Essais courts / BMW M3 Touring (2023) - Une fusée avec un coffre

Concept BMW M3 Competition M xDrive Touring

Commençons par le changement que tout le monde perçoit instantanément : l'allongement supplémentaire et l'impact qu'il pourrait avoir sur la tenue de route. Eh bien, par rapport à la berline M3 - et, par extension, au coupé M4 tout aussi long - ce Touring s'allonge de 7 mm. Oui, vous avez bien lu : 7 mm à peine perceptibles. Des cacahuètes, en d'autres termes. L'empattement est totalement identique, d'ailleurs, et prétendre que la Touring serait une M moins adaptée parce qu'elle présente une empreinte au sol majorée peut être classé dans la catégorie des conneries.

Et pourtant, nous avons dû attendre la septième génération de la Série 3. Ou plutôt, elle a bien failli voir le jour avec la E46 M3 Touring, mais au-delà d'un unique prototype, elle n'a finalement pas vu le jour. De toute évidence, il n'était pas facile d'égaler la rigidité de la berline et du coupé. Ceci, et le fait qu'il y avait peu d'appétit sur le marché américain pour une telle fusée dotée d'un grand coffre, a fait que le constructeur bavarois a finalement décidé de se contenter des variantes qui rapporteraient assurément de l'argent.

De gustibus et coloribus non est disputandum bien sûr, mais à notre humble avis, ils ont eu tort. Tant les Américains que BMW. Que les larges hanches de la M3 Touring sont belles ! Ne trouvez-vous pas que cette ligne de toit haute (un toit toujours disponible en noir brillant de série) se combine à merveille avec le diffuseur prononcé et les quatre sorties d'échappement larges comme le poing (10 cm de diamètre chacun) ? C'est du porno automobile de premier ordre. Ce qui, en tant que passionné de voitures, vous oblige à la regarder.

De plus, cela permet de vendre la M3 Touring de manière rationnelle. En effet, avec un volume minimum de 500 l - que vous pouvez étendre à 1510 l grâce aux sièges arrière rabattables dans un rapport 40/20/40 - vous pouvez aussi l'emmener au parc à conteneurs. Ou au supermarché. Ou n'importe quel autre endroit où vous devez entasser des quantités supérieures à la moyenne de contenu dans votre coffre.

Des biens que l'on peut ensuite ramener rapidement à la maison. Après tout, rien n'a changé en ce qui concerne le six cylindres en ligne de 3 litres - le fameux S58. Toutefois, dans la Touring, ce moteur turbo essence n'est disponible qu'en version Compétition couplée à la transmission intégrale M xDrive. Mais faut-il s'en plaindre ?

Conduite BMW M3 Competition M xDrive Touring

Concrètement, le spectre dans lequel la M3 Touring déploie ses prouesses reste gigantesque. En effet, à l'instar de la berline, du coupé et du cabriolet, dans la Touring, vous pouvez choisir de répartir la puissance sur les quatre roues ou de la réserver aux deux roues arrière. Il va sans dire que cette préférence contribue à déterminer la quantité de gomme que vous aurez fumée à la fin de la conduite.

Car la puissance ne manque clairement pas. Comme toutes les autres M3/M4 de compétition, la S58 développe 510 ch et 650 Nm dans la version Touring, ce qui, dans ce cas, est suffisant pour franchir le cap des 100 km/h en 3,6 s. La finesse aérodynamique un peu moins favorable (0,36 contre 0,34 Cx) ainsi qu'un poids plus élevé (+85 kg par rapport à la M3 berline et +90 kg par rapport à la M4 coupé) font que ce chrono est supérieur d'un dixième à ce à quoi nous sommes habitués. Seuls les pinailleurs s'en apercevront.

Une conclusion qui tient la route lorsque la ligne droite se transforme en courbe. La M3 Touring est donc très sollicitée lorsqu'elle doit se décharger du roulis au même titre que les autres dérivés M mentionnés plus haut. Et là encore, nous ne nous attendions à rien d'autre, étant donné que le break semble également être assez interchangeable en termes de suspension et de direction. Bien entendu, la géométrie et la cinématique de l'essieu arrière ont été spécifiquement adaptées à la Touring, et la chasse, le carrossage, l'angle de fusée et le rapport de direction ont été revus.

En d'autres termes, même dans la Touring, il suffit de regarder la corde et d'y plonger sans vergogne. Après quoi, au diapason de la mélopée mécanique - que le chat de ce 3 litres est fantastique ! - il suffit d'enrouler le virage. Sans que cette BMW M3 Touring ne manifeste la moindre envie de s'écarter d'un millimètre de la trajectoire tracée. 

Verdict BMW M3 Competition M xDrive Touring

Ceux qui pensaient que la M3 devrait sacrifier beaucoup de sportivité en version Touring, avaient tort. Bien sûr, sur un circuit fermé, la berline ou le coupé s'avéreront plus efficaces. Parce qu'ils sont beaucoup plus légers et plus aérodynamiques. Mais on aimerait bien voir le conducteur de cette M3 quatre portes/M4 retirer ensuite les gommes fraîches de leurs coffres respectifs. Un jeu de jantes de rechange que l'on extrait de la poupe de cette Touring sans le moindre effort. Mais il y a peut-être une raison à cette folie.

Photos : Lennen Descamps