Rétro / Vintage - 1999 Audi TT, l'art de séduire

L’Audi TT fait partie de cette lignée de produits du groupe VW directement issus d’une étude de style. Autrement dit, d’un concept-car. Suivant la New Beetle, la TT découle du concept éponyme présenté au salon de Francfort 1995. La TT compte alors en découdre avec les petits coupés bien établis : Alfa GTV, Fiat Coupé, BMW Z3, Nissan 200SX… Le nom «TT», le directoire Audi ira le rechercher dans son illustre passé et plus particulièrement dans une marque disparue depuis le début des années 1970. NSU proposait alors une version sportive de la Prinz, la célèbre… TT, qui s’était démarquée par son passé illustre en compétition. On trouvera aussi ses origines dans le mythique Tourist Trophy de l’Île de Man. Une double ascendance, donc, pour une dénomination qui perdure encore, 25 ans plus tard.

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Du concept à la route

Les observateurs se rendront assez vite compte qu’à part l’adjonction d’une vitre latérale supplémentaire et de quelques autres détails, la TT ne diffère pas grandement de son concept de 1995, alors très porté sur le néo-classique... Les rondeurs sensuelles, féminines, rejoignent celles de la New Beetle, la ceinture de caisse très haute, le toit très bas donnent une impression de voiture massive, compacte, râblée. Des arches de roues bien marquées renforcent le côté trapu, sportif. Des rétroviseurs rapportés directement sur le flanc de la porte rappellent les sportives d’antan. Le capot déborde sur les ailes avant, les blocs optiques sont proéminents, tout comme la calandre. La poupe est trapue, et elle aussi comprend des larges feux, en accord avec l’avant. Une version roadster directement inspirée du prototype se joindra à la fête en 1999.

L’intérieur, lui aussi, s’inspire largement du concept-car. Le design Audi, avec ses aérateurs ronds cerclés d’aluminium, est bien présent. L’aspect sportif est renforcé avec l’adjonction de touches d’aluminium : console centrale à renforts épurés, cache-autoradio coulissant avec un rappel du modèle gravé dans la masse… Une chose est sûre, la qualité de finition qui fait la réputation du constructeur aux anneaux est bien là. N’espérez point 4 vraies places de ce coupé 2+2. Les places arrière, anecdotiques, sont homologuées pour accueillir des enfants de moins de 12 ans !

Sous le capot, lors du lancement, on retrouve le déjà connu 1.8 suralimenté à 5 soupapes par cylindre, dans deux versions : 180 ch ou 225 ch. Des niveaux de puissance supplémentaires viendront s’ajouter au fil des ans : de 150 à 240 ch (sur la série limitée TT quattro Sport). En 2003 viendra s’adjoindre un 3.2 V6 de 250 ch, qui n’est autre que le VR6 équipant la Golf R32, couplé à une boîte 6 vitesses à double embrayage DSG. La banque d’organes du groupe sera donc largement mise à contribution… 

Des débuts difficiles

Pourtant, les premières années de l’Audi TT ne seront pas de tout repos. La raideur de sa suspension, en particulier sur nos routes, aura été sujette à critiques. Pour cause, notre journaliste de l’époque n’a pas été séduit par le comportement routier de la version traction de 180 ch : « […] si le TT souffre globalement d’une suspension trop raide pour notre réseau routier, c’est surtout son amortissement complètement inadapté qui pose le plus de problèmes. En effet, alors qu’un tarage judicieux aurait sans doute pu tirer profit de cette fermeté du strict point de vue de l’efficacité, celui retenu pour le TT ne fait qu’empirer les choses. Très taré en basse vitesse, il sollicite beaucoup le pneumatique en compression et le laisse décoller du sol en détente. Résultat : la tenue de route est franchement médiocre sur une route bosselée, où le train avant a plus tendance à rebondir sur les inégalités qu’à les absorber ».

Pire encore, la TT fera les gros titres : un rappel massif sera effectué par la maison mère à la fin de l’année 1999 et début 2000 à la suite d’une vague d’accidents causés par des pertes de contrôle au-delà de 180 km/h, du fait d’un gros souci aérodynamique qui voyait le train arrière s’alléger à haute vitesse. En conséquence, les TT seront équipées d’office de l’ESP et du contrôle de traction ASR, tandis qu’un aileron « queue de canard » accentuera l’appui aérodynamique. Étonnamment, la TT ne souffrira pas trop de cette mauvaise presse, et les ventes continueront bon train.

Quant au fameux système quattro, il équipera de série la version 225 ch et sera proposé en option sur la 180 ch. Il sera aussi de série sur la version V6.

Une version limitée quattro Sport apparaîtra en 2005 et fera le ménage par le vide : exit le reliquat de banquette arrière, la climatisation automatique, les sièges de série seront remplacés par des Recaro à coque reprenant la teinte extérieure… Résultat : 75 kilos de moins, mettant la quattro Sport à 1390 kg pour un 1.8 passé à 240 ch. Autant dire que cette version est aussi rare que désirable.

Bonne affaire avant inflation ?

Remplacée en 2006 par une nouvelle génération au design plus acéré, la TT première du nom aura eu une carrière plus qu’honorable avec quelque 270.000 exemplaires écoulés. Une success story telle que la TT est une des seules survivantes parmi ses concurrentes de l’époque… Aujourd’hui dans le creux de la vague, on peut trouver des exemplaires en 1.8 corrects à partir des 2500-3500 €. Les roadsters, plus rares, démarrent autour des 3000 €.

Pour les V6, il faut démarrer les enchères à 6000 €. Le choix est pléthorique mais cache aussi bien de beaux exemplaires que d’autres usés jusqu’à la corde ou qui ont subi les affres d’un tuning pas toujours de qualité. Entretiens et modifications hasardeuses sont en effet monnaie courante. Mais attention, longtemps snobée, notamment à cause de son esthétique toute en rondeurs longtemps passée de mode, l’Audi TT intéresse de plus en plus et risque de reprendre du galon dans les prochaines années ! Ancienne voiture de posters et qui a eu son heure de gloire dans des jeux vidéo tels que Midtown Madness, la TT première du nom est proche du statut de mythe. Et le rêve est désormais largement abordable. C’est donc le moment de se laisser séduire par cette drôle de voiture, et d’être étonné à nouveau devant elle, comme nous l’avons tous été en 1998…