"Vitesse et immobilité, absence de vibration, maîtrise mystérieuse d'une grande énergie et d'un organisme vivant d'une grâce exceptionnelle". Telle était la description donnée par Claude Johnson, alors PDG de Rolls-Royce, en 1910, lorsqu'il a commandé un ornement de radiateur approprié. 114 ans plus tard, cet esprit d'extase brille toujours sur le nez de chaque Rolls-Royce.
L'esprit de cette commande originale est aujourd'hui interprété de manière moderne à Goodwood. Les paroles prophétiques de Johnson sont également gravées sur une plaque dans la boîte à gants de la Phantom Scintilla allongée qui est sortie des ateliers de Rolls-Royce.
Antiquité grecque
L'"étincelle" (ou scintilla en latin) de cette inspiration était, comme à l'époque, la Victoire ailée de Samothrace. Une sculpture grecque antique dont le marbre de Paros devrait se refléter dans le revêtement en céramique du Spirit of Ecstasy. Le blanc andalou et le bleu thrace qui colorent respectivement le haut et le bas de la carrosserie font référence à la mer qui entoure l'île de Samothrace. Les paillettes métalliques dans la peinture sont un reflet symbolique du soleil dans l'eau. En effet, l'imagination ne manque pas à Goodwood.
Revenons au Spirit of Ecstasy et au mouvement sculpté qui l'accompagne. Un dynamisme que l'on retrouve aussi bien dans les broderies des portes et des sièges que dans les œuvres d'art de la Gallery (nom donné par Rolls-Royce au côté passager de la planche de bord). Ces dernières, baptisées Celestial Pulse, sont constituées de sept rubans fraisés dans le même bloc d'aluminium et revêtus de la même couche de céramique que la mascotte de Rolls-Royce.
Le flux de ces rubans est ensuite soutenu par la broderie déjà mentionnée. Une prouesse artisanale qui mérite tout de même d'être mise en lumière. Car bien que "simple" en apparence, il faut 40 heures et 869.500 points - répartis sur six couches - pour que les 36 panneaux individuels soient cousus de manière à ce que le motif se fonde parfaitement de l'avant à l'arrière.
D'étoiles et de lumière
Bien entendu, un ciel étoilé sur mesure se veut incontournable également. Au plafond, 1500 diodes électroluminescentes en fibre de verre devraient traduire la robe flottante du Spirit of Ecstacy en une animation (légèrement) vacillante. Il va sans dire que ce motif est lui aussi unique à la Scintilla, tout comme il va de soi que les bandes lumineuses ont été placées par des mains purement humaines. Du pur artisanat.
C'est là que réside l'exclusivité : cette Phantom (à laquelle rien d'autre n'a été modifié sur le plan mécanique) montre où le savoir-faire de Rolls-Royce atteint vraiment son apogée. Il va sans dire que cette exclusivité se retrouve également dans le prix. Mais ce dernier n'a pas vraiment d'importance dans ce cas : les dix propriétaires, aussi chanceux que fortunés, ont d'ores et déjà passé commande.
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