Juridique / Carlos Ghosn : retour à la case prison

Alors que Renault a pris acte de la démission de Carlos Ghosn et refusé sa retraite-chapeau de 765.000 € par an, celui-ci, libéré sous caution il y a un mois (6 mars), a été à nouveau interpellé. Cette nuit, jeudi matin à 6 h heures locales, des enquêteurs du bureau des procureurs japonais sont arrivés au pied de l’immeuble de l’ex-PDG de Renault et Nissan. Il a ensuite été emmené et transféré en prison. Cette fois, la Justice le soupçonne de malversations financières liées à des transferts d’argent de plus de 30 millions de dollars à un distributeur Nissan à Oman.

Conférence de presse en préparation

Cette semaine, Carlos Ghosn avait annoncé qu’il tiendrait une conférence de presse pour donner sa version des faits. Elle était programmée au 11 avril. Cette arrestation qu’il a eu le temps de déclarer « « Pourquoi venir m’arrêter alors que je n’entravais en rien la procédure en cours, sinon pour me briser ? » Son avocat, Me Junichiro Hironaka n’a pas caché sa surprise : « Nous ne comprenons pas pourquoi ils ont besoin de le placer en détention. (…) C’est extrêmement injuste ». Il a notamment parlé de « prise d’otage » à l’encontre de son client. L’avocat de sa famille, Me François Zimery, parle même « d’agression judiciaire » pour une arrestation « scandaleuse ».

Intervention à la télé française

La veille de l’arrivée des enquêteurs, Carlos Ghosn venait de sortir de son silence via des contacts avec la presse. Il a clairement accusé certaines personnes lors d’une intervention exclusive par Internet pour la chaîne française d’information continue LCI (TF1). « Il y a eu une démolition systématique […] de quelques personnes à l’intérieur de Nissan » avec des complicités « à l’extérieur ». Il déclare avoir la preuve de ses accusations. Pour sa part, il se dit « combatif et innocent ». Car « il y a beaucoup de mensonges et un acharnement ». Sa nouvelle interpellation pourrait l’empêcher de s’exprimer à nouveau. D’autant plus que la réaction des autorités judiciaires japonaises, avec une réarrestation, étonne même les médias locaux qui la trouvent totalement inhabituelle.