devais remettre Alfa Romeo sur la route de la profitabilité. C’est fait ! Ensuite je dois amener un plan produit qui verra une présentation par an jusqu’en 2030. Enfin, je dois rendre à Alfa Romeo son identité. Comment ? En tirant profit des outils, des synergies et des composants fournis par le groupe Stellantis. Que ce soit en termes de plateforme, de groupes motopropulseurs, d’architecture électronique STLA Brain, de datas ou d’infodivertissement, je vais piocher dans la banque du groupe ce dont j’ai besoin pour assembler le tout et créer de vraies Alfa Romeo. Des bagnoles dessinées par notre designer, dans nos locaux à Turin et mises au point par nos essayeur à Balocco. Et nos voitures seront des références de demain. Alfa Romeo va passer de Driver Centric à Copilota.
Dernière question. Dans ce plan produit, est-il prévu qu’Alfa Romeo dépasse les frontières européennes ?
Bien sûr que oui ! Tant en production que sur le plan commercial. Nous serons présents dans toutes les régions du monde où la marque Alfa Romeo est ou sera appréciée. No limit ! Et vous pourrez constater que notre plan produit répond aux aspirations des clients tant en Europe, qu’en Asie et aux États-Unis.
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