Concept Alfa Romeo Giulia et Stelvio Quadrifoglio Verde 100th
Le programme était exclusif et alléchant. Dans le cadre du centenaire du sigle mythique de la marque, le Quadrifoglio Verde, le constructeur italien nous conviait sur les terres de ses exploits. À Montlhéry d’abord, ensuite au gré des douces routes du sud-ouest parisien, direction la Sarthe pour l’édition 2023 du Mans Classic. Et tout ça au volant des nouvelles Alfa Romeo Giulia et Stelvio Quadrifoglio 100° Anniversario. Trois jours de passion automobile à l’italienne.
En octobre 2022, la paire Giulia/Stelvio profite d’un restylage, après respectivement 6 et 5 ans de commercialisation. Alfa Romeo a donc attendu de passer le cap fatidique de 2023, année du centenaire du trèfle à quatre feuilles, pour remaquiller les versions les plus sportives et même proposer une version spéciale Quadrifoglio 100° Anniversario. Cent exemplaires de chacune pour le monde entier, des bolides déjà collector. À notre arrivée à l’Autodrome de Linas-Montlhéry, il y en a plusieurs, rien que pour nous. Le choix de ce lieu ne tient pas du hasard: Alfa Romeo a gagné des courses ici et a même battu un record de vitesse en mai 1939, lorsqu’une 3L passait à 238,9 km/h.
L’élément le plus visible du restylage concerne les phares avant, intégrant une nouvelle signature faites de diodes matricielles. Pour le reste, la Quadrifoglio «normale» n’a pratiquement pas changé. À l’intérieur, le carbone 3D est plus présent et puis, surtout, un nouveau tableau de bord LCD de 12,3" apporte un peu de modernité. Cet écran est personnalisable et les designers ont eu le bon goût de proposer des compteurs numériques Vintage, façon «paire de jumelles». En mode RACE, un compte-tours occupe l’espace et le logo Quadrifoglio s’ajoute à l’ensemble. Les versions 100° Anniversario ont droit à quelques spécificités décoratives, comme des étriers de frein dorés, des logos commémoratifs à trèfles dorés et datés («1923-2023»), ou encore des coques de rétroviseur et une calandre en carbone. À l’intérieur, un 100th est brodé au fil doré sur le tableau de bord, dont les surpiqûres (de même que celles des sièges) adoptent également cette teinte.
L’essentiel de l’évolution des nouvelles Alfa Romeo Quadrifoglio est invisible. Tout d’abord, le V6 2.9 est porté à 520 ch (+10 ch), mais surtout, les Giulia et Stelvio Quadrifoglio adoptent un différentiel mécanique autobloquant qui remplace la technologie de répartition vectorielle du couple. Les ingénieurs ne se sont pas contentés de cette simple greffe. Ils ont aussi peaufiné les trains avant et arrière. Certaines pièces structurelles sont améliorées et le calibrage des amortisseurs pilotés est reconfiguré. Sans trop en dévoiler, Domenico Bagnasco, responsable de la validation des performances, précise que les équipes ont en fait rapproché la nouvelle Quadrifoglio de la version GTA(m), qui reste plus radicale. L’Italien a aussi précisé que la plus performante de leurs Giulia est en mesure de faire mieux que «la concurrente la plus performante», sans toutefois nommer celle que nous pensons être la M3… Allez, allons voir ça en piste.
Conduite Alfa Romeo Giulia et Stelvio Quadrifoglio Verde 100th
Rouler à Montlhéry était inscrit depuis longtemps sur notre to-do list. L’endroit est tellement mythique… mais aussi un peu délabré. Nous emprunterons les pentes mythique de l’ovale juste pour les photos, à vitesse muselée. Et c’est tant mieux, car le béton fatigué et craquelé secoue notre châssis. Un grand moment quand même, surtout quand on nous laisse monter un peu sur la pente. Et bon sang, faut s’accrocher!
Pour les choses plus sérieuses, nous nous dirigeons vers le circuit «routier», long de 6,5 km pour 4 tours avec chaque modèle. Pas beaucoup, certes, mais assez pour être bluffé par la Giulia Quadrifoglio. Nous avions oublié le tranchant de son train avant, désormais mieux secondé par le différentiel mécanique. C’est simple, les notions de sous- et survirage semblent avoir disparu, tant la berline diabolique dévoile une précision absolue. Le mode Sport nous garde sous les ailes des anges électroniques, mais on préfère comme ça. Le bitume loin d’être parfait rallonge parfois nos freinages et peut faire décrocher les trains roulants. Nous n’aurons pas le temps de jouer avec les réglages électroniques de châssis et de réponse moteur. Et avec un bolide capable de pointer à 308 km/h, on préfère donc ne pas tenter le diable. Et si on se loupe à Montlhéry, c’est les arbres ou un muret…
En passant au Stelvio, la nuance est très franche. Forcément, il y a 200 kg de plus à gérer, mais aussi un centre de gravité déplacé et des débattements de suspension sensiblement plus souples. Pourtant, on s’est mieux amusé avec lui! L’efficacité clinique de la Giulia invite à un pilotage plus efficace, presque sans fantaisies. Avec le SUV, ça bouge plus et on doit plus s’impliquer, voire improviser, pour en tirer le maximum. Sur les portions défoncées, on préfère le Stelvio parce que moins nerveux et surtout plus conciliant que la berline-scalpel, qui réclame un bitume parfait pour exploiter tout son potentiel. Mais surtout, on est globalement surpris par la sportivité de ce SUV de feu et de fou. Le Stelvio reste, de loin, l’un des plus agréables bolides hauts sur pattes du marché, en particulier avec le V6 2.9… Pour jouir de ces engins, prévoyez 93.500 € pour la Giulia et carrément 102.700 € pour le Stelvio. Pas la peine de s’inquiéter du prix des versions 100° Anniversario, elles sont déjà toutes vendues. Bon, il est temps de décompresser un peu sur les routes du Perche…
Pour notre itinéraire vers Le Mans, Alfa Romeo nous a gentiment évité la ligne droite autoroutière de l’A11, au profit des vallons et collines très bucoliques de la région du Perche. Sur ces routes de la France profonde, nous avons droit à une Giulia Quadrifoglio 100°. Honnêtement, votre serviteur craignait pour son dos et son crâne (bruit), mais en fait pas vraiment. En mode ‘Natural’ du sélecteur DNA, la berline est tout d’abord silencieuse (même avec l’option échappement Akrapovic), relativement souple et tout sauf nerveuse. C’est proprement tendu. On conserve une direction très communicative et précise lorsqu’on aborde des virolos de campagne. Conduire un tel ensemble châssis-moteur en mode GT haut de gamme procure à notre itinéraire une certaine saveur. Aucune souffrance au terme des 300 km parcourus. On aurait continué jusqu’à la côte Atlantique sans broncher! Côté consommation, notre indicateur est resté sous les 10 l/100 km, ce qui est tout aussi remarquable. Le Mans est en mire.
Il n’y a que deux cas où le grand circuit est accessible: lors des 24 Heures du Mans, chaque année, et lors du Mans Classic, organisé un an sur deux. Nous mesurons cette chance. Lorsque nous nous élançons, avec juste devant nous la TZ3 Stradale, nous avons intérêt à bien calibrer nos freinages. Les organisateurs nous préviennent: c’est une parade, pas une course. Il s’agit juste de profiter de cette opportunité rare. Mais l’enthousiasme déborde vite le self control et, très vite, ça accélère. Avec de la marge, nous ne nous privons pas de quelques montées en régime. D’autant que nous ne sommes pas seuls en piste. De nombreuses autres catégories sont sur le circuit, nous slalomons entre et avec des Aston Martin Vantage, un hot rod Chevrolet, une Z3 M ou encore une Toyota Supra MK IV! Le danger est au freinage, quand notre Stelvio Quadrifoglio stoppe net et que c’est loin d’être le cas du Spider Duetto ou de la GT Junior qui nous suit…
Nous aurons droit à une vingtaine de minutes de plaisir, soit un peu plus de deux tours complets. Tout se déroule dans une ambiance très joyeuse et nous regagnons les stands avec une sacrée banane en travers du visage. On peut aller souffler un peu dans la loge Alfa Romeo, perchée juste au-dessus de la pitlane, face aux grandes tribunes, avant de partir déambuler entre les beautés exposées dehors. Le spectacle continue tout le week-end sur et en dehors de la piste… Rendez-vous en 2025!
Verdict Alfa Romeo Giulia et Stelvio Quadrifoglio Verde 100th
Avec ces variantes célébrant le centième anniversaire du Quadrifoglio Verde, Alfa Romeo nous livre une mouture des versions sportives de la Giulia et du Stelvio qui se bonifient encore en termes de plaisir de conduire tout en y ajoutant une touche d'exclusivité certaine. Capables d'un confort certain pour voyager au long cours, l'une comme l'autre savent également distiller généreusement les sensations au moment d'aborder une route sinueuse, voire même de lâcher la bride sur circuit. Le châssis aux réglages plus proches de l'esprit GTA et le V6 à la touche Ferrari ne manquent assurément pas de ressources ! Seul petit bémol à ce tableau idyllique, les 100 exemplaires de chaque modèle sont déjà tous vendus.
Dans cet article : Alfa Romeo, Alfa Romeo Giulia , Alfa Romeo Stelvio
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