Essais blog / Qu'avons-nous pensé du Porsche Cayenne E-Hybrid Coupé ?

Historiquement, le Porsche Cayenne peut être considéré comme le sauveur de la marque allemande tant son arrivée, son succès commercial et les bénéfices conséquents qu’il a générés ont permis au constructeur de Zuffenhausen de se relancer et de devenir la marque de référence quand il est question de sport et de luxe combinés. Si la première génération du Cayenne brillait par ses compétences, il ne se distinguait certes pas par un physique attrayant. Quoique les goûts et les couleurs… Mais de restylage en nouvelle génération, le coup de crayon s’est affiné et l’on peut dire aujourd’hui du grand SUV Porsche qu’il n’est pas pire que la plupart de ses concurrents directs – BMW X5, Lamborghini Urus, Maserati Levante et Mercedes GLE principalement. Singeant ses compatriotes, il est également disponible dans une variante « coupé » qui allège quelque peu le profil et permet surtout d’élargir la clientèle. C’est de ce dernier que j’ai pu prendre le volant dans sa version hybride de base baptisée E-Hybrid Coupé. Toutefois, « on n’a qu’une seule fois l’occasion de faire une bonne première impression ». Voyons si ce Porsche Cayenne Coupé E-Hybrid 2024 a su la saisir ou pas au cours de ce très bref essai (#24heureschrono) et quel sera mon verdict : j’oublie, je retiens ou j’achète ?

J'ai aimé Porsche Cayenne E-Hyrbid Coupé

Ceux qui ont l’habitude de me lire savent mon aversion pour les SUV en général et ceux qui me connaissent plus personnellement n’ignorent pas que je n’ai jamais été fan du Cayenne. On ne juge pas sur le physique, je sais, mais tout de même. J’ai donc été surpris, positivement, de la prestance dégagée par le Cayenne Coupé dernière mouture. Certes le facelift ne s’applique que dans le détail, mais l’impression globale est plutôt positive. La combinaison entre la teinte Arctic Grey et les jantes à rayons fins de 21 pouces s’avérant plutôt réussie, gage d’une certaine discrétion. Toutefois, ce Cayenne m’a surtout séduit par sa « beauté intérieure ». Une fois à bord, on se sent bien, on se sent « à la maison », on se sent « chez Porsche ». Tout est bien agencé, bien dessiné, bien fabriqué. Je n’avais personnellement plus posé mes fesses dans une Porsche depuis plus de 10 ans et pourtant, trouver mes marques n’aura demandé que quelques minutes. Bien des concurrentes ne peuvent en dire autant !

Et ce Cayenne Coupé n’est pas uniquement une vraie Porsche par l’apparence. Il l’est aussi à la conduite. Dès les premiers mètres parcourus, au ralenti pourtant, on peut ressentir la précision des commandes, l’excellent calibrage de l’ensemble moteur-boîte et le filtrage réussi de la suspension. La durée de l’essai étant très réduite, je me suis donc fendu d’un peu de roulage de nuit pour découvrir et profiter de « ma » monture au cheval cabré teuton. Et profiter est le bon terme. En dépit de sa masse conséquent et de son gabarit déjà imposant, le Cayenne Coupé fait preuve d’une agilité surprenante et d’une efficacité à toute épreuve. Le tout dans un confort ferme mais prévenant, à l’allemande quoi. J’adore. Ce châssis constitue assurément le principal point fort du SUV Porsche et il ne fait aucun doute qu’il s’apprécierait encore davantage avec une cavalerie plus généreuse que les 470 ch de cette variante hybride.

Mais les acheteurs de ce pachyderme aux talents de ballerine ne s’émouvront probablement que rarement des compétences dynamiques de leur véhicule. Nul doute que la plupart d’entre eux accorderont davantage d’importance au contenu technologique et au confort d’utilisation. Pour le second point, je l’ai dit, le confort, l’ergonomie et la facilité d’utilisation ne souffrent pas la critique. Pour le premier, Porsche dote le Cayenne – de série ou le plus souvent en option sonnante et trébuchante – de tout ce qui peut exister. Qui a les moyens ne manquera donc de rien et c’est très bien. Je mentionnerai donc principalement la qualité de l’éclairage LED matriciel intelligent. Ayant principalement roulé de nuit ou à l’aube, entre chien et loup, je dois reconnaître que le système s’avère non seulement très efficace en conduite dynamique – éclairage des virages, puissance des « gros phares » - que sur autoroute où la fonction adaptative est bluffante. Cette fonctionnalité est certes disponible sur d’autres modèles du marché, mais je n’ai que rarement constaté une telle efficacité. Concrètement, sur autoroute ou sur route, les pleins phares sont activés par défaut. Mais la détection des véhicules qui vous précèdent ou vous croisent fonctionne parfaitement et adapte rapidement et précisément la portée des phares pour ne gêner personne. De même, au changement de voie, une fois le clignotant activé, la zone éclairée s’adapte en éclairant la voie latérale en plus de celle où le véhicule évolue et « fait glisser » la limite de cette zone au fur et à mesure que la voiture change de voie. C’est bête, mais j’ai adoré ça !

Je n'ai pas aimé Porsche Cayenne E-Hyrbid Coupé

Cependant, n’allez pas croire que je sois resté béat d’admiration de bout en bout. Si ce Cayenne est assurément une Porsche par ses qualités, il l’est aussi par ses défauts, et ils ne sont pas rares. Certes nanti de 470 ch, le groupe motopropulseur hybride rechargeable n’en reste pas moins décevant sur deux points. D’abord, l’autonomie électrique n’a rien de mirobolant avec un rayon d’action réel d’environ 60 km en conduite urbaine et qui peinera à dépasser les 45 à 50 km sur autoroute ou en conduite active. En soi, rien de déshonorant mais cela reste décevant avec une batterie de 25,9 kWh. Pire, la recharger réclamera d’office beaucoup de patience puisque la recharge rapide en courant continu n’est pas proposée. Ce sera 11 kW en AC dans le meilleur des cas. Disons qu’avec un ticket d’entrée à près de 120.000 €, c’est regrettable.

Autre écueil de cette version hybride de base, elle combine un V6 3.0 l turbo à un moteur électrique. Les performances intrinsèques sont largement suffisantes et plaisantes, la boîte automatique fait son travail avec pertinence, bien qu’elle manque un peu de fluidité à basse vitesse. Mais par contre, la sonorité du V6 est décevante. Plus digitale qu’autre chose dans l’habitacle, elle manque d’authenticité ou de ce pédigrée « sportif » que l’on est en droit d’attendre d’une Porsche. Sur ce point, une Audi RS4 se débrouille nettement mieux avec une mécanique thermique similaire. Mais bon cela relève du détail, j’en conviens.

Enfin, et il s’agit là d’une perception très personnelle, je ne saisis pas l’intérêt de cette variante « Coupé ». Je la trouve moins équilibrée que le Cayenne « normal », sensiblement moins pratique sur le plan du volume de chargement et surtout elle démontre toute l’absurdité du marché automobile actuel. Quand on est parfaitement capable de créer une armoire normande aussi compétente et agréable à conduire que ce SUV vendu à prix d’or et avec une mesquinerie sur certains équipements qui frise le ridicule – il faut payer 1130,14 € pour bénéficier de l’accès « mains libres » Porsche Entry par exemple – pourquoi diable ne pas mettre ses talents de constructeur et de maître du marketing pour faire de même avec un… break ? Suis-je bête, il existe : la Porsche Panamera Sport Turismo… Ha non ! Porsche l’a supprimée à l’occasion du restylage du modèle, fautes de ventes. Monde cruel !

Donc Porsche Cayenne E-Hyrbid Coupé

Ce Porsche Cayenne E-Hybrid Coupé est une vraie Porsche, pour le meilleur – comportement routier, ergonomie, qualité de fabrication, performances – comme pour le pire – mesquinerie de l’équipement, prix, sonorité moteur fake – au point de me laisser dubitatif. Oublions l’aspect financier, qui ne tracasse aucunement le public cible de la marque.

Si l’on cherche un grand SUV performant, capable de rouler en full électrique comme d’envoyer du lourd sur petites routes, à la pointe de la technologie et valorisant, le verdict est sans appel, ce Cayenne Coupé E-Hybrid constitue assurément le meilleur choix. Mais dans mon cas, si j’en avais les moyens, je l’oublierais sans sourciller… pour lui préférer le Cayenne E-Hybrid « normal » ! Et quitte à casser la tirelire, autant opter pour le S E-Hybrid et son V8 plus noble et soyeux !

N.B. : L'essai ayant été trop court pour réaliser nos propres photos, nous utilisons des photos de presse d'une version Cayenne S Coupé dans une configuration identique au modèle essayé.