Essais blog / ROAD-TRIP – La Renault Mégane E-Tech pour briller à Paris ?

Nous avons une tradition ma filleule et moi : passer chaque année une journée ensemble pour découvrir un lieu ou un musée. Cette année, nous avons décidé de visiter Le Louvre à Paris. L’occasion pour tester la Mégane E-Tech 60 kWh pour un voyage d’un peu plus de 250 km autoroutiers en 100 % électrique au départ de Tournai vers la Ville lumière, et retour avec prolongation jusqu'au centre du pays. Donc, plus de 650 km pour une voiture affichant 450 km en WLTP.

Arrêt obligatoire

En théorie, selon le simulateur de Renault, l’aller est faisable avant de devoir charger à destination. Ceci dit, dès que celle-ci a été encodée dans le GPS, avec la batterie à 97 %, la navigation nous met directement en garde sur l’autonomie insuffisante en se basant sur la moyenne des derniers trajets. Donc les miens à 120 km/h pour rejoindre Tournai, mais aussi ceux de mes confrères auparavant. Il faudra donc faire une pause au nord de Paris, dans la station Ionity de Saint-Witz suggérée (ou plus tôt ?) pour éviter d’arriver à destination dans le rouge (sous les 5 % de batterie). Pas question en tout cas de se traîner à 100-110 km/h, on testera le trajet en roulant quasi en permanence à 130 km/h là où c’est autorisé. Et s’il faut s’arrêter, on s’arrêtera. D’autant que les conditions climatiques sont optimales (entre 15 °C et 19 °C) et qu’en partant vers 7h30 ce samedi matin, la descente sur Paris se fera avec un trafic fluide.

Double opération

Pour démarrer la Mégane, après avoir appuyé sur le bouton Power, pied sur la pédale de frein, il faut passer en D avec un levier derrière le volant. Euh, attendez ? Recommençons : il faut descendre le levier derrière le volant vers D. Voilà, maintenant ça marche. Une répétition de la manœuvre qu’il a fallu faire plusieurs fois. Par ma faute ? Peut-être. En tout cas, il ne faut pas se rater dans la procédure et y aller franchement avec le levier pour enclencher la berline. Pour ce trajet, je profitais de la variante avec une batterie de 60 kWh et charge rapide DC de 130 kW. Cette batterie ne fait que 11 cm de haut. Ce qui offre à la Mégane E-Tech un vrai profil de berline sans pour autant être étriquée.

L’A1, forcément

Direction Paris et le Louvre par la fameuse autoroute A1 en passant par la banlieue lilloise. Avec comme premier objectif, la station Ionity près de Roissy. Mais avant, on profite d’une petite pause vidange à Ressons Ouest pour brancher la voiture sur une borne « lente ». De quoi récupérer une dizaine de kilomètres et être « large » pour rejoindre Roissy-Saint-Witz. Que nous aurions atteint de toute façon, l’autonomie étant suffisante. Au redémarrage, vérification que la fenêtre est bien fermée. Pourquoi ? À cause du souffle audible dans l’habitacle. Oui, elle est bien fermée. C’est donc un bruit aérodynamique mal camouflé par la Mégane. La berline, par contre, dispose d’un poste de conduite convivial avec un écran central tourné vers le conducteur. Par réflexe, j’essaie de tourner le bouton Multisense à bas à droite sur le volant. Et bien non, on ne peut qu’appuyer pour changer de mode de conduite.

Café au bar de l’hôtel

Les bornes se trouvent sur un parking d’hôtel, après la barrière de Senlis. Mais, il faut encore passer par une barrière à la sortie Chantilly. Donc, un péage supplémentaire de 0,90 € (merci bien !). Nous branchons la voiture et la charge rapide carbure à… 80 kW. Et encore, pas tout le temps. La Mégane revendique 130 kW de puissance maximale en courant continu avec la batterie de 60 kWh. Notez qu’avec la version à 40 kWh, la charge rapide en DC est une option ! Soit, nous décidons de rester 25 minutes pour ne pas s’obliger à charger dans Paris. On aura donc de quoi revenir au même endroit avant de rentrer en Belgique. Et pour patienter, un petit café et un chocolat chaud au bar de l’hôtel. Il est 10 h 05 quand nous repartons vers Le Louvre.

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Tout juste

Notre ticket était réservé pour 11 h. Un slot à ne pas rater pour ne pas être obligé de faire la file par la suite. La circulation autour et dans Paris se densifie. Pas de bouchons sur le Périphérique, mais une traversée de Paris laborieuse entre les feux non synchronisés, les carrefours encombrés et les limitations diverses et variées. Si bien que nous sommes arrivés tout juste à temps dans le parking Carrousel (qui va nous coûter 25 € pour 5 heures de parking). Cette entrée (sans file !) nous donne directement accès au hall du musée via le centre commercial. On scanne le ticket dans les temps pour découvrir les collections d’un des plus prestigieux musées du monde. Après la visite, et une balade dans le jardin des Tuileries, ma filleule souhaite voir le Château de Versailles (en référence à l’un des tableaux du Louvre). OK, mais sans possibilité de le visiter, l’après-midi étant déjà bien entamé. Après l’ancien palais royal transformé en musée, direction donc l’ancienne demeure de Louis XIV et ses successeurs… sans échapper à la Place de l’Étoile et aux bouchons parisiens.

Comme les autres

Sans stress d’autonomie, la Mégane E-Tech est une berline charmante aisée à manier. Son accélération est évidemment très réactive grâce à sa motorisation EV. Les roues avant ont même parfois laissé un peu de trace de cirage sur le bitume. Plutôt basse pour une électrique, elle nous évite aussi les mouvements de roulis. La progression dans la circulation parisienne, complexe et agressive, se passe sans trop d’angoisse grâce à une bonne visibilité périphérique. Une fois sortis de l’A13 encombrée, nous nous dirigeons vers le Château sur des boulevards. La Mégane s’y glisse. Surprise : avec la régénération renforcée, via les palettes au volant, la pédale de frein s’enfonce quand la voiture recharge en freinant. Le pied droit a donc été un peu perdu par ce vide inattendu. Après une promenade sur la cour d’entrée du château, nous nous dirigeons vers l’aérodrome de Saint-Cyr pour entrevoir quelques bribes des jardins et des bâtiments du complexe royal. Il est temps maintenant de retourner vers Paris, et Montmartre, pour le souper.

Trop is te veel

Lors de cette étape, la française a montré quelques signes de fermeté sur les imperfections des départementales et des rues. Seule ombre au tableau d’une voiture confortable lorsque le trajet s’éternise à cause des bouchons. La climatisation, avec pompe à chaleur, évite la transpiration ou les claquements de dents. Gros avantage : les commandes sont séparées de l’écran central tactile. Un créneau dans les rues en pente de la butte parisienne nous rappelle que la Mégane a tendance à sonner un peu trop lors des manœuvres. Certes, c’est un son numérique moins criard que les bips habituels. Et pourtant, on finit par ne plus trop savoir où le bât blesse. Autant se fier à nos yeux et aux images des caméras.

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Playlist

Le retour, durant la nuit, a nécessité la pause prévue à Roissy-Saint-Witz. Au bornage, 3 des 4 voitures en charge étaient des Mégane E-Tech. Nous y resterons 35 minutes pour atteindre les 95 % de capacité. Comme à l’aller, la clé USB de 256 GB qui me sert de stress-test, ne peut être lue correctement. La Mégane a toutefois une originalité. J’ai eu les voitures qui la rejettent et celles qui l’acceptent. Mais jamais une voiture qui ne veut lire qu’un certain nombre de fichiers MP3. Au diable le reste de l’alphabet, je dois me contenter des chansons commençant par un chiffre, A, B ou C ! Heureusement qu’Android Auto fonctionne, mais uniquement par câble. La connexion sans fil n’a pas pu s’établir. Comme le système choisit par Renault est justement celui de Google, il fallait que je fasse attention à afficher la navigation embarquée dans laquelle j’avais encodé l’adresse de destination, et pas l’écran d’Android Auto. L’intégration fonctionne bien par ailleurs, avec la compatibilité des commandes au volant et « OK Google ».

C’est pas fini

Arrivée à Tournai avec la charge de Roissy. Sauf que si nous sommes bien partis en duo de Tournai au petit matin, après une nuit de sommeil dans le Hainaut occidental, mon trajet de retour, en solitaire cette fois, n’est pas terminé. Il a donc fallu recharger une fois de plus. Et cette fois, la station et/ou la voiture étaient paresseuses : 32 kW alors que cet équipement est capable de faire bien mieux (350 kW pour la borne). La solitude de l’électro-automobiliste sur une aire de services en fin de soirée est une expérience… peu agréable. Enfin de retour à la maison, un peu avant minuit ! Pour récupérer mon sac, je me plonge dans le coffre au seuil de chargement bien trop élevé. 

En plus du voyage vers Paris, j’ai utilisé cette Mégane durant une semaine, avec près de 70 % des trajets sur autoroute. Le bilan de consommation pour 1200 km est de 18,1 kWh/100 km. Mais sur autoroute, il faut compter 22 kWh/100 km à 130 km/h, soit 270 km d’autonomie. Pour faire le trajet Tournai-Paris sans devoir charger en cours de route, il aurait fallu que je réduise ma vitesse à 100 km/h (au lieu de 110/120) et 110 km/h (au lieu de 130). Comme encore trop souvent avec les voitures électriques, il faut donc choisir entre se traîner sur l’autoroute ou faire des pauses café-kWh. Et encore, il faut être sûr de trouver une prise à destination pour charger pendant la visite du musée. Ce qui reste encore aléatoire, même à Paris.

Le verdict

La Renault Mégane E-Tech a beaucoup de qualités. Au quotidien, elle peut vous emmener de-ci, de-là sur plus de 300 km sur un itinéraire mixte. Quand il s’agit de faire uniquement de l’autoroute, à un rythme proche de la vitesse maximale autorisée, il faudra prévoir des pauses recharge tous les 200 km environ. L’infrastructure s’améliore, mais ce n’est pas encore la panacée partout. De plus, la berline a parfois montré un peu de réticence à recharger à plus de 75 kW. Ce qui rallonge le temps d’attente de quelques minutes. La patience est mère de vertu. Elle l’est plus encore avec l’entrée de gamme qui ne dispose même pas de charge rapide. Choisissez donc bien la version et les options ad hoc, comme la pompe à chaleur, si vous devez parfois aller à Amsterdam, Cologne ou Paris.