Essais courts / Tesla Model X Plaid 2023 : décollage immédiat !

Concept Tesla Model X Plaid

Avec 3 moteurs, la Tesla Model X Plaid délivre autant de puissance que son homologue Model S Plaid : 1020 ch pour un couple instantané de 1300 Nm. Cette artillerie est distillée entre deux moteurs arrière de 450 ch et un moteur avant de 300 ch. Toutefois, avec son poids de 2,5 tonnes, le SUV accélère un peu moins vite que la berline : 2,6 s au lieu de 2,1 s pour le 0 à 100 km/h. Mais on y reviendra. Pour l’instant, concentrons-nous sur le cockpit. On peut véritablement parler de cockpit. Le pare-brise s’étendant très loin au-dessus de la tête donne à voir le ciel. Le conducteur se mue en pilote avec le Yoke, la commande inspirée de l’aviation. Il y a également le grand écran tactile central, véritable centre névralgique de la Model X. Il faut même y passer pour passer en marche arrière ou marche avant, ou pour allumer les phares antibrouillard ou pour régler l’inclinaison des aérateurs de la climatisation. Pas de leviers de commandes autour du Yoke, mais des boutons pour les clignotants, les phares, les essuie-glace, l’Autopilot et la commande de l’autoradio (si on peut encore appeler ça comme ça dans une Tesla).

Le processeur de l’infodivertissement est un bijou technologique conçu pour le gaming : l’AMD Ryzen CPU. D’ailleurs, Tesla – à l’image de son mentor Elon Musk – a intégré des jeux vidéo dans la Model X. Il y a une sorte de Mario Kart, version Tesla, que l’on peut jouer en utilisant le Yoke et la pédale de frein. En position P, bien évidemment. Il y a également un Sudoku, un Mahjong, un jeu d’échecs (on a battu la voiture deux fois) et un tas de choses inutilement amusantes. Comme le contrôle antipollution qui est un générateur de… pets. Et le traducteur francophone s’est lâché avec une flatulence « Le Glaude », comme dans la « Soupe aux Choux » avec Louis de Funès. Le décor est planté ! Manifestement, Tesla a décidé qu’une voiture était aussi une pièce où il fait bon s’amuser, avec pléthore de gadgets et de fonctions axées sur la bonne humeur. Il y a même un show nocturne avec phares et chorégraphie des portes papillon. Ou encore un feu de bois sur l’écran associé à un courant d’air chaud venant de la climatisation. Son prix varie au gré du vent sur le site officiel, variant de 133.990 € à 143.990 €. Aux dernières nouvelles, c'est 134.970 €.

L’accès à bord de la Model X se fait soit avec une carte, mais plus simplement grâce au smartphone dans la poche associé à la voiture (ne pas oublier d’activer le Bluetooth). La porte s’ouvre même seule parfois, au risque de se la prendre dans la tronche. La cinématique des portes arrière reste un spectacle, même si on évitera de le faire dans un garage bas de plafond. Tout cela peut s’ouvrir ou se fermer via des boutons, l’écran central ou l’application sur le smartphone. Pour entrer ou sortir la voiture de sa niche pour la nuit ou d’une place de parking étroite, l’application sur le smartphone permet de déplacer la Model X en la télécommandant du bout des doigts. On peut voyager à 6 dans cette X Plaid. Un écran entre les sièges avant permet aux passagers arrière de se distraire, avec Netflix par exemple… Chacun a droit à un siège individuel confortable, mais qui aurait mérité plus de maintien latéral vu les prétentions de cette version ultrapuissante. Le coffre n'est pas ridicule en configuration 6 places avec assez de volume pour les courses. Pour les vacances, par contre, il faudra un coffre de toit (léger et aérodynamique). Il y a également un frunk à l’avant suffisamment spacieux pour un petit sac. Les câbles ont leur logement, plutôt généreux, sous le plancher.

Conduite Tesla Model X Plaid

Pour démarrer l’engin, il suffit d’appuyer sur la pédale de frein et puis de l’accélérateur. En veillant toutefois à vérifier qu’elle a bien mis le bon sens de conduite, sans quoi il faut faire un mouvement du doigt sur la gauche de l’écran. C’est parti ! Vous voulez savoir quelle panoplie de cris d’effroi peuvent avoir vos amis ? Invitez-les à bord de la Model X Plaid, placer le mode de conduite en « Plaid » et, par exemple sur une rampe de lancement d’une autoroute, faites une accélération vigoureuse. Effet garanti durant 3 secondes de folie (jusqu’à 120 km/h). Même un vieux briscard ou un motard peut être surpris par cette accélération et ressentir tous les fluides de son corps se diriger vers le cerveau. Ça chatouille l’estomac et coupe le souffle. Attention : certains restent totalement paralysés par la surprise (et la peur). Et encore, il y a pire : le mode Dragster.

Malgré le catapultage, la motricité de la Tesla Model X Plaid, à quatre roues motrices, ne fait pas défaut. Tout cela est parfaitement réglé. La présence de pneus Michelin Pilot Sport 4S de 20 pouces, mais avec une bonne épaisseur de gomme (275/45 R 20) compensent la fermeté du châssis, malgré ses suspensions pneumatiques. L’Américaine absorbe bien les pavés, elle supporte moins certaines imperfections transversales sur le bitume. Même en mode de conduite Chill, avec un pédale beaucoup moins à fleur de peau qu’en Plaid, la Model X offre parfois quelques coups de boutoir dans le bas du dos. Entre Chill et Plaid, il y a un mode Sport. Mais tant qu’à y aller, autant régler la voiture sur Plaid. Laquelle peut rouler jusqu’à 262 km/h.

De belles performances ternies par le Yoke. Franchement, prenez la Tesla avec un volant. Il y a moyen de s’habituer au Yoke avec ses commandes intégrées, mais il sera toujours difficile d’enclencher le clignotant de droite en sortie de rond-point vu la position du bouton devenu inatteignable ou bien de laisser le Yoke glisser entre les mains ou encore de faire une manœuvre de stationnement sans avoir une main qui finit par s’accrocher dans le vide. Il a aussi fallu comprendre comment activer les grands phares. Vouloir révolutionner l’automobile, c’est bien. Mais le volant n’est pas arrivé dans nos voitures par hasard. Pourquoi vouloir renoncer à ce qui marche à merveille ? Bref, fuyez ce truc Yoke !

Une autre caractéristique propre au Tesla nous a quelque peu « désappointé ». AutoPilot, en soi, n’est ni meilleur, ni pire que les systèmes de conduite semi-autonome proposés par d’autres constructeurs. On y retrouve les mêmes failles, notamment sur les limitations de vitesse et la lecture de la signalisation. La Tesla a aussi du mal à garder la ligne quand le marquage défaille ou que la météo est capricieuse. Certains piétons ont été invisibles pour la Model X. C’est facile à vérifier, sur l’écran derrière le Yoke, des animations affichent ce qu’AutoPilot détecte : signalisation, camion, voiture, piéton… Franchement, ceux qui font trop confiance à leur Tesla en se déconcentrant de la route risquent leur peau. Par ailleurs, les pare-soleil sont vraiment peu efficaces face à l’astre du jour rasant. Il faut également appréhender la taille de cette voiture et une visibilité ¾ arrière parfois problématique.

La batterie Panasonic de 95 kWh en capacité utile (100 kWh bruts) peut se recharger à 250 kW sur un superchargeur V3. La consommation moyenne a oscillé entre 19,7 kWh/100 km en utilisant souvent le mode Plaid et 29,2 kWh/100 km en exploitant au maximum le mode Plaid sur un court trajet de démonstration. En conduite « Chill », il est possible de descendre à 19 kWh/100 km sans charger à battre des records d’écoconduite. Cela donne une autonomie de 500 km dans le meilleur des cas, et plus de 450 km en conduite dynamique, mais respectueuse des limitations de vitesse (donc avec la Tesla coupée dans son élan). Au moment de charger sur une infrastructure Tesla Supercharger V2, la recharge a été quelque peu décevante, avec une vitesse de 75 kW. Ce qui est inhabituel chez Tesla. 80 % des bornes Supercharger du site étaient utilisées. La marque a développé un réseau au maillage impressionnant, avec un équipement fiable. Mais une voiture électrique, Tesla ou pas, peut rester capricieuse sur sa capacité de charge une fois branchée sur la borne.

Verdict Tesla Model X Plaid

Entre le pare-soleil à l’utilité toute relative et le Yoke complètement inadapté à nos routes sinueuses et parsemées de giratoires, la Tesla Model X Plaid a quand même de fameux arguments. Tout d’abord, le plaisir de conduite est garanti. L’autonomie est vraiment épatante. Le confort l’est aussi dans cet habitacle vaste, à la finition moyenne, dominé par la technologie et ses écrans. Cette voiture est complètement folle par les sensations incroyables quand il s’agit de faire parler les 3 moteurs. Car le Model X Plaid est un SUV au tempérament d’hypercar. Certes, il ne faut pas rêver non plus, sur piste, son gabarit et sa masse resteront un handicap. Il faut la prendre pour ce qu’elle est : une voiture au caractère bien trempé, différemment ludique, oscillant entre l’opulence bourgeoise de l’adulte au statut affirmé et l’esprit rebelle de l’adolescent malicieux. C’est clairement un véhicule pour grands enfants.