Premier essai / Ferrari Purosangue V12 (2023) : Cheval de course ou canasson d'agriculteur ?

Chez Ferrari, on ne veut pas connaître de rupture de style. Le Purosangue est peut-être le premier modèle de sa glorieuse histoire à présenter une carrosserie crossover dotée de deux portes arrière, mais à Maranello, on insiste surtout sur le lien avec les grandes GT du passé. Si l'on suit la lignée, le Ferrari Purosangue reprend simplement le flambeau de la GTC4 Lusso. L'objectif est surtout d'éviter de parler d'un SUV.

Bien entendu, ce raisonnement fait tache d'huile. Et le constructeur italien ne le sait que trop bien, sinon il aurait rebaptisé son SUV-GT. Madonna di Campiglio, par exemple. Comme la station de ski située à Pinzolo. où nous avons pu donner un premier coup d'éperon au Ferrari Purosangue. 

Non, Ferrari a conservé l'indicatif du projet F175 : Purosangue. Parce que si vous appelez ce SUV-GT un pur-sang, alors c'est un pur-sang, n'est-ce pas ? Pas tout à fait. Pensez à la Mitsubishi Carisma et à son manque flagrant de charisme. Ce Ferrari Purosangue est-il vraiment un pur-sang cabré ou le légendaire étalon a-t-il engendré un percheron de fermier ?

Carrosserie et dimensions Ferrari Purosangue

Le Ferrari Purosangue n'est pas un SUV comme les autres, car contrairement à ses concurrents directs comme l'Aston Martin DBX et le Lamborghini Urus, ses concepteurs ont osé sortir des sentiers battus. Il en résulte une silhouette élancée, où le nez pointu et le capot étiré se transforment en un arrière guilleret aux hanches larges et aux fesses rebondies. Finis les feux arrière ronds, place aux unités de la récente Ferrari 296.

Les designers ont également réalisé un beau travail avec les arêtes de protection en fibre de carbone des passages de roue, qui confèrent au concept SUV une classe supplémentaire. Bien sûr, le Ferrari Purosangue est aussi un enfant de la soufflerie. Heureusement, les spécialistes de l'aérodynamique ont su se retenir et la carrosserie ne s'est pas transformée en un fromage fuselé percé de toutes sortes d'orifices. Seul le diffuseur arrière se distingue. Et non, il n'est pas question d'essuie-glace arrière, même pas en option.

Le Ferrari Purosangue semble également beaucoup plus compact que ses dimensions ne le laissent supposer. La carrosserie mesure 4,97 m de long, 2,03 m de large et 1,59 m de haut. L'empattement est de 3,02 m, ce qui signifie qu'il y a suffisamment de place pour deux portes arrière malgré l'énorme V12 entre les roues avant. Il s'agit de portes dites "suicide" qui s'ouvrent vers l'arrière. Elles s'ouvrent d'ailleurs automatiquement.

>> Longueur : 4973 mm, largeur : 2028 mm, hauteur : 1589 mm
>> Masse : 2033 kg (à sec)

Intérieur et coffre Ferrari Purosangue

L'intérieur du Ferrari Purosangue comporte quatre sièges séparés ; sous le hayon se cache un volume de chargement de 473 l. Ce n'est pas énorme pour un SUV-GT de près de 5 m de long, mais contrairement aux autres modèles de la gamme Ferrari, vous pouvez désormais transporter plus qu'une brosse à dents, un pantalon propre et un ensemble de lingerie pour votre femme et/ou votre petite amie.

Et oui, le dossier à l'arrière peut être rabattu. Ne vous attendez pas à un plancher de chargement complètement plat, car la console de confort située entre les sièges arrière, par ailleurs entièrement réglables, y met un terme. À l'arrière, il y a suffisamment de place pour la tête et les jambes d'un adulte, mais n'en faites pas une limousine. Au cours du développement, Ferrari a envisagé la possibilité d'une attache-remorque, une option qu'elle a finalement abandonnée. En cas de besoin, le Purosangue est équipé de solutions spéciales pour transporter vos skis ou votre VTT.

Pas d'écran central, le Ferrari Purosangue dispose de modules multimédias séparés. Un pour le conducteur et un autre pour son passager. Le tableau de bord est une évolution du tableau de bord numérique qui a fait ses débuts sur la SF-90 Stradale, les designers ayant principalement travaillé sur la conception du système d'exploitation. Il est encore un peu fouillé, mais l'ergonomie s'est effectivement améliorée.

Remarquable : le Ferrari Purosangue se passe de services connectés

Le Ferrari Purosangue ne propose pas de services connectés, car le constructeur italien part du principe que la plupart des conducteurs utilisent de toute façon leur smartphone pour cela. Vous pouvez facilement basculer entre la présentation classique du tableau de bord numérique et la vue cartographique d'Apple Maps ou de Google Maps. Et ceux qui ne veulent pas le faire peuvent également projeter les informations nécessaires sur le pare-brise via l'affichage tête haute.

Le bouton central du tableau de bord, qui regroupe les commandes de la climatisation et des quatre sièges (à l'arrière, vous disposez d'un autre bouton rotatif de ce type pour les passagers), est tout à fait nouveau pour le Ferrari Purosangue. Une solution simple, remarquablement compacte et élégante, qui libère la console centrale des boutons-poussoirs et des boutons rotatifs. L'habitacle bénéficie ainsi de quelques espaces de rangement.

La structure du toit est en fibre de carbone afin d'abaisser légèrement le centre de gravité. À moins d'opter pour le toit panoramique photochromatique dont la transparence peut être contrôlée par une simple pression sur un bouton. Le Ferrari Purosangue est également le premier modèle de série à être équipé de la nouvelle génération d'Alcantara, composée à 68 % de polyester recyclé. Une mention spéciale pour l'excellent système de sonorisation Burmester.

>> Volume du coffre : 473 liter
>> Empattement : 3.018 mm 

Spécifications et performances Ferrari Purosangue

Il est prévu que le Ferrari Purosangue soit également équipé d'un groupe motopropulseur électrifié, peut-être basé sur le V6 hybride rechargeable de la 296 ou sur le V8 hybride rechargeable de la SF-90. Mais le SUV-GT débute avec un glorieux V12, un moteur atmosphérique de 6,5 litres qui offre une puissance de 725 et un couple maximal de 715 Nm. 80 % du couple moteur est disponible dès 2100 tr/min, tandis que la puissance atteint son maximum à 7750 tr/min. 

Le Ferrari Purosangue transmet cette puissance aux quatre roues par l'intermédiaire d'un système 4x4 basé sur le système 4RM qui a fait ses débuts sur la FF à l'époque, avec un module FWD qui se désactive à des vitesses plus élevées. Ce SUV-GT devient alors une pure propulsion.

Les changements de vitesse se font à la vitesse de l'éclair grâce à une boîte robotisée à double embrayage à huit rapports. Le huitième rapport est un "overdrive" qui devrait réduire le régime et aider à diminuer la consommation. La consommation standard du V12 est de 17,3 l/100 km. Heureusement, le Purosangue est équipé d'un réservoir de 100 l.

Le Ferrari Purosangue passe de 0 à 100 km/h en 3,3 s et de 0 à 200 km/h en 10,6 s, tandis que la vitesse maximale est supérieure à 310 km/h. Mais c'est surtout la façon irrésistible dont ces performances sont réalisées qui impressionne. Parce que ce V12 aime monter en régime.

D'ailleurs, Ferrari n'a pas recours à des solutions faciles pour optimiser la bande sonore, alors ne cherchez pas de bruits sourds et de claquements. Le son n'est pas puissant, mais il est affamé et raffiné. Comme un estomac qui gronde dans un restaurant trois étoiles.

>> Propulsion : V12 de 6,5 litres (65°), transmission intégrale 4RM, 8-DCT
>> Performances: 0 à 100 km/h in 3,3 s, vitesse maxi de +310 km/h
>> Consommation de carburant et émissions de CO2 : 17,3 l/100 km et 393 g/km

Conduite Ferrari Purosangue

Parce que ce SUV-GT doit aussi se conduire comme une vraie Ferrari, malgré ses dimensions et sa masse conséquentes, Ferrari s'est associé à Multimatic. Le résultat s'appelle TASV, abréviation de True Active Spool Valve technology. Il s'agit d'une suspension active où des actionneurs 48V contrôlent individuellement les amortisseurs dans une lutte constante pour étouffer dans l'œuf tout roulis de la carrosserie. Fait remarquable, le Ferrari Purosangue se passe de barres stabilisatrices.

L'amortissement réagit un peu sèchement, mais parvient incroyablement bien à trouver un équilibre optimal entre dynamique et confort. Il faut un peu de temps pour s'habituer à l'absence de roulis ; même lorsque les freins en carbone-céramique sont mordus à pleines dents par les étriers, le nez, pourtant lourd, fait à peine mine de plonger. Même dans les combinaisons agiles gauche-droite, la carrosserie vire presque à plat. Cela est dû non seulement à la suspension inédite, mais aussi à l'essieu arrière à guidage actif. Cela apporte un surcroît d'agilité en ville, mais aussi une certaine agilité dans les virages en épingle. Il faut en effet déployer très peu d'efforts pour que l'essieu arrière, qui est géré par un différentiel actif, s'écarte d'un cran ou deux, même à faible vitesse et dans les modes de conduite les plus courageux.

Il n'est besoin que d'un petit effort pour faire dériver l'essieu arrière d'un cran ou deux

Comme Ferrari nous y a habitués, le Purosangue est également équipé d'un système de direction remarquablement léger, mais très communicatif et rapide comme l'éclair. La répartition des masses sur les deux essieux est dynamique (49/51), une répartition que beaucoup de vraies voitures de sport ne peuvent qu'envier. En conséquence, le Ferrari Purosangue semble beaucoup plus léger et compact qu'il ne l'est en réalité. Attention sur la route, car on ne sent pas à quel point ce SUV-GT est ridiculement facile à emmener ridiculement vite.

Sur le Ferrari Purosangue, le commutateur manettino gagne un mode de conduite supplémentaire, car en plus de la fonction Wet, il y a maintenant un réglage spécifique pour la conduite sur glace et sur neige. Le mode "Bumpy" est encore plus étendu, ce qui vous permet de rouler avec une configuration souple même dans les modes les plus hardcore. Ne cherchez pas de mode tout-terrain, car malgré la hauteur de caisse variable et la présence d'une aide électronique à la descente, le Ferrari Purosangue n'est pas un dévoreur de terrains boueux. Un coup d'œil aux pneus taille basse et aux fragiles jantes sport suffit à s'en convaincre.

Malgré la motricité supplémentaire, le système 4x4 n'a pas les capacités et la prévisibilité d'une transmission intégrale classique, un rôle qui, dans cette Ferrari, est largement pris en charge par l'électronique intégrée qui regroupe presque tous les systèmes d'aide à la conduite dans une matrice dominante. En conséquence, on a parfois l'impression d'assister à un spectacle total préprogrammé, au lieu de la concentration spontanée en direct requise, pour laquelle on s'est inscrit. 

>> Répartition des masses : 49/51%
>> Pneus et jantes : 255/35 R22 à l'avant - 315/30 R23 à l'arrière

Prix en Belgique Ferrari Purosangue

En Belgique, le Ferrari Purosangue affiche un prix de 387 431 euros. Mais il va sans dire que Maranello propose une foule d'options de personnalisation qui font exploser le prix d'achat. Contrairement à Bentley ou Lamborghini, où le Bentayga et l'Urus assurent respectivement la majorité des ventes, Ferrari limite la diffusion du Purosangue à un maximum de 20 % de la production annuelle totale. Comptez entre 2500 et 3000 unités par an.

Bien que les ventes du Ferrari Purosangue ont explosé en un rien de temps, la production qui vient d'être lancée ferait un excellent travail pour répondre à cette forte demande pour le moment. Par conséquent, les délais d'attente sont actuellement limités à un an et demi.

Verdict Ferrari Purosangue

Le Purosangue est une Ferrari pour quatre personnes et leurs bagages, même si elles devront s'en tenir à un sac de sport. C'est une Ferrari que l'on peut conduire au quotidien, car le Purosangue traverse le centre-ville aussi facilement qu'il parcourt des kilomètres sur l’autoroute.

Mais cette commodité pratique et ce confort élevé restent secondaires par rapport à l'expérience de conduite, car un simple coup d'éperon et ce cheval se cabre. Et le V12 n'a pas besoin d'un fouet pour s'ébattre. Vous pouvez remettre en question le concept de type SUV, mais pas l'exécution. Ce rustre est un pur-sang.