Essais moto / Suzuki GSX-1300R Hayabusa (2022) – La reine de l’Autobahn

Concept

Pour quelle raison Suzuki a-t-il choisi pour cette troisième génération de son Hayabusa de réduire à la fois la puissance (-7 ch) et le couple (-5 Nm)? En tant que constructeur, on peut aborder la problématique des normes Euro 5 de deux manières. Soit on augmente la cylindrée afin de maîtriser l’aspect thermique (et donc les émissions) pour continuer à augmenter les performances, ou on conserve une cylindrée identique en acceptant de revoir les ambitions quelque peu à la baisse. 99% des constructeurs optent pour la première option. Ce n’est pas le cas de Suzuki, ce qui est assez étonnant dans le cas d’une moto qui doit justement se distinguer par sa puissance et ses performances.

Suzuki s’est concentré davantage sur les moyens régimes et la vitesse maximale de quelque 300 km/h est atteinte désormais encore plus vite. La principale évolution est électronique puisque cette Hayabusa reçoit non seulement un contrôle de motricité et de wheeling (10 niveaux), mais aussi un Power Mode Selector (3 niveaux), un frein moteur ajustable, l’ABS actif sur l’angle et un quick-shift up/down. Vous avez le choix entre des réglages préprogrammés dans les modes de conduite Active, Basic et Comfort, et vous pouvez entièrement paramétrer tout cela dans les trois modes User. On dispose également d’une stratégie de départ, d’un régulateur de vitesse et du contrôle de démarrage en côte, trois fonctions faciles à contrôler via la commande à l’apparence simple mais fonctionnant parfaitement logée sur le demi-guidon gauche.

Conduite

Nous devons bien l’admettre : notre cœur cogne un peu au moment de monter sur cette portion de l’A57, juste de l’autre côté de la frontière allemande, avec la Suzuki Hayabusa. Généralement, ouvrir les gaz en grand en ligne droite n’est pas le genre d’exercice que nous considérons comme vraiment quelque chose de très excitant. Mais l’idée de se retrouver catapulté en quelques secondes à peine aux alentours de 300 km/h, c’est quand même assez spécial. Nous laissons passer quelques camions, histoire d’avoir une autoroute bien dégagée, avant de passer la première.

Dès que le 4-cylindres de 1,3 litre commence à s’exprimer, la Suzuki Hayabusa vous saisit à la gorge. Littéralement même si vous n’avez pas tout de suite plongé dans la bulle. Le compte-tours bondit, vite suivi par l’aiguille du tachymètre, qui grimpe allègrement. En 2,5 secondes seulement, cette Hayabusa atteint les 100 km/h. En à peine 10 secondes, nous voilà déjà à 240 km/h. Pendant ce temps, nous essayons de coordonner parfaitement le regard et les mouvements du pied en fonction de l’indicateur de changement de rapport, histoire de donner au meilleur moment une petite impulsion sur le quick-shift.

La Suzuki Hayabusa continue à pousser. À 275 km/h, nous passons la sixième. Et, enfin, l’accélération semble un peu s’adoucir. La résistance aérodynamique est exponentielle. Sur notre droite, les camions défilent à une vitesse folle. En moins de trente secondes, le compteur s’est calé sur 299. Nous filons vers l’horizon à 80 mètres par seconde. Aucun doute: cette Hayabusa demeure une véritable Autobahnmeister.

Une fois passé Cologne, nous prenons la direction des collines. Et là, on a directement la confirmation que la Suzuki Hayabusa est aussi une moto particulièrement agréable. On ressent parfois son poids, mais elle se met vite en pilotage automatique, basculant d’un angle sur l’autre. Il arrive juste que l’arrière se montre un peu nerveux quand on remet énergiquement les gaz sur l’angle. Mais ce n’est jamais vraiment trop surprenant. À ce niveau, cela aurait contribué à l’image de «GT haut de gamme» de la Suzuki Hayabusa si la suspension avait été semi-active, histoire de pouvoir à la fois mieux absorber les bosses et affiner l’amortissement quand on hausse le rythme. Mais bon…

Verdict

Une dévoreuse d’autoroute telle que la Suzuki Hayabusa a-t-elle encore une raison d’être en 2022? C’est le cas pour les adeptes des hautes vitesses. Le 4-cylindres de cette GSX-1300R regorge de chevaux et de Newton-mètre, et ses accélérations sont donc sidérantes. Ce bloc est aussi particulièrement souple, ce qui permet à cette Hayabusa, avec sa partie-cycle très équilibrée et ses nombreux équipements électroniques, de hisser au rang d’art sa capacité à enquiller les kilomètres à plus de 200 km/h. 

Source : cet essai a été réalisé par notre partenaire Motorrijder-magazine.