Essais courts / BMW iX5 Hydrogen : 5 minutes à la pompe

Concept BMW iX5 Hydrogen

Ne courez pas à la concession la plus proche, la BMW iX5 Hydrogen n’est pas (encore) commercialisée. Les 100 exemplaires produits sont là pour tester la technologie grandeur nature. Ainsi, nous avons donc pu l’essayer au quotidien en Belgique durant une petite semaine. Le SUV dispose d’un moteur électrique de 401 ch (295 kW) entraînant les roues arrière. Il est d’ailleurs installé à la poupe du véhicule. La pile à combustible de 125 kW se trouve sous le capot. Un des deux réservoirs a trouvé place dans – ce qui fut – le tunnel de transmission et l’autre – plus petit – est placé sous la banquette arrière. Bonne nouvelle pour le volume du coffre. Au total, l’iX5 Hydrogen embarque 6 kg d’H2 à 700 bars. La batterie alimentée par la régénération a une puissance de 170 kW. On retrouve le style et l’agencement de la X5 avant le récent restylage. Rien de particulier donc, hormis que cette iX5 Hydrogen est une propulsion, qu’elle a des touches bleues et que les palettes servent à la puissance de régénération.

Conduite BMW iX5 Hydrogen

Au démarrage, petite surprise. Il reste à peine un peu plus de 1 kg d’hydrogène dans les réservoirs. Soit moins de 100 km. Heureusement, il y a une station à Wilrijk (Anvers) à une vingtaine de kilomètres de notre point de départ, le siège social de BMW Belux. Direction donc l’une des pompes H2 de DATS 24, opérateur le plus impliqué avec l’hydrogène en Belgique en 2023 avec 5 stations distribuant de l’hydrogène produit avec de l’éolien et du photovoltaïque. Ce premier trajet confirme que c’est bien une voiture électrique. Elle est silencieuse (sauf le souffle du fort vent sur autoroute) et a une accélération instantanée (0 à 100 km/h en moins de 6 s). Mais il y a une différence fondamentale avec une électrique à batterie (BEV)… Le poids. La voiture n’a pas à se lester d’une grande batterie. Certes, elle a le poids d’un PHEV avec ses 2,4 tonnes. Mais une BEV de gabarit similaire dépasserait sans vergogne les 2,6 tonnes.

Premier plein BMW iX5 Hydrogen

Pour placer la trappe du bon côté, il a fallu faire une manœuvre pour se mettre à contresens aux abords de la pompe. Une habitude que connaissent bien les utilisateurs de voitures électriques pour se brancher à la borne. Pour l’hydrogène, c’est un pistolet similaire à celui utilisé pour le LPG ou le CNG. En appuyant sur le bouton de déverrouillage de la trappe à carburant, il faut être sûr que la voiture se dise prête à faire le remplissage sur le tableau de bord. C’est réglé en quelques secondes. À l’extérieur, il y a un dispositif à placer sur l’embout avant de le verrouiller. Ensuite, il faut appuyer sur le bouton vert du panneau de commande de la pompe. Psshiit, c’est parti. Tout est automatique. Une communication permanente entre la voiture et le dispositif de remplissage sécurise l’opération. Il faut compter une petite minute par kilo pour faire le plein. Un bouton rouge permet de couper le remplissage plus tôt. Car, et contrairement aux bornes de recharge, il est possible de connaître le prix du gaz déjà injecté dans la voiture, en temps réel. Quand c’est fait, il faut juste déverrouiller le pistolet (attention, c’est froid), le ranger et refermer la trappe. Cet arrêt a coûté 50 euros pour 5 kg. La voiture annonce un bon 420 km d’autonomie sur base de la consommation moyenne mesurée par l’ordinateur de bord. Mais on y reviendra !

Pour tester l’autonomie et la consommation, direction une autre pompe DATS 24, celle d’Haasrode près de Louvain. Après avoir quitté l’autoroute, nous progressons sur les routes flamandes à 70 km/h et 50 km/h, voire 30 km/h. Toujours en toute discrétion. Après 1 heure de conduite et 72 km, il reste encore plus de 350 km d’autonomie. Heureusement, car la pompe H2 louvaniste est affublée d’un autocollant bilingue « Tijdelijk buiten dienst - Temporairement hors service ». Fichtre ! Au lieu d’aller à celle de Zaventem appartenant à Air Liquide, nous nous lançons dans une balade de 183 km entre Louvain, Malines, Anvers, Bruxelles et Hal. C’est là que se trouve une autre station DATS 24 pour faire le plein d’hydrogène. Depuis le remplissage près d’Anvers, nous avons déjà parcouru 255 km. Et l’autonomie restante affiche 159 km ! 255+159=414. C’est là un autre avantage de la pile à combustible. Le système est moins sensible aux différences de température qu’une batterie et la consommation sur autoroute est moins pénalisante. Dès lors, il est plus facile d’estimer son autonomie. Après 4 kg d’hydrogène, retour au bercail à Nivelles pour finir la semaine en usage quotidien.

À l’arrêt, la BMW se met à souffler, à ronronner et à fumer. Pas de panique, c’est de la vapeur d’eau, comme celle produite durant la conduite. Le système doit en effet évacuer les résidus de l’H2O. Pour cela, il la chauffe pour qu’elle se transforme en vapeur. C’est une nécessité. Si cette eau devait refroidir et stagner, ou pire geler, cela détériorerait le véhicule. En soi, on a là une voiture qui fait plus de bruit à l’arrêt qu’en conduite ! Ce qui n’a pas manqué de surprendre un passant promenant son chien.

Combien ça coûte ? BMW iX5 Hydrogen

Les jours restants, nous mêlons trajets plus ou moins courts en ville de province et allers-retours vers Bruxelles et sa banlieue avant de la ramener entre Anvers et Bruxelles avec, à l’arrivée, plus de 100 km en réserve. Les 6 kg des réservoirs ont permis de faire ces parcours sans avoir besoin de reprendre de l’hydrogène. Une fois de plus tant mieux, car la station Air Liquide de Zaventem que nous voulions testée nous a réservé une mauvaise surprise. Elle a le symptôme de la borne électrique : elle ne prend pas les cartes bancaires. Tant mieux, car son kilo coûte bien plus cher : 15,5 € ! Il y a pire : CMB Tech à Anvers : 18 € !! Chez DATS 24, c’est 9,99 €. La consommation moyenne a oscillé entre 1,2 kg/100 km en ville en mode Eco et 1,4 kg/100 km sur autoroute en mode Sport. Soit, en optant pour les pompes les moins chères, entre 12 € et 14 € les 100 km. On a connu plus cher avec d’autres technologies… Quant au prix de la voiture, impossible d’en parler. Il s’agit encore d’un prototype. Notez le prix des seuls modèles hydrogène du marché : la Hyundai Nexo coûte 74.000 € et la Toyota Mirai se négocie à 68.600 €. Plus puissante et premium, la BMW iX5 Hydrogen devrait être plus chère.

Notre verdict BMW iX5 Hydrogen

« Ça marche ! » Nous pourrions nous contenter de dire ceci pour conclure ces quelques jours au volant d’un SUV à pile à combustible. Comme avec la Hyundai Nexo et la Toyota Mirai en somme. La BMW iX5 Hydrogen combine efficacement le meilleur des deux mondes : l’agrément d’une motorisation électrique (accélération, silence, puissance, flexibilité) et la rapidité d’un plein à la pompe (5 minutes pour faire 400 km). Évidemment, à l’heure actuelle l’infrastructure n’est pas favorable à l’hydrogène. C’est encore plus compliqué qu’avec une électrique. À moins d’habiter au nord du pays ou près de Liège compte tenu des stations actuellement disponibles, et de préférer les Pays-Bas, l’Allemagne et le Danemark plutôt que la France, l’Espagne ou l’Italie pour ses vacances.

Mais ce sera bientôt possible. L’Europe a changé de braquet pour l’hydrogène avec de nombreux projets en développement pour assurer dans un futur proche une station H2 tous les 100 km le long des grands axes européens. Et franchement, pour les gros rouleurs, pour ceux qui doivent tracter et tous ceux qui habitent dans des zones avec un hiver rigoureux ou avec peu d’infrastructures de recharge pour les électriques, l’hydrogène a vraiment son mot à dire d’ici 2035 !

Note : nous avons roulé avec le véhicule immatriculé 749, exactement similaire à celui 731 utilisé durant le shooting photos de BMW.