Concept Lotus Emira 2.0 Turbo
La Lotus Emira succède à l’Evora et marquera l’histoire du constructeur britannique en étant son dernier modèle à moteur thermique. Ou plutôt à moteurs thermiques puisque Lotus propose désormais une deuxième variante de sa berlinette à moteur central arrière. Initialement lancée avec un V6 Toyota dopé par un compresseur et associé au choix à une boîte mécanique ou automatique à 6 rapports, la Lotus Emira a désormais droit à un quatre cylindres 2.0 l turbo fourni par AMG et qui s’accompagne exclusivement d’une boîte automatique DCT à 8 rapports, elle aussi en provenance de Stuttgart. La question étant de savoir si cette dualité a un sens. Avec 360 ch et 430 Nm, le quatre-pattes concède certes une quarantaine de chevaux au V6 tout en offrant le même couple maximal sur une plus large plage de régimes. En sus, la Lotus Emira 4 cylindres est 50 kg plus légère que son homologue à deux cylindres de plus. Au final, les performances restent proches puisque Lotus annonce 4,4 s pour passer de 0 à 100 km/h et une vitesse de pointe de 275 km/h, contre 4,2 s et 288 km/h pour la V6 à boîte automatique. La raison d’être de cette variante à moteur teuton se situe donc davantage dans la volonté de Lotus d’élargir sa clientèle potentielle sur certains marchés avec une cylindrée plus attractive fiscalement et une boîte auto plus évoluée.
En termes de tarifs également, les deux Emira restent proches puisque la V6 First Edition était facturée 99.660 € en Belgique pour 97.625 € à la « AMG First Edition » aujourd’hui. Dans l’habitacle, rien ne change par rapport à la V6 à boîte automatique, on retrouve donc le petit espace de rangement sous le levier de vitesses dans la console centrale. L’écran central de 10,25 pouces conserve ses graphismes clairs, lisibles mais également son fonctionnement un peu lent et manquant parfois d’intuitivité. Les matériaux sont qualitatifs, bien assemblés et cette Emira se distingue toujours par une ergonomie de bon aloi et une excellente visibilité, tant vers l’avant que vers l’arrière, chose assez rare pour une berlinette à moteur central.
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Conduite sur circuit Lotus Emira 2.0 Turbo
Notre exemplaire d’essai était équipé de la suspension Sport, plus ferme et adaptée à un usage sur circuit notamment, mais le client peut opter pour la suspension Tourer plus conciliante au moment de configurer son Emira. Trouver une position de conduite idéale ne pose aucun problème à bord de la petite anglaise qui pourra cependant frustrer certains à cause d’un volant dont la jante masque le compte-tours numérique. En conduite sportive ou sur circuit, c’est assez gênant. Il faut alors se fier davantage à son ouïe pour gérer les changements de rapports manuellement. Non pas que la boîte ne soit pas réactive, surtout en mode Track (deux autres modes, Tourer et Sport, sont proposés), mais il est toujours agréable de jouer avec le frein moteur. Nous avons cependant noté qu’en cas de gros freinage, lorsque l’on rétrograde deux fois, la gestion de la boîte automatique DCT refuse parfois de « rentrer » le deuxième rapport inférieur demandé. Pas grave, le couple très généreux du moteur compense aisément. Sur le tracé à la fois rapide et technique de Hethel, l’Emira « AMG » a rappelé à nos bons souvenirs la précision démonique du train avant, parfaitement servi par l’assistance hydraulique qui permet la transmission de tout ce qui se passe au niveau des roues antérieures. Tout simplement magique pour une voiture contemporaine.
Le châssis équilibré invite à jouer sur les transferts de masse et fait preuve d’une agilité rassurante car jamais débordante. Si les attitudes de ballerine d’une Elise sont bien lointaines, force est de constater que Lotus n’a pas perdu son savoir-faire, en dépit des plus de 1500 kg de la bête une fois le conducteur/pilote et son « ange gardien » assis à bord. De son côté, le moteur ne sourcille pas face à l’effort et profite de son couple abondant pour relancer la monture avec une poigne certaine. Seul bémol, la sonorité du quatre cylindres manque cruellement de lyrisme pour vous enchanter les esgourdes. Mais on a déjà connu pire. Sur circuit, l’Emira reste dans son élément et justifie pleinement le choix de la suspension Sport qui y trouve un terrain de jeu parfaitement adéquat. Sur outes ouvertes, c’est un autre débat…
Conduite sur route Lotus Emira 2.0 Turbo
Notre essai avait lieu aux alentours de l’usine historique de Lotus à Hethel. Notre périple nous emmenait donc au travers des campagnes anglaises pour ensuite longer la côte et profiter de l’air aussi iodé que ne le fût notre « lunch ». Sur ces routes bombées, bosselées et régulièrement dégradées, la Lotus Emira 2.0 Turbo toujours équipée de la suspension Sport s’avéra moins agréable à emmener… à basse vitesse. Sous les 60 km/h, la suspension semble figée et a tendance à vous secouer allègrement. Certes, elle ne tombe jamais dans la sécheresse ou la brutalité, mais disons qu’un soupçon de flegme britannique supplémentaire eut été le bienvenu. Si vous utiliserez principalement votre Emira sur routes ouvertes, le choix de la suspension Tourer s’impose.
Plus dommageable, le bourdonnement du quatre cylindres turbo peut vite devenir envahissant sur les grands axes à vitesse constante. Ajoutez-y l’étroitesse des sièges sport au niveau des hanches et vous obtenez un cocktail incompatible avec de longs périples. Dommage car l’installation audio est efficace, la climatisation fonctionne très bien et le confort global ne souffre pas la critique une fois que l’on hausse le rythme. Plus on va vite et plus le châssis prend vie, gommant les aspérités et les ondulations avec maestria. Seules les déformations de la chaussée se rappelleront à votre bon souvenir en induisant un phénomène de copiage du train avant qui impose de très fréquentes corrections. Alors, le caractère direct, un peu « lourd » de la direction, pourra paraître à certains comme un défaut. Même problème avec la gestion de la boîte DCT qui manque de fluidité à basse vitesse et ne change de rapport qu’à l’approche du rupteur dans certaines circonstances sans que l’on ait le pied au plancher. Au vu de la sonorité quelconque du moteur, c’est dommage.
Verdict Lotus Emira 2.0 Turbo
La Lotus Emira dotée du quatre cylindres turbo AMG ne perd rien des qualités qui nous avaient séduits au volant de la V6 : direction précise, informative et directe, châssis équilibré, compétent et cohérent, visibilité excellente vers l’arrière comme vers l’avant. Et les performances sont elles aussi au rendez-vous au point de vous faire – presque – oublier la masse désormais conséquente de l’engin. Ajoutez-y un poste de conduite bien pensé, bien équipé et bien construit et cette Emira s’érige en compagne idéale pour les escapades dominicales et bucoliques ou pour chasser le chrono sur circuit.
Pour engageante et vivifiante qu’elle soit, la conduite de cette Emira au long cours en rebutera certains en raison d’une mécanique manquant d’âme et de musicalité et une insonorisation insuffisante. Seule certitude, ceux qui dégusteront leur Emira sur route principalement devront cocher la case « Suspension Tourer ». Toutefois, à près de 98.000 €, la First Edition reste très onéreuse face à ses concurrentes… le prix de l’exclusivité peut-être ?
Dans cet article : Lotus, Lotus Emira
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