Si d'aucuns considèrent que la genèse du Grand Tourisme automobile est l'oeuvre de Maserati, la dernière génération de la grande lignée des GT de Modène (Italie), première à être explicitement baptisée GranTurismo accusait le poids des ans. Après une carrière longue de 12 ans - de 2007 à 2019 - elle était restée sans succession mais conservait une aura particulière auprès des amateurs d'automobile luxueuse et sportive grâce à sa ligne sculpturale et son V8 guttural. Il aura donc fallu attendre 4 ans pour voir arriver la deuxième génération de la GranTursimo. Une véritable nouveauté qui bousucule les acquis de son ainée en n'en gardant que la ligne toujours aussi magistrale, mais en renouvelant tout le reste. De la plateforme, au schéma de transmission en passant par le contenu technologique et la motorisation... tout est nouveau. Plus fort encore, Maserati double les deux versions à moteur thermique d'une variante 100 % électrique nommée Folgore. Ne vous fiez pas aux apparences, c'est une véritable renaissance. Mais conserve-t-elle toujours son essence ?
Carrosserie et dimensions Maserati GranTurismo Trofeo
Cette Maserati GranTursimo de deuxième génération ne peut nier son lien de parenté directe avec la première. Certains y soupçonnèrent même un simple facelift. Mais il n'en est rien. Le châssis est inédit, chaque panneau de carrosserie lui aussi, mais le style général est conservé. Nous parlons donc ici d'un coupé 4 places et deux portes traditionnel au capot long comme un jour sans pain et à la poupe musclée et large comme une miche gonflée au levain. Les proportions sont équilibrées, élégantes et élancées, les feux plus "verticaux" à l'avant ajoutent à la modernité du regard et mettent en valeur le capot sculpté qui laisse le nez entre-ouvert de deux encoches aérodynamiques faisant suite à la magistrale calandre au Trident, immédiatement reconnaissable. Directement identifiables aussi, les 3 évents derrière chaque roue avant, typiques d'une Maserati. À l'arrière, le travail aérodynamique transpire du diffuseur en bas et de la discrète "queue de canard" en haut, le tout superbement composé avec les hanches généreuses, amplifiées par les feux arrières plus fins et modernes que précédemment. Mais toute ce style prend de la place et la nouvelle Maserati GranTursimo flirte avec les 5 m de long et 2 m de large pour un empattement proche de 3 m.
Longueur : 4966 mm (4959 pour la Modena) - largeur : 1957 mm - hauteur : 1353 mm - empattement : 2930 mm
Intérieur et coffre Maserati GranTurismo Trofeo
Dans l'habitacle, la Maserati se distingue par l'espace réellement disponible. Quatre adultes de 1,80 m pourront voyager à son bord sans avoir à se plaindre. Fait assez rare pour être souligné face à des concurrentes qui tiennent davantage de 2+2 aux "places" arrières symboliques. Traditionnellement, s'asseoir à bord d'une Maserati, c'est goûter au folklore baroque du style italien, rehaussé d'une petite montre au centre du tableau de bord et composé de matériaux aux qualités disparates et à l'assemblage parfois approximatif. Mais ça c'était avant. Le style reste raffiné, coloré - selon votre choix d'ambiance intérieure - mais la finition a fait un vrai bon en avant, le métal et le cuir sont présents à foison et la seule fausse note concerne la fameuse montre. Coeur symbolique de l'héritage Maserati, cette dernière devient numérique - pourquoi pas - mais fabriquée en plastique - pourquoi là ?
L'ergonomie générale du poste de conduite profite d'une planche de bord inédite et moderne. À l'instar de Aston Martin avec la DB12, le constructeur italien fait sa révolution numérique et propose un double écran "plié", le module du bas - 8,8 pouces - regroupant les commandes de climatisation principalement, la grande partie du haut - 12,2 pouces - concernant l'infodivertissement. Cet duo s'avère très réussi et esthétique. Bémol cependant pour les "boutons" de la boîte de vitesses insérés entre les deux et fondus dans la partie noire. Leur usage n'est pas pratique et leur toucher est lui aussi trop "plastique".
En bonne voiture Grand Tourisme, comprenez destinée au voyage, la Maserati GranTursimo offre un coffre digne de ce nom avec un peu plus de 300 litres de capacité réelle. on peut y caser sans problème quatre petites valises rigides de voyage. Suffisant pour partir en weekend en famille. Bien vu !
Spécifications et performances Maserati GranTurismo Trofeo
La Maserati GranTurismo est commercialisée en trois variantes, deux disposant d'une motorisation thermique - les Modena et Trofeo - et l'une exclusivement électrique, la Folgore. Dans le cas présent, nous disposions de la version Trofeo qui partage son V6 Nettuno développé en interne et inauguré sous le capot de la Maserati MC20. Ce V6 turbo 3.0 l développe ici 550 ch et 650 Nm (490 Ch et 600 Nm dans la Modena) systématiquement accolée à une boîte automatique à 8 rapports et à la transmission intégrale. Au regard de ses dimensions, la GranTursimo "thermique" est relativement légère avec une masse annoncée de 1795 kg, soit bien moins qu'une Bentley Continental GT ou qu'une BMW M850i, ses deux seules véritables concurrentes. Il en résulte des performances de haut vol avec 3,5 s pour le 0 à 100 km/h, 11,4s pour atteindre 200 km/h depuis l'arrêt et une vitesse maxi de 320 km/h. Disposant d'un outil de télémétrie embarqué, notre exemplaire d'essai n'a certes pas atteint ces valeurs d'accélérations, mais nous avons plusieurs fois pu répéter des temps respectifs de 3,7 s et 11,8 s. Les autoroutes allemandes étant particulièrement bondées, nous n'avons pu dépasser 285 km/h, mais l'on pouvait clairement sentir qu'il y avait encore une certaine marge !
Conduite Maserati GranTurismo Trofeo
Même dans cette mouture la plus performante, notre Maserati GranTursimo Trofeo n'a pas vocation à être une sportive pure et dure. Cela se ressent dans son comportement, que l'on opte pour le mode Comfort, GT ou Sport. Elle conserve toujours une motricité indéfectible grâce à ses quatre roues motrices, un ouaté dans l'absorption des chocs qui préserve vos lombaires et vertèbres et une stabilité inébranlable même en cas de gros freinage en courbe. Pour des sensations fortes, il faut alors passer en mode Corsa. Mais prudence avec cette configuration qui désactive l'ESC et privilégie le train arrière - l'avant servant juste à "corriger" une éventuelle perte d'adhérence trop marquée. En sortie de rond-point ou de virage serré, la dérive est facile, surprenante au début car l'empattement long ne favorise pas les réactions progressives, mais tout reste facilement contrôlable. Les fous de gomme brûlée pourront donc mettre à profit le couple gargantuesque et la santé réjouissante du V6 Nettuno, mais telle n'est pas la vocation de la GranTursimo.
Son appellation on ne peut plus explicite est parfaitement légitime. Nous avons passé plus de 450 km de routes de campagne et de grands axes à son bord sur moins de 10 heures et force est de constater que nous sommes ressortis de cette superbe journée frais comme un gardon. Tout le confort est disponible, la position de conduite idéale est facile à trouver, les sièges chauffants et ventilés offrent un soutien de qualité mais pas oppressant et l'installation audio du spécialiste italien Sonus Faber offre une qualité de son de très haut vol.
Mais en parlant de son, venons-en à ce qui a fait la "légende" de la génération précédente et constituait à elle seule un motif d'achat pour ce grand coupé dépassé technologiquement : la mélopée de son merveilleux V8. Le V6 Nettuno ne peut évidemment pas lutter. Cependant, en mode Sport ou Corsa, sa sonorité - à l'intérieur comme à l'extérieur - se révèle bien plus plaisante qu'escompté. Ce n'est certes qu'un V6 mais il sait chanter à la demande. Nous émettrons davantage de réserves en mode Comfort ou GT. Alors, il impose un bourdonnement plus qu'un grondement et en charge moyenne il peut même nuire au confort général. Rien de rédhibitoire pour autant et le bilan général démontre que Maserati est désormais au niveau de ses concurrentes et n'a plus besoin d'une mélopée hors du commun pour séduire. Elle a d'autres arguments à faire valoir.
Prix en Belgique Maserati GranTurismo Trofeo
D'une génération à l'autre, la GranTursimo n'a certes pas grandi énormément, mais son contenu technique et technologique a fait un énorme bond en avant, au même titre que la qualité de fabrication dans l'habitacle. Des progrès bienvenus mais qui ont un coût. Les tarifs se sont envolés et pour une Maserati GranTursimo Trofeo, il faudra débourser un minimum de 227.300 € (182.600 pour la Modena). Le ticket moyen avec quelques options tournera donc aisément aux alentours du quart de million d'euros.
Retrouvez tous les prix de la Maserati GranTursimo en Belgique
Maserati GranTurismo Trofeo - verdict du Moniteur Automobile
Soyons francs, après les échecs des Ghibli, Quattroporte et Levante, Maserati avait commencé à nous redonner le sourire avec la MC20. Cette nouvelle GranTursimo termine de nous convaincre que la firme de Modène est sur la bonne voie. En se positionnant sans réelle concurrente directe mais avec des qualités historiques maintenues - style, performances et musicalité (en mode 2023 il est vrai) - et de nouveaux atouts - confort, contenu technologique et qualité intérieure - la GranTursimo fait honneur à son blason. Pétrie de qualités, elle distille un vrai plaisir de conduite, flatte l'oeil et les sens de son propriétaire et n'a pas à rougir de ses performances. Il subsiste toutefois quelques lacunes de finition - très localisées - tandis que le moteur ne sonne pas toujours juste dans les modes les plus pertinents pour ce modèle. Mais pas de quoi ternir un bilan globalement très positif. Reste la question du prix, mais quand on aime...
Dans cet article : Maserati, Maserati GranTurismo
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