- Avis Rédaction /20
Le Soleil est là en ce dimanche pascal. La température matinale est d’à peine 5 °C avant, selon les prévisions, d’atteindre 14 °C dans l’après-midi. C’est une météo suffisamment encourageante pour une sortie en famille avec la Mercedes EQE. Cette berline de luxe 100 % électrique de 4,95 m dispose d’un moteur synchrone de 292 ch et d’une batterie de 100 kWh (90,6 kWh utiles). Dans cette Launch Edition, on ne bénéficie ni des 4 roues directrices ni des amortisseurs adaptatifs. Cela n’empêche pas d’envisager une balade routière entre Nivelles et Trèves (Trier) en Allemagne pour ce dimanche de Pâques. D’autant que la voiture chargée à 95 % sur l’aire de services autoroutière nous annonce 452 km d’autonomie et même 558 km maximum, sans doute en jouant à la tortue. Pour ce road trip, nous allons rouler sans veiller à préserver l’autonomie, aux vitesses maximales autorisées, en mode Comfort, avec la climatisation à 19,5 °C et à 4 dans le véhicule. Les places arrière accueillent sans souci deux adolescentes au gabarit différent. Lesquelles apprécient l’espace disponible pour leurs jambes et leur tête.
D’une traite
Entre la collégiale médiévale romane de Nivelles et la Porta Nigra romaine de Trèves, il y a un peu plus de 260 km via la A54, la E42 et puis la E411 et le Grand-Duché de Luxembourg. La circulation fluide et – miracle – l’absence de chantier permettent de garder une moyenne de 120 km/h jusqu’à la frontière luxembourgeoise. Cette fois, on peut rouler à 130 km/h. Une fois sur l’Autobahn allemande, guère le temps d’éprouver la Mercedes EQE à grande vitesse, une petite pointe à plus de 190 km/h, pour prouver que la berline a une belle accélération, et déjà il faut sortir pour rejoindre le centre-ville de la ville natale de Karl Marx (le 5 mai 1818). Bilan de cette route d’approche : il nous reste 109 km d’autonomie après avoir parcouru 277 km depuis le chargeur, quasiment exclusivement sur autoroute. Cela correspond à une consommation moyenne de 23,6 kWh/100 km. L’estimation de l’ordinateur de bord se faisait avec une moyenne d’un peu moins de 20 kWh/100 km. On n’y est pas. Pourtant, on a laissé faire la voiture, avec juste une pause sur un parking routier « Truck Center » à Habay, le long de la E411.
Un peu de Rome en Allemagne
Sans préparation ni anticipation, nous sommes entrés dans le parking payant baptisé « Porta Nigra » à deux pas de la statue de… Karl Marx ! Première déconvenue, s’il y a bien des places réservées aux femmes, les Frauenparkplatz, aucune borne à l’horizon. Impossible donc de profiter de notre visite touristique pour recharger la berline avec 26 % de réserve de batterie. Nous savons déjà qu’il va falloir charger sur une borne ultrarapide plus tard dans l’après-midi. Le centre de Trèves, très convivial, est tout à la fois très germanique et un trésor de vestiges romains illustrant sa gloire en tant qu’Augusta Treverorum qui lui a valu le titre de « Roma Secunda ». Entre ruines des thermes, la fameuse Porta Nigra et la basilique Constantin, il y a aussi le palais des Princes électeurs de style rococo renaissance avec ses jardins, les maisons à colombages et le duo de la basilique romane et de la cathédrale gothique. Ces deux édifices juxtaposés sont idéaux pour montrer la différence entre les deux styles. Tout cela se fait à pied, la Mercedes EQE attendant sagement dans le parking.
Zone industrielle
Avant de partir, en zappant l’amphithéâtre romain cette fois, nous prenons la pause déjeuner dans un restaurant proposant des plats romains du livre de cuisine de Marcus Gavius Apicus. Nous optons pour le Pullus Allecatus, une recette à base de poulet mariné. Pas de café ni de dessert, ce sera pendant la recharge. Repus, nous passons par le pont romain (le plus vieux pont d’Allemagne) pour rejoindre une borne de recharge super rapide de 250 kW à Trierweiler, à quelques kilomètres du centre de Trèves, conseillée par la navigation. Flûte : on n’est pas les seuls à avoir eu cette idée. Une Jaguar I-Pace et une Tesla Model Y sont déjà en train de charger sur cette borne au milieu des usines, bureaux et prairies. Pas même un parking ou un petit snack pour patienter. Pas de café ni de dessert cette fois ! Alors que nous mettons l'EQE sur le côté de la chaussée our y attendre, l’un des conducteurs d’une voiture sur la borne nous indique qu’il partira bientôt. 5 minutes plus tard, nous prenons la place de la Tesla. La Mercedes annonce une recharge complète en 52 minutes, mais on n’a pas besoin d’attendre aussi longtemps pour cette fois. D’autant que la vitesse de charge est de 133 kW, du moins au début du processus. Elle baissera à 80 kW aux alentours des 75 % et 27 minutes d’oisiveté. Nous repartons avec une promesse de 328 km vers les vignes de Moselle et puis la forêt environnante.
Frein moteur
Cette fois, la portion d’autoroute sera avalée comme il se doit sur Autobahn. À 180 km/h et 190 km/h, il n’y a qu’un léger bruit du souffle d’air pour nous rappeler que la Mercedes EQE trace sa route. Le confort de la berline nous préserve toutefois grâce à une excellente insonorisation. La direction manque un peu de précision et le freinage de mordant, même en mode Sport. En quittant l’autoroute pour descendre vers la vallée de la Meuse le long de la colline bordée de vignes, la sensation de la pédale de frein reste perturbante. Il faut pousser la palette de gauche pour augmenter la régénération et mieux appréhender les virages serrés et en épingle vers Piesport. Sans quoi, la maîtrise de l’engin dans ce type de route sinueuse en descente semblait aléatoire. Au milieu d’un joli paysage, où l’Allemagne nous rappelle qu’elle est non seulement l’autre pays de la bière, mais aussi celui du vin blanc, nous continuons pour monter vers la forêt. À force de les utiliser, les commandes tactiles sur le volant sont moins capricieuses à nos yeux. Mais elles restent agaçantes, tant pour le régulateur de vitesse que pour l’infodivertissement. Parfois, après un geste maladroit (ou sans raison apparente), la voiture passe au morceau de musique suivant !
Pas la bonne carte
Avant que la nuit tombe, et une redescente depuis la forêt vers la vallée, il est temps de trouver un restaurant, le long de la Moselle. En voilà un près d’une borne sur un parking public. Même si la voiture a encore 50 % de batterie, après 122 km entre pointes sur l’autoroute, montées et descentes et traversées de villages, on n’est pas contre l’idée de lui donner de l’énergie pour le retour. Échec total, aucun des badges n’est pas accepté par la borne. Et l’idée d’installer une application pour payer cette fois uniquement ne nous enchante guère (chaut échaudé…). Pas grave, on ira sur l’autoroute pour recharger et boire vraiment un café cette fois, car le retour se fera en fin de soirée. Après un schnitzel, avec des Belges de Termonde en voisins de table, direction la borne Ionity sur l’A1, à Niederöfflingen.
Ionity et café
La station Ionity sur l’A1 donne 100 kW, mais cela baissera en cours de charge. Après un café et une pause de 40 minutes, nous avons enfin plus de 95 % de disponible. De quoi rentrer, via la A60, mais pour y arriver, avec une navigation ayant décidé de faire au plus court, il a fallu grimper et redescendre des collines sur de toutes petites routes, dans l’obscurité avec d’arriver sur le ruban autoroutier allemand. Et dans le noir, on remarque mieux l’éclairage à bord qui varie en fonction de la charge : en blanc bleu mouvant lorsque la batterie se décharge, en bleu mauve fixe quand la régénération s’active et en rouge vif quand on pousse un peu trop (au goût de l’EQE) fort sur l’accélérateur. C’est ludique, mais un peu gênant.
Manque de lumière
Les phares de la Mercedes EQE sont dynamiques. Malheureusement, ils ne savent manifestement pas lire la carte du GPS. Le faisceau n’éclairant pas dans le sens du virage, il a fallu prendre quelques épingles à l’aveugle. Même sur les plus grands axes, la technologie a parfois manqué de pertinence. En principe, les LED peuvent créer des zones « noires » pour protéger les autres usagers de l’éblouissement. Sauf que l’EQE voit des usagers invisibles et coupe une partie de l’éclairage sans raison, créant durant quelques instants des carrés noirs dans le champ de vision. Ce qui peut surprendre. Sur Autobahn, cela fonctionnait relativement bien (même à plus de 150 km/h). Par contre, en Belgique, il y a sans doute des imperfections et des reflets qui perturbent la technologie. Pourtant, c’est la première fois qu’un tel système nous pose problème à ce point ! Autre souci, mais qui n’est pas propre à Mercedes-Benz, la régulation de vitesse associée à la lecture des limitations de vitesse de la signalisation routière reste folklorique et symptomatique. La galère… Tout comme le coup de frein surprenant du système d'aide à la conduite de l'EQE qui a vu un obstacle fantôme, mais on ne sait toujours pas lequel. Dès lors, mieux vaut se fier à notre instinct parfois : animus imperat corpori !
Par prudence, Ionity bis
En principe, même avec des vitesses de plus de 160 km/h sur les portions sans limitation, quasiment jusqu’à la frontière belge, nous aurions eu assez pour faire les 260 km et rentrer en terminant à 120 km/h sur nos autoroutes, via la E42 vers Liège puis Namur et Charleroi avant de reprendre la A54. Mais un besoin à quelque pas de l’aire de services de Tignée Nord à Soumagne nous donne l’occasion d’une petite recharge de confort d’une dizaine de minutes. Ce bornage n’ayant pas été encodé dans la navigation et n'ayant pas activé le préconditionnement de la batterie via l'écran, l’EQE n’était pas prête et la puissance de charge est restée aux alentours des 40 kW sur une borne Ionity capable de bien mieux avec une voiture acceptant 170 kW. Enfin, cet arrêt a l’avantage du no stress pour rentrer, d’autant que n’ayant pas de borne à domicile, ce petit bonus nous fera gagner du temps pour le trajet du lendemain.
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Conclusion
Sorte d’EQS tronqué avec moins de coffre, la Mercedes EQE est une voiture électrique très confortable et performante au niveau de son autonomie. Sans la ménager, il est possible d’effectuer plus de 250 km d’autoroute, même en Allemagne. C'est même la première fois, qu'on a pu vraiment se lâcher sur Autobahn en électrique. En se montrant moins pressé, avec le mode Eco, des relais de plus de 350 km sont envisageables. Le trajet le plus gourmand affichait une moyenne de 29 kWh/100 km. Notre moyenne a été de 23,9 kWh/100 km. Celle de la voiture, sur 3349 km, est de 23,2 kWh/100 km en tenant compte des trajets de nos confrères et des personnes à qui Mercedes a confié cette EQE 350+. Reste que son architecture 400 V ne lui donne pas l’atout qu’il lui manque : une recharge très rapide. De plus, si elle n’est pas prévenue par avance ou que la batterie n’est pas déjà bien vide, elle va même se montrer paresseuse à la borne. Dommage !
Dans cet article : Mercedes-Benz, Mercedes-Benz EQE
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