Rétro / Vintage - 2003 Smart Coupe Roadster, Go-kart pour grands enfants

Après avoir secoué le monde avec leur micro-citadine à moteur arrière, les ingénieurs de Smart se remettent assez vite à plancher, dès 1998, sur un concept de Roadster minimaliste avec comme maître-mot le plaisir de conduire. Une réminiscence moderne des MG Midget, Triumph Spitfire, Honda S800… en somme. La recette avait plutôt bien pris avec l’apparition de la Mazda MX5, fort calquée sur la MGB. Preuve en est, de nombreux constructeurs reprennent le chemin entrepris par la nipponne (MG TF, Fiat Barchetta…). Pourquoi pas le constructeur naissant, issu de l’association entre Daimler et le charismatique patron de Swatch, Nicolas Hayek ? Comme toute la gamme Smart (hormis la ForFour alors produite chez NedCar), elle sera produite dans l’usine ultra-moderne Smart de Hambach, en Alsace, aujourd’hui rachetée par Ineos pour produire le tout-terrain Grenadier.

50’s et 60’s au goût du jour

Deux prototypes sont commandés à l’Italien Stola en 1999 et dès le Salon de Francfort, c’est le coup de foudre du grand public. L’idée est en phase avec l’idéologie lancée par la Smart City Coupé, pas encore « ForTwo ». Il faut dire que son long capot, ses petites ailes bombées, son regard de batracien (Austin-Healey Sprite des temps modernes ?), sa cellule Tridion au principe directement repris de la ForTwo (couleur noire ou alu sur les versions classiques, couleur carrosserie sur les Brabus), et ses prétentions ont de quoi séduire.

Les panneaux de carrosserie sont interchangeables comme sur sa « grande » sœur. Deux carrosseries sont disponibles : le Roadster avec un coffre séparé de l’habitacle, et le Roadster Coupé avec une cellule arrière en verre. Deux choix de toits découvrables s’offrent à la Roadster, dans ses deux robes : un T-top en dur, et un toit souple électrique avec deux arches amovibles de part et d’autre (comme la C3 Pluriel).

L’intérieur invite à la conduite. Le siège baquet nous campant à ras du sol renforce l’impression de « joujou », tout comme le tableau de bord, mais pour des raisons moins glorieuses. La qualité des plastiques laisse vraiment à désirer, mais on l’oublie assez vite en s’amusant de son design simpliste, avec les jauges de pression de turbo et de température rapportées comme des compteurs accessoires des années 60 et 70, etc. Comme toute bonne Teutonne, l’équipement de base est assez pingre, avec un bon point pour le Roadster Coupé : la climatisation de série. Heureusement, car la chaleur du moteur à hauts régimes peut se faire sentir dans l’habitacle !

Trois pattes

À l’arrière, on retrouve la gamme des 3-cylindres turbocompressés « Suprex » déjà rencontrés dans la City Coupé. Ici, ils sont déclinés dans les alors inédites versions 0,7 litre de 61 et 82 ch. Le Roadster Coupé ne bénéficiera que de la version 82 ch. En 2004 sort une version Brabus (devenu préparateur officiel de la marque à l’instar d’AMG pour Mercedes-Benz), dopée à 101 ch. Cette dernière permet le 0 à 100 km/h en 9,8 s, soit presque 2 secondes de moins qu’une 82 ch.

La variante Roadster est couplée, dans toutes ses versions, à une boîte de vitesses robotisée à 6 rapports (3 vitesses en double rapport de pont) et séquentielle qui se révèle hélas un véritable boulet. Notamment en temps de réponse et longueur des rapports. Heureusement, le passage des rapports en mode séquentiel permet de « limiter la casse », mais l’absence de véritable boîte manuelle performante est à déplorer.

Assis par terre

En tout cas, le devise « reduce to the max » si chère à Smart a fait des merveilles sur la Roadster. Sur la balance, elle va de 795 kg pour un Roadster de base à 895 kg pour une Brabus en Roadster Coupé ! Des performances « sur la balance » assez incroyables durant cette décennie 2000 !

Cela se traduit derrière le volant par des accélérations grisantes du petit berlingot, dans le grondement du 3-cylindres et un sifflement de turbo caractéristique. Comme la Smart City Coupé, le Roadster est une propulsion. Son comportement est très fun et sain. La Smart Roadster se manie comme un kart et est une machine à sensations. Et d’une efficacité folle : si ce n’est en la provoquant, vous n’arriverez pas à la mettre en crabe ! Niveau performances, la 61 ch correspondra plutôt au citadin qui s’amuse sur les petites routes le week-end. Si vous êtes en province ou gros rouleur, la 82 ch se sentira plus à l’aise sur l’autoroute.

Plus anglais qu’on ne le croit, ce petit Roadster, si bien qu’il a failli être rebadgé, avec une nouvelle carrosserie et un moteur Mitsubishi, MG… et puis AC. L’outillage et la licence de production ont même été rachetés en son temps. Malheureusement, la crise pétrolière de 2008 aura eu raison du « Projet Kimber », même si en juin 2016, AC nous disait attendre le bon moment pour se lancer…

Elle aura eu une carrière éphémère cette petite Smart Roadster. Commercialisée seulement de 2003 à 2006, elle aura été vendue à 43.091 exemplaires. Un prix d’achat trop élevé (de 15.000 à 27.000 €, ça fait cher le go-kart certes homologué sur route) et des soucis de fiabilité durant les premières années (tuyau de climatisation notamment) ont plombé l’avenir de la petite sportive. Des défauts aujourd’hui normalement corrigés qui font du Roadster, sur le marché de l’occasion, une alternative extrêmement fiable si l’entretien est suivi. Ses prix dérisoires font que c’est le moment de l’acheter !

Quoi qu'il en soit, le Roadster est une véritable aubaine de nos jours : les versions avec 61 ch et beaucoup de kilométrage commencent à un peu plus de 3000 €. La version de 82 ch coûte 4000 €, et le Coupé réclame 1000 € de plus. Les spécimens à l'état neuf peuvent grimper jusqu'à 7000 €. Les versions Brabus les plus recherchées sont encore plus chères, avec des prix atteignant 10.000 € et plus pour les variantes spéciales telles que la xClusive.

Des montants substantiels, mais alors vous avez un véritable objet de collection. Il n’est pas si rare de trouver des exemplaires de Roadster dépassant allègrement les 200.000 km.  Une cote soutenue mais actuellement basse pour ce futur collector pour lequel on retombe en amour depuis quelques années déjà…