L' "Internationale Automobil Ausstellung" de Frankfurt-am-Main reste étendu. Hier, au cours de la journée de presse, nous avons parcouru très exactement 19,5 km, si nous en croyons l'appli podomètre de notre smartphone. Mais Francfort veut aussi rester le salon automobile le plus important, porté par les "trois grands" qui jouent ici à domicile, devant leur public. Autrement dit, Francfort entend bien demeurer, tous les deux ans, un événement qui compte. Et pourtant cette année, lorsque l'on gratte la couche de vernis brillant, on perçoit comme une agitation, une impression générale de malaise.
Des signaux à ne pas sous-estimer
Chez Audi, par exemple, on a renoncé, pour la première fois depuis des années, au grandiose palais installé sur la place devant la halle n° 3. La marque aux anneaux occupe un stand plus modeste aux côtés des autres marques du groupe Volkswagen. Le contrecoup du Dieselgate et autres "affaires"?
On note également cette année l'absence de nombreuses marques, et non des moindres, Volvo en tête. Sont également aux abonnés absents quasi tout le groupe Fiat, Nissan, Mitsubishi, Peugeot, DS, Aston Martin, Rolls-Royce et d'autres encore. Nombreux sont les constructeurs qui s'interrogent sur l'utilité de leur présence dans la capitale financière et économique de l'Allemagne lorsqu'ils n'ont pas de vraie grande nouveauté à présenter. Chez Rolls-Royce, il y avait pourtant du neuf à se mettre sous la dent, mais la nouvelle Phantom a dû se contenter d'une entrée en scène discrète dans la grande halle BMW, lors de la conférence de presse du groupe, avant de disparaître en coulisses…
L'édition 2017 du salon allemand apporte néanmoins son lot de nouvelles positives. Renault retient l'attention avec son stand qui présente une maison et différents constructeurs chinois exposent leurs nouveautés qui sont tout sauf ridicules.
Des nouveautés électriques sont présentes sur quasi chaque stand et l'on affirme mordicus que bien d'autres encore arriveront sous peu. Quant aux "trois grands" groupes allemands, ils font étalage de leur savoir-faire technologique. Les préparateurs et autres carrossiers mettent de leur côté les petits plats dans les grands pour séduire la riche clientèle allemande. Il n'empêche: on sent bien qu'il y a quelque chose qui cloche…
Point de bascule
Si l'on en croit un certain nombre de grands patrons avec lesquels nous avons discuté le coup, l'industrie automobile arrive aujourd'hui à un point de bascule. Une situation qu'elle a pour une part elle-même provoquée (Dieselgate, etc.), certes, mais ces mêmes patrons constatent qu'aujourd'hui que les autorités ont changé leur fusil d'épaule. Alors que par le passé, les constructeurs devaient satisfaire à différentes normes, à charge pour eux de les respecter en recourant à telle solution ou à telle autre (légale, bien entendu), on constate aujourd'hui que ce sont les pouvoirs publics eux-mêmes qui choisissent la direction que doivent prendre les constructeurs automobiles. Et cette direction est clairement la propulsion électrique
On assistera ainsi à un passage de la responsabilité scientifique pour un environnement plus propre des centres R&D des constructeurs aux autorités publiques. Ce qui ne va pas sans poser une question fondamentale: si dans un futur proche ou plus lointain, des éléments se font jour qui montrent que le passage à l'électricité n'est ou ne peut pas être totalement positif, qui en assumera la responsabilité? Vraisemblablement pas les politiques qui s'en laveront sans doute rapidement les mains à coup de "ce n'est pas notre faute" et de "on ne savait pas". Et ce sera sans doute le constructeur qui fera payer le plan de sauvetage ultime à l'utilisateur final, à savoir vous et moi. On le voit, il y a plus d'une raison d'être inquiet…
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