Concept Ineos Grenadier 2023
Sir Jim Ratcliffe est un homme passionné dont les talents de dirigeant d’entreprise à succès lui donnent les moyens de vivre ses passions sans retenue. Fondateur et CEO du géant industriel INEOS (25.000 employés, 36 divisions, 184 sites de production dans le monde…), il s’est mis en tête, il n’y pas longtemps, de créer sa propre marque automobile. Et 5 ans à peine après les premières réflexions sur le projet, la voiture est sur la route et nous l’essayons dans les tourbières d’Ecosse. Avec son Grenadier, Jim Ratcliffe voulait un retour aux sources : de vraies capacités de franchissement, une robustesse à toute épreuve, une conception simplifiée pour faciliter les entretiens et réparations, du « commitment », autrement dit de l’engagement de la part du conducteur et surtout pas… d’hybride ni d’électrique.
Le solide châssis en échelle et en acier accueille une carrosserie dont les principaux panneaux sont en alu (pour privilégier le gain de poids et se prémunir de la corrosion). Le moteur ? Un 6-en-ligne turbo 3 litres BMW recalibré, au choix en Diesel (249 ch/550 Nm) ou à essence (286 ch/450 Nm) . La boîte ? Une automatique ZF, of course ! La boîte de transfert, permettant d’obtenir une gamme de rapports courts ? Tremec. Les essieux rigides ? De chez Carraro, le spécialiste des essieux agricoles et forestiers. Du solide, quoi. La transmission intégrale permanente ? De chez Magna. What else ? La direction ? Un boîtier Bosch, jugé plus robuste qu’une crémaillère. La tableau de bord ? Lavable au jet dans sa partie inférieure, les commandes plus sensibles étant protégées dans le ciel de pavillon. Les ressorts en acier et les amortisseurs ? De chez respectivement Eibach et Koni. Les sièges ? Chez Recaro… Il en ressort un vrai 4x4 qui fleure bon la robustesse et les grands espaces, qu’ils soient boueux, sablonneux ou rocailleux, et ce dès l’arrêt.
Contrairement à certains qui se contentent de tours de roues en plastique noir pour faire illusion, lui ne ment pas sur ses intentions. Équipé de série d’un blocage manuel de différentiel central (via un bon vieux levier dans la console centrale, à agripper d’une poigne ferme) et, en option (sur base et Fieldmaster) ou de série (sur le Trialmaster), d’un blocage des différentiels avant et arrière, le Grenadier est en outre capable de tracter 3,5 tonnes, d’engouffrer jusqu’à 2035 l dans son coffre et de s’aventurer dans 80 cm d’eau. Ce 4x4 5 portes-5 places (ou 2 places en utilitaire) affiche des proportions de Defender de l’ancienne génération. Est-ce voulu, comme un pied de nez élégant dont les Anglais sont les maîtres ? Ou le résultat pragmatique d’une volonté d’exploiter au mieux l’encombrement extérieur ? Mais une chose est sûre : une fois installé au volant, on se sent prêt à partir sur les pistes les plus inhospitalières du monde. Ce sentiment de robustesse exulte en effet dès les premiers instants.
Conduite Ineos Grenadier 2023
La première (longue) journée d’essais nous emmène au volant d’une version à essence. Notre Grenadier est équipé des BF Goodrich All Terrain optionnels largement cramponnés (remplaçant les Bridgestone Dueler de série). Ils touillent dans les terres humides au rythme lent mais continu que leur impose la voiture en mode 4x4 et Off-Road, différentiel central bloqué manuellement par le levier qui demande une poigne ferme. La progression se fait sans effort apparent, peu importe la déclivité, positive ou négative. Une descente abrupte se présente, longue et vertigineuse. Notre guide nous prévient : elle est recouverte d’une « green ice », une « glace verte », tant l’herbe, si belle qu’elle soit, n’offre absolument aucune adhérence. Hill Descent Control engagé , l’Ineos se débrouille seul et très bien. Il gère sa vitesse, son adhérence, reste en ligne comme s’il n’avait rien remarqué. Imperturbable. Et dire qu’en cas de soucis, on peut encore bloquer les différentiels arrière et avant ! Et en option, le Grenadier peut disposer de treuils, avant et/ou arrière, parfaitement intégrés, capables de tracter 5,5 tonnes et actionnables soit de l’intérieur soit via une télécommande. Des envies de Camel Trophy nous viennent. Soit.
Pourtant, avec ses 80 cm d’eau guéable, son verrouillage central, tant sur les rapports longs que courts, et le couple de son 3 litres turbo, le Grenadier serait paré. Les débattement de ses suspensions, pourtant limités par les essieux rigides, permettent en outre de croiser le fer et les ponts dans des trous de plus d’un mètre de profondeur sans menacer l’avancement. Tout simplement impressionnant. Et tout cela sans le moindre couinement ou grincement de mobilier, preuve de la rigidité de la structure. En ce sens, le Grenadier est sans conteste l’un des derniers 4x4 purs et durs, aux côtés peut-être d’un Mercedes Classe G, d’un imminent Ford Bronco ou de l’inamovible Toyota Land Cruiser ; les autres, Defender et autres Wrangler, ayant emprunté le chemin d’autres voies hybrides.
Mais sur la route ? Le constat reste excellent malgré la rusticité apparente des suspensions. L’accord amortisseurs/ressorts réussi le met à l’abri des tressautements habituellement ressentis à bord avec ce genre de 4x4 dur à la tâche. Il n’y a que la direction, faisant appel à un boîter et pas à une crémaillère, qui déroute, par sa démultiplication exagérée (il faut mouliner du volant), son absence de retour spontané vers le point milieu et par une latence entre l’injonction au volant et la réaction effective des roues. S’il y avait un point à améliorer, ce serait celui-là.
Le Grenadier est distribué chez nous par le groupe suédois Hedin Automotive. Dès le 23 février une première concession ouvrira à Lokeren. Bruxelles et Liège suivront encore cette année. Les prix de base débutent à 67.000 € TVAC pour la version utilitaire 2 places et 76.000 € TVAC pour la version « civile » 5 places, ce qui n’a rien d’exagéré si on le compare à son seul concurrent japonais, le Land Cruiser. La gamme comporte une version de base Grenadier, complétée d’une version Trialmaster très orientée vers le 4x4 sévère (avec notamment son schnorkel de série et ses jantes en tôle) et le Fieldmaster, un peu plus luxueux, avec par exemple ses sièges en cuir. Très vite apparaîtra une version pick-up double cabine.
Verdict Ineos Grenadier 2023
Le Grenadier assume son anachronisme dans un monde pétri de bonnes intentions électriques. Même si des projets en ce sens existent pour l’avenir, il s’en tient pour l’heure à l’essentiel – ses moteurs thermiques BMW – et reste fidèle jusqu’au bout de ses crampons à sa vocation d’aventurier que rien n’arrête. Quand la plupart des marques ou presque tournent le dos à cette utilisation, lui trace sa route sur les chemins de traverse avec toute sa compétence. Même si une partie infime des acheteurs exploreront réellement ses incroyables possibilités, comme souvent avec les 4x4, rien que le fait de savoir qu’il en est capable rassurera sans doute aussi ses acheteurs qui se cantonneront à quelques avenues bien en vue. Un spectre d’utilisation tellement large que l’on se demande si le vrai nouveau Range, ce ne serait finalement… pas lui.
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