La Mercedes de l'an 2030 ne sera pas la navette volante que l'on imaginait volontiers dans les comics de sciences fiction des années 50. Elle gardera - hélas ! - les roues sur terre. Difficile d'imaginer qu'une telle solution puisse perdurer si loin dans le temps. Alors qu'en 2015, la circulation des véhicules à moteur sature à la limite de l'implosion. Pour éviter une telle issue, et parce qu'il est illusoire de sacrifier encore des superficies à la construction de nouvelles routes, il sera interdit de conduire soi-même. Cette échéance-là - de la conduite intelligente, dite «autonome» - est une certitude. Il ne faudrait d'ailleurs, à nos autos déjà super-assistées, que quelques radars et capteurs supplémentaires pour évoluer seules, sans conducteur.
Des essais ont du reste déjà été menés par certains constructeurs avec des véhicules actuels, notamment par Mercedes en 2013, lorsqu'une S 500 Intelligent Drive sans conducteur a entrepris de refaire sur route publique les 100 km entre Mannheim et Pforzheim, qui furent la première longue distance effectuée par l'automobile de Bertha Benz en 1888. L'été passé, un camion Actros 1845 «autonome» a circulé sur une section de l'autoroute de Magdeburg. De fait, la conduite autonome n'attend plus que les autorisations légales pour exister. Patrie du Zero Emission Vehicle (ZEV) et de la voiture électrique la plus évoluée (Tesla), la Californie reste l'état le plus demandeur et celui où les dispositions réglementaires sont les plus à même d'aboutir vite. Comme d'autres états américains, le Golden State montre que les États-Unis ont toujours une longueur d'avance sur les autres nations développées dès lors qu'il s'agit de prises de décision sociétales cruciales. Il est vrai que le gigantisme de l'infrastructure et la frénésie consumériste de ce pays les y acculent plus vite...
La bulle mobilière
C'est donc logiquement à San Francisco, pas loin de la Silicon Valley dont elle profite du savoir-faire électronique, que Mercedes nous a convié à rouler dans son dernier prototype. Il n'était pas question de le conduire. Parce que la F015 ne se conduit pas, même si elle a gardé un volant et des pédales «de secours», prévus davantage pour rassurer que par nécessité. Elle accélère, freine, se guide et évolue toute seule. À défaut de couloir de circulation déjà tracé, elle se fait le sien en évitant les obstacles avec une anticipation qui dépasse très largement celle d'un conducteur expérimenté, en «ondulant» avec la constance d'un crotale qui serpente entre les pierres surchauffées du désert Mojave.
Étonnante et sûre d'elle en mouvement, la F015 chuinte silencieusement. Normal, elle est électrique, mue par 2 moteurs arrière. Pourtant, lors de l'atelier organisé pour elle, on ne nous parlera pas beaucoup de son attelage hybride plug-in - associant une pile à combustible et son réservoir de 5,4 kilos d'hydrogène (H2) à une batterie à haut voltage de 29 kWh (en fait, 2 batteries de Smart ED). Sans doute parce que, pour original qu'il soit, ce propulseur a déjà été utilisé sur un précédent véhicule laboratoire (le F125 en 2011). Et, surtout, parce que l'intérêt de ce nouveau concept - non destiné à être produit - est ailleurs : susciter une réflexion globale sur la mobilité de demain, au-delà des réponses concrètes qu'il apporte déjà.
Avec ses portes autoclaves à battants dépourvues de montant central, la F015 a la forme d'un uf d'autruche couché. Elle est néanmoins plus longue qu'une Maybach... Ce choix ne met pas la tête de Mercedes dans le sable sous le prétexte insigne que la voiture du futur ne pourra être que petite. Replet de matériaux nobles et organiques, son habitacle se doit d'être un cocon de convivialité, dans lequel 4 adultes peuvent s'asseoir en vis-à-vis, en tournant le dos aux commandes (volant et pédales), pour mieux profiter des écrans (à zoom) tactiles et aux fonctionnalités dernier cri. Un carrosse qui leur permette de rester connectés au monde extérieur - fusse-t-il virtuel - mais qui, en véhicule responsable, communique avec son environnement immédiat à l'aide de ses rayons lasers (capables de tracer un passage clouté sur la chaussée devant un piéton pour l'inviter à traverser) et des messages d'avertissement à diodes inscrits, selon les circonstances, sur la proue ou sur la poupe. Dans l'idée et la manière, voilà une voiture capable de pacifier tous les acteurs de la mobilité en balayant le trafic de demain avec les lumières stroboscopiques de la fête. Vivement demain ?
Dans cet article : Mercedes-Benz
NE MANQUEZ RIEN DE l’ACTU AUTO!
Derniers modèles, tests, conseils, évènements exclusifs! C’est gratuit!