Carrosserie
Qu’elle soit Cabrio ou Coupé, la CLE est une belle auto. En version AMG, en particulier avec tous les packs décoratifs en extra – dont le subtil, mais très beau pack carbone extérieur - elle verse dans l’agressivement sexy. Son long capot marqué par le double bosselage et sa large grille à fanons verticaux donnent l’impression de froncer les sourcils et montrer les canines. De profil, elle regagne en classe, avec ce pare-brise très incliné et ce toit qui se perd dans la malle de coffre. Et elle est surtout plus large, tant en carrosserie qu’en largeur de voie (plus 58 mm à l'avant, plus 75 mm). C’est voulu, Mercedes a tenu à insuffler la présence des AMG V8 à cette six-cylindres.
Habitacle
À bord ce coupé reprend l’univers de la Classe C, évidemment le tout AMGisé avec du cuir, du carbone ou de l’alu. C’est net, ergonomique et d’un certain cachet. Le système d'infodivertissement MBUX reprend l’instrumentation numérique de 12,3’’ et l'écran central de 11,9’’ orienté vers le conducteur, au format portrait. Le combiné d’instruments peut être personnalisé par les ambiances Classic, Sport et – en exclusivité pour les AMG – Supersport. Ce dernier, très expressif, affiche un tachymètre rond central et des infos horizontales de part et d’autre, créant une impression de profondeur dans l'espace. Le conducteur peut utiliser le menu AMG pour accéder à divers affichages spéciaux tels que les données moteur, l'indicateur de rapport, le préchauffage, le réglage, le G-mètre et même un chronomètre de course ! En soirée, l'éclairage d'ambiance dynamique de 64 couleurs ajoute une nouvelle dimension à cet univers très techno-sportif.
Moteur
Ne faites pas comme nous, ne confondez pas. À l’annonce de sa sortie, nous pensions ce modèle équipé du moteur 53 Hybrid 4Matic+ tel qu’inauguré récemment par la berline Classe E, c’est-à-dire le 3 litres associé à un moteur électrique et une batterie haute tension, l’ensemble générant jusqu’à 612 ch. Faux, ici le coupé 53 4Matic+ garde le 3 litres tout seul. Enfin, presque, puisque légèrement assisté – comme toutes les CLE – par un alterno-démarreur de seconde génération (hybridation légère 48V, en langage courant). Cet ensemble intégré au carter de boîte de vitesses génère 23 ch et 205 Nm et outre son rôle de générateur d’électricité il assure des fonctions hybrides comme la suralimentation, la récupération d’énergie au freinage, l’assistance de charge lors des changements de rapport et le start/stop. Est-ce que la CLE Coupé aura droit au 53 Hybrid ? Voire à l’ensemble 63 E-Performance ? Peut-être, mais ce six-cylindres relativement épuré lui va tellement bien...
Le (gros) cœur de ce coupé à sensations est le 3 litres dans sa dernière évolution M 256M de 449 ch. Il est doublement suralimenté : un compresseur électrique – le nouveau dada d’AMG-Mercedes - et un plus gros turbocompresseur à gaz. De quoi profiter de 560 Nm, voire 600 Nm grâce à la fonction Overboost. Le tout est orchestré par une boîte AMG Speedshift TCT 9G et géré par la transmission intégrale AMG Performance 4MATIC+ entièrement variable.
Sur la route
Pour avoir essayé le 3-litres classique, quelque heures avant l’AMG, sous le capot de la CLE Cabriolet 450 4Matic, nous constatons qu’il s’agit d’un tout autre monde. Certes, il y a bien sûr plus de rigidité d’ensemble en raison de son architecture de coupé (la version Cabriolet de la 53 4Matic + arrivera plus tard), mais toutes les commandes surprennent immédiatement par leur précision et leur virilité. Et ça pousse ! Le compresseur électrique fournit le premier effort avant de passer le relai au turbo « classique » qui envoie le maximum. Nous progressons par bonds en avant dans une rageuse fluidité (sans temps de réponse ni à-coups). Et le bruit est vraiment grisant. Le 0 à 100 km/h est homologué à 4,2 s, c’est-à-dire moins que les ex-Classe C V8 6,2 litres d’autrefois, et à peine plus long que les dernières C Coupé V8 4.0. Juste pour préciser le très haut niveau de perf’ de cette 53 4Matic+.
L’itinéraire concocté par Mercedes nous envoie sur les lacets les plus méandreux de Ténérife. L’occasion de goûter à une direction particulièrement efficace et une transmission AMG 4Matic qui fusionne avec le bitume, bien aidée par les quatre Michelin Pilot Sport S 5 que l’on n’a jamais entendu gémir, malgré les contraintes et l’infinité de virages. On aimerait comparer, mais nous n’irions sans doute pas plus vite, dans cet environnement, avec une C 63 4.0 V8.
La CLE est encombrante (4,85 m de long) mais le châssis coupe les courbes les plus serrées au centimètre près grâce – notamment – au coup de pouce de l’essieu arrière directionnel. À plus de 100 km/h les roues arrière braquent parallèlement aux roues avant - jusqu'à 0,7°, ce qui allonge virtuellement l’empattement. Les bénéfices sont multiples : plus d’agilité, de stabilité et moins d’efforts au volant. Lorsque les roues sont à nouveau en ligne on se recatapulte dans une parfaite stabilité (merci l’empattement, 2,86m). Le dispositif AMG Dynamic Select propose 5 modes : Sol glissant, Comfort, Sport, Sport+ et Individual, avec en option – Pack Dynamic Plus - un mode Race/Drift ultraradical. Nous nous « contentons » du Sport avec – déjà – le sentiment d’une boîte de vitesses qui comprend parfaitement quand monter ou rétrograder. Pas la peine de passer en mode M (manuel), le « pilote » amateur que je suis ne ferait pas mieux. Bluffante d’efficacité malgré ses deux tonnes, elle assure aussi au freinage grâce aux disques « plateaux à tarte » de 370 mm pincés par des étriers 4 pistons à l’avant (360 mm et étriers simple piston à l'arrière). Heureusement notre exemplaire est pourvu du Pack Sièges Performance AMG dont le soutien latéral plus prononcé nous permet de rester en place (et concentré) sans nous le faire payer par un réel inconfort.
Amusant, étonnant, mais un peu stressant. Les petits lacets (occupés par de nombreux cyclistes) et le manque de lignes droites des Canaries brident le potentiel de cet engin. Au volant de ce large et long coupé de 449 ch, nous nous garderons donc de tirer le diable par la queue en remettant l’essai du mode Drift à plus tard... La CLE 53 4Matic+ réclame plus d’espace, par exemple un Nürburgring, pour vraiment se lâcher. Aux amateurs de sorties allemandes, nous leur conseillons le Driver’s package qui repousse la vitesse maximale à 270 km/h.
Verdict
Avec le dernier six-cylindres d’Alfalterbach sous le buffet, la CLE réalise une brillante synthèse entre performances pures, confort, aspects pratiques et réalisme routier, cette 53 4Matic+ se destinant majoritairement à un usage quotidien. En ce sens elle nous fait penser à une sorte de grosse 911 Carrera 4... À 88.935 € en prix de départ, elle reste tout même plus abordable, et un peu plus pratique. En tout cas elle ne nous fait ni trépigner d’impatience dans l’attente des probables futures versions 2.0 E Performance, ni vraiment regretter un V8, même pour le bruit.
Dans cet article : Mercedes-Benz, Mercedes-Benz CLE
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