Avant de finir aux mains du groupe Fiat, le groupe Chrysler appartenait à Mercedes-Benz. En 1998, la fusion nommée « DaimlerChrysler » marquera quelques importantes années de la marque de Detroit. Cette joint-venture profitable pour les ambitions mondiales des Allemands était plus que profitable pour les Américains. Désormais, elle avait accès à d’anciennes plateformes éprouvées, mais loin d’être dépassées, de la marque à l’étoile. On a déjà parlé de la Chrysler 300C, basée sur la Mercedes Classe E W210 de 1995. Pourtant avant elle, il y a eu un drôle d’engin reflétant l’audace de Détroit alors : un drôle de coupé appelé Crossfire. Celui-ci sera basé… sur la plateforme de la première génération de SLK, sur le départ ! Et pour en rajouter une couche, la Crossfire sera exclusivement fabriquée par Karmann en Allemagne…
« Boat Tail »
L’arrivée de la Crossfire dans la même gamme que les Voyager, Neon et 300M, surprend à l’époque. La volonté du constructeur de changer progressivement son image délavée (par le biais notamment du PT Cruiser dès 2000) et de faire de cette Crossfire le porte-étendard de la marque est réussie.
La ligne se distingue par son profil caractéristique, avec un interminable capot et une poupe très arrondie, ramassée, façon prototype des années folles. On s’attarde toujours sur le flanc en observant ce qui a donné son nom à la Crossfire : les deux arêtes qui changent de direction sur la portière, creusant l’aile avant et élargissant l’aile arrière. Une grande prise d’air souligne ce flanc. Le capot est nervuré, une touche déjà vue sur les concepts Chrysler. La face avant reprend la signature de la marque et va définir le style des prochains modèles du constructeur. La poupe, parlons-en, s’affinant depuis l’habitacle rappelle la Buick Riviera « Boat Tail » des années 70, ou les Corvette Sting Ray des années 60. De ce fait, le coffre dispose d’une ouverture tronquée.
La version cabriolet propose un toit en toile rabattable électriquement et fait fi de la poupe stylisée du coupé. La sortie d’échappement carrée est double et centrale. Les jantes sont de dimensions différentes à l’avant et à l’arrière (18 et 19 pouces) sur tous les modèles.
L’intérieur trahit définitivement l’héritage Mercedes. Malgré les changements apportés par Chrysler, on reconnaît sans réelle difficulté le tableau de bord et les commandes de la SLK d’ancienne génération. Ce n’est pas déplaisant pour autant, même si l’originalité vue dans le concept de 2001 manque un peu. Ne vous attendez pas pour autant à un intérieur Mercedes, les coûts ont été évidemment rabotés sur la qualité des matériaux… Pour compenser, l’équipement est cossu et se démarque de la traditionnelle austérité germanique…
Union sacrée
Sous le capot, on retrouve non pas une mécanique Chrysler mais bel et bien Mercedes-Benz. Il s’agit ici du V6 3.2 monté depuis 2000 dans la SLK ainsi que dans une majorité de la gamme. Fort de 218 ch, il est couplé à une boîte automatique 5 vitesses «5G-Tronic» Mercedes ou d’une manuelle à 6 rapports Chrysler. Ce moteur a comme particularité d’offrir son couple maxi à bas régime, à partir de 3000 tr/min. De quoi cruiser de manière très agréable ! Par la suite, en 2005, apparaîtra une version « SRT6 » équipée du même moteur avec un compresseur, fort de 330 ch pour 420 Nm de couple. Lui aussi équipe les versions AMG de la Classe C et de la SLK jusque 2003.
Flèche d’Argent
Au volant, la Crossfire surprend en étant pratiquement meilleure que sa cousine de plateforme. Elle reprend pourtant l’entièreté de ses trains roulants, le constructeur américain ne se chargeant que de l’enrobage… Bon, la direction se montre assez lourde et le système à billes hérité de la SLK manque de communication. La suspension a été revue, compte tenu des trains. L’ESP est déconnectable. Bref, on peut s’amuser sans exagérer dans les tours…
Comme beaucoup de voitures qui paraissent dans cette rubrique, sa carrière n’aura pas été celle escomptée par les dirigeants du constructeur de Detroit. On attendait 30.000 exemplaires annuels. Seule l’année 2003 dépassera ce nombre. L’année suivante, on talonnera à 28.000 exemplaires. Et ensuite, plus de la moitié moins… La lente agonie et les plans de restructuration se faisant, la Crossfire disparaîtra courant année-modèle 2008, suite au divorce de DaimlerChrysler. La plus allemande des américaines se trouve aisément chez nos amis teutons. Des exemplaires très fort kilométrés se trouvent autour des 4000 €. Comptez de 6 à 7000 € pour des kilométrages raisonnables (120.000 km). Certaines dépassent les 10.000 € encore. Attention, le Roadster est plus rare et convoité : démarrez les enchères à 8000 € ! Des prix ridicules pour ce TT-killer plein de charme, aux entrailles de Mercedes, qui ne vous fera, c’est sûr, pas passer inaperçu !
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