Lancé en 2018, le Lamborghini Urus a immédiatement fait office de "game changer" pour le petit constructeur italien qui voyait ses ventes exploser pour passer d'environ 3800 unités en 2017 à plus de 10.000 voitures écoulées en 2023 et ce record est d'ores et déjà battu pour cette année. Arme de conquête avec plus de 70 % de propriétaires pour qui il est la première Lamborghini, le Urus a permis de rajeunir la clientèle de la marque avec 41 % d'acheteurs de moins de 40 ans et 13 % d'acheteuses (comprenez femmes ayant signé le bon de commande, le pourcentage d'utilisatrices principales féminines étant plus élevé). Mais ce succès n'est pas imperméable à l'évolution des normes - commerciales et environnementales - pour autant. Dès lors, Lamborghini a franchi le cap de l'électrification de son modèle familial, au diapason de la supercar Revuelto et de la super-sportive Temerario. Le Lamborghini Urus SE est donc hybride rechargeable. Mais plus que le simple ajout d'un moteur électrique et de sa batterie, c'est à une profonde refonte de son modèle que le blason de Sant'Agata Bolognese a procédé.
Design Lamborghini Urus SE (2024)
Sur le plan du style, les designers ont principalement retouché la proue et la poupe, afin d'apporter davantage d'élégance - ce sont leurs termes - et de sportivité à ce SUV plutôt monolithique dans sa première mouture. Nous parlerons plutôt d'une touche de raffinement avec un nez redessiné qui se caractérise par l'extrémité du capot en flèche avec une arrête marquée au centre, marquant un décrochage avec les parties latérales là où tout était rectiligne précédemment. De quoi rendre la calandre moins massive, plus structurée grâce aux deux éléments en L couleur carrosserie sur les côtés. La signature lumineuse, spécifique au Urus abandonne le Y pour reprendre un motif qui doit rappeler la queue du taureau qui orne le logo de la marque.
Sur les flancs, Lamborghini a peaufiné les détails, mais seul un oeil très averti les détectera. Les différences sont plus marquées à l'arrière avec une fausse grille à maillage hexagonal reliant les feux et sensée rappeler la Huracan, des écopes derrière les roues postérieures pour améliorer l'écoulement de l'air et un traitement des volumes du hayon, désormais sculpté de la même arrête centrale initiée à l'avant. Le résultat global rend cet Urus SE plus digeste sans édulcorer sa personnalité visuelle forte, typique d'une vraie Lamborghini.
Intérieur Lamborghini Urus SE (2024)
Dans l'habitacle, le travail s'est concentré sur la qualité des matériaux utilisés qui distillent un luxe tactile et visuel avéré. Il faut vraiment chercher loin pour pouvoir voir ou toucher du plastique. Surtout, les écrans gagnent en dimension et disposent d'une interface entièrement revue dans l'articulation des menus autant qu'au niveau des graphismes, l'hexagone étant toujours à l'honneur. Si le mieux est au rendez-vous, l'on notera tout de même un manque d'intuitivité pour accéder à certains menus ou fonctionnalités (désactiver l'avertissement de dépassement de la vitesse autorisée - ou ISA pour les intimes - par exemple). Le fameux Tamburo - soit le module de gestion de la transmission et des modes de conduite - gagne un élément supplémentaire à droite pour la sélection des différents modes électriques. On regrette là aussi l'obligation de devoir passer par tous les modes successifs pour revenir à un mode "plus haut" dans l'ordre Strada - Sport - Corsa - Sabbia - Terra - Neva. Un peu fastidieux mais pas rédhibitoire.
Avec leurs réglages amples, la direction et le siège conducteur permettent de trouver une position de conduite adaptée à chacun avec la possibilité de siéger plus bas que dans nombre de concurrents, ce qui reste appréciable pour les sensations au volant. L'insonorisation s'avère excellente et le mode électrique permet de goûter à un silence royal. Bien travaillée - mécaniquement et numériquement - la sonorité du V8 reste évocatrice et plaisante, ajoutant même au côté bestial de l'engin en mode Sport ou Corsa. Technologiquement, Lamborghini n'a pas à rougir avec des assistances et fonctionnalités au niveau de ce que les autres marques de prestige proposent et un fonctionnement des aides à la conduite bien calibré. Petit bémol de cette version hybride, la console centrale perd son espace de rangement sous l'écran de contrôle de la climatisation. Vous ne disposez d'autre choix que de loger votre smartphone dans l'accoudoir dès lors. L'habitabilité reste généreuse pour quatre adultes et le coffre permettra de voyager sereinement. C'est la moindre des choses au vu des dimensions de ce grand SUV.
Spécifications et performances Lamborghini Urus SE (2024)
Bien entendu, l'évolution principale concerne le groupe motopropulseur qui conserve le V8 4 litres biturbo. Mais ce dernier reçoit le concours d'un moteur électrique de 141 kW/192 ch et 483 Nm logé entre le moteur et la transmission automatique à huit rapports. Ce dernier change foncièrement la donne dans la gestion dynamique du véhicule. Outre l'augmentation des performances, avec une puissance combinée de 800 ch pour 950 Nm de couple (620 ch et 800 Nm pour le V8), il permet de moduler davantage et plus finement la gestion de cette cavalerie. Il apporte également davantage de rondeur au V8 qui fait désormais appel à des turbos monoscroll, plus simples, qui profitent de l'apport électrique pour lisser les creux et les phases de transition comme d'accélération. Associé à un boîtier Haldex fixé sous la boîte de vitesses automatique à 8 rapports et à un différentiel électronique sur l'essieu arrière (sous la batterie), il favorise des performances supérieures avec un confort amélioré et une efficience optimisée.
Ce nouvel attelage permet au Lamborghini Urus SE de s'acquitter du 0 à 100 km/h en 3,4 s, du 0 à 200 km/h en 11,2 s et d'atteindre une vitesse de pointe de 312 km/h contre 3,5 s, 12,5 s et 305 km/h respectivement pour l'Urus S qu'il remplace, fort de 666 ch.
Batterie, autonomie et charge Lamborghini Urus SE (2024)
Si l'hybridation de ce Urus SE sert la performance tout en assurant une fiscalité avantageuse - 2,08 l/100 km et des émissions de CO2 de 51,25 g/km selon la norme WLTP - elle ne néglige pas pour autant l'efficience au besoin. En mode Strada, dans des conditions de circulation normales - routes de campagne, balade sur la côte et traversée de villages - nous avons relevé un appétit moyen de 10,1 l/100 km combiné à une consommation de 20,3 kWh/100 km. En évoluant uniquement à la force des ions, cette valeur augmente mais nous aura assuré un rayon d'action "zéro émission" de l'ordre de 58 km réels. Voilà qui reste raisonnable mais certainement pas impressionnant au vu des 25,9 kWh de capacité de la batterie. Lamborghini fait l'impasse sur la charge rapide en courant continu et propose uniquement une recharge à 11 kW (triphasé) sur courant alternatif. Comptez deux bonnes heures pour récupérer 80 % de charge.
Conduite et confort Lamborghini Urus SE (2024)
Notre Urus SE était équipé de jantes optionnelles de 23 pouces (21 pouces d'origine) chaussées de Pirelli PZero 5 Elect de 285/35 à l'avant et 325/30 à l'arrière. Malgré cela, le confort émarge aux qualités de ce mastodonte, de plutôt feutré en mode Strada à plus ferme mais jamais sec sur les modes Sport ou Corsa. En combinaison avec des sièges au maintien impeccable et aux mousses certes denses mais pas dures, envisager de très longs trajets à bord n'éveillera aucune crainte, aussi bien devant qu'à l'arrière avec une habitabilité très généreuses. Un minimum quand l'on affiche 5,12 m de long avec un empattement de 3003 mm. L'on profite alors d'une installation audio 3D très performante (signée Bang & Olufsen en option sur notre exemplaire), d'une climatisation efficace et silencieuse et de sièges massants et ventilés (ou chauffants) qui dorlotent votre séant.
Mais c'est au détour de routes sinueuses que nous attendions cet Urus SE au tournant. Fort de ses roues arrière directrices et de sa transmission perfectionnée qui profite, à l'arrière, du différentiel électronique pour fournir une vectorisation de couple très réactive et intuitive, le Lamborghini Urus SE affiche une agilité déroutante pour un modèle aussi encombrant et lourd (2550 kg annoncés en ordre de marche). Le train avant, mordant, vif et précis, permet un placement efficace du Urus tandis que les roues postérieures enroulent les courbes avec sérénité jusqu'à des vitesses insoupçonnées. Mieux, le popotin peut se révéler coquin lorsque l'ESP est déconnecté. En mode Corsa, vous aurez le loisir d'entretenir les glissades avec le sourire. Dommage, l'absence d'un retour d'informations suffisant dans le volant empêche de toujours bien sentir ce qui se passe au niveau du train avant. Une tendance généralisée de nos jours, mais qui n'entame pas énormément la confiance.
Notre programme prévoyait une séance de drift sur asphalte et de conduite sur un circuit en terre au sein du Centre Technique de Nardo. L'occasion de mettre en pratique les conseils de nos instructeurs et de constater le travail fin réalisé par les metteurs au point. Là où l'on s'attendait à une dérive amplifiée par la masse éléphantesque de notre monture, il n'en fut rien. Pour drifter, il faut mettre le pied au plancher, le Urus SE répondant avec vigueur et générosité au déferlement de couple sur le train arrière. Sur un revêtement plat et asphalté ou poussiéreux et tourmenté, c'est à la puissance que le train arrière se laisse emmener. Un typage intimement lié aux réglages de la transmission, des suspensions et des aides électroniques, toute calibrées pour offrir une expérience de conduite réellement sportive et une "identité" Lamborghini. Un pari réussi. Toutes proportions gardées, nous avons retrouvé au volant de cet Urus SE le comportement enjoué, voire agile, mais très progressif et intuitif, que nous avions tant apprécié aux commandes de la Huracan Sterrato. Bluffant ! Alors certes, rares seront les propriétaires de ce SUV hybridé à s'encanailler de la sorte, mais saluons la maîtrise affichée par les techniciens italiens qui ont su transformer la personnalité de leur SUV avec un châssis judicieusement amélioré grâce à la fée électricité.
Prix Lamborghini Urus SE (2024)
Si vous demandez le prix, c'est que vous n'avez pas les moyens de vous l'offrir. Soit. Mais le professionnalisme nous impose d'aborder le sujet. En Belgique, le prix de départ pour un Urus SE s'affiche à 265.895 €. Autant dire qu'avec un soupçon de personnalisation, le cap des 300.000 € sera très rapidement franchi. Le prix de l'exclusivité et d'une personnalité bien marquée face, notamment, à un Cayenne Turbo E-Hybrid (à partir de 200.200 € en Coupé) tout aussi compétent, mais probablement moins pétulant.
Verdict Lamborghini Urus SE (2024)
Si la première mouture du Lamborghini Urus s'apparentait surtout à un Porsche Cayenne au look d'avion furtif et aux coloris plus "italiens", le nouvel Urus SE franchit certainement un fameux cap sous des apparences subtilement évoluées. Plus efficace, plus efficient, plus confortable, il fait le plein de technologie dedans mais surtout dynamiquement. Dans ce cas-ci, l'électrification a clairement du bon et élève le comportement de ce lourd SUV à un niveau de dynamisme bien plus élevé. Surtout, il affiche, enfin, une vraie personnalité qui font passer les quelques petites tares ergonomiques au second degré. Quant au prix ou à l'esthétique, à chacun de juger...
Dans cet article : Lamborghini, Lamborghini Urus
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