Premier essai / Peugeot E-3008 210 ch (2024) : nous l'avons testé

La troisième génération sera également disponible avec des moteurs à essence, mais lors du lancement du nouveau Peugeot 3008, le constructeur français met l'accent sur la variante E-3008 100% électrique. Et l'héritage promet d'être lourd à porter, puisque le modèle sortant s'est vendu à plus de 1,3 million d'exemplaires en sept ans. La barre est haute.

Design, carrosserie et dimensions Peugeot E-3008

Pour perpétuer le succès et marquer les esprits, le nouveau 3008 veut d’abord flatter l’œil. Il se taille un nouveau look, très pointu, de la poupe. Peugeot ne parle pas de « SUV-Coupé » mais de « SUV-Fastback », pour souligner que ce style effilé ne coûte rien en habitabilité (garde au toit à l’arrière et coffre). En tout cas, ce look est assez osé: certains aimeront, d’autres moins.

Un style que l’on doit en partie au coup de crayon de l’ancien designer maison, Gilles Vidal. La gestation du nouveau 3008 a en effet débuté en 2018, alors que Vidal n’a quitté la marque au lion qu’à l’été 2020 (pour filer chez le concurrent Renault…). Après le départ de Vidal, le nouveau chef du design, Matthias Hossann, a notamment redessiné la calandre et le bouclier. Pour ceux qui trouveraient ce 3008 trop extravagant, Peugeot lancera dans les mois prochains, son grand frère plus classique: le nouveau 5008.

Multimédia et infodivertissement Peugeot E-3008

À bord, l’ambiance cockpit de l’ancien modèle est ici encore plus marquée. Les passagers avant sont plongés au cœur d’un mobilier assez envahissant, surplombé d’une dalle numérique horizontale comprenant deux écrans: un combiné d’instruments de 10’’ et, collé à sa droite, un écran tactile de même dimension. Une interface un peu trop chargée en informations à notre goût et donc pas toujours hyper lisible.

Les touches «piano» physiques sur la console centrale de l’ancien 3008 ont été remplacées par des pavés numériques sur un écran dédié. Toutes les fonctions (y compris la climatisation) imposent un passage par le menu des écrans, ce qui n’est pas très ergonomique et impose un certain temps d’adaptation pour tout maîtriser… On notera que le levier de boîte a migré à la droite du volant, permettant d’augmenter les espaces de rangements dans la console centrale.

Habitacle Peugeot E-3008

Les sièges d’origine (en tissu/TEP sur l’entrée de gamme Allure et en Alcantara/TEP sur la GT) sont déjà confortables, mais Peugeot propose en option des fauteuils ergonomiques (certifiés AGR) et chauffants en cuir Nappa, pouvant même être ventilés, dotés d’une fonction massage et de soutiens latéraux pneumatiques pour mieux épouser la morphologie de l’occupant. De quoi se sentir quasi en apesanteur, d’autant que le petit volant presque rectangulaire évoque le manche d’un avion… 

Coffre Peugeot E-3008

Le volume du coffre n’évolue pas par rapport à l’ancien 3008, mais il se montre suffisamment généreux (520 l sous tablette, en thermique comme en électrique) et pratique à charger. Le double plancher permet d’obtenir une surface de chargement presque plane lorsque l’on rabat les dossiers. Dommage en revanche qu’il n’y ait pas de frunk à l’avant pour ranger les câbles de recharge. En outre, la modularité se limite ici à une banquette rabattable, fractionnée en 3 parties (40/20/40).

Plateforme et batteries Peugeot E-3008

Techniquement, ce 3008 étrenne la nouvelle plate-forme intermédiaire de Stellantis: la STLA Medium, sur laquelle reposeront plusieurs autres modèles du groupe, de tailles très différentes (de 4,30 à 4,90 m de long). Cette base technique a été étudiée dès le départ pour l’électrification et donc l’intégration de gros accus.

Ceux-sont boulonnés dans un caisson placé sous le plancher, entre les roues avant et arrière. Le 3008 ne proposera pas de petite batterie d’entrée de gamme, mais uniquement une de taille intermédiaire (73 kWh nets, 520 kg et 525 km d’autonomie annoncée) et une très grosse (98 kWh, 574 kg et 700 km d’autonomie annoncée).

Options de recharge Peugeot E-3008 

Les batteries lithium-ion de 400 V sont de type NMC (Nickel, Manganèse et Cobalt). Pour les charger, le 3008 dispose d’un chargeur AC intégré de 11 kW de série ou de 22 kW en option. En courant continu (DC), les deux batteries acceptent la même puissance maxi (160 kW), mais la pile de 98 kWh se charge étonnement un peu plus vite que la 73 kWh (de 20 à 80% en 27 minutes contre 30).

Cela s’explique, car Peugeot a dédoublé ses cellules. Chaque module se compose de 16 cellules en parallèle (contre 8 cellules en série pour la plus petite batterie), ce qui permet de charger plus rapidement. Mais cela coûte aussi plus cher à produire puisqu’il faut produire deux fois plus de cellules.

Ces batteries à haute tension peuvent également charger un appareil externe (fonction « Vehicle to Load », jusqu’à 3 kW de puissance). Comme souvent, ces accus sont garantis pendant 8 ans (ou 160.000 km).

Spécifications Peugeot E-3008

Les moteurs électriques avant (210 ch avec petite batterie ou 230 ch avec la grosse ; 343 Nm dans les deux cas) sont également français, produits par la joint-venture Stellantis-NIDEC. Le propulseur arrière de 113 ch de la «dual motor» a été développé par Valeo mais semble être produit en Chine ; c’est pratiquement le même moteur que celui des anciens 3008 PHEV.

Nous avons donc testé la version 210 ch à batterie de 73 kWh. Mais ne vous attendez pas à des accélérations « canon »: les 210 ch ne sont pas de trop pour mouvoir les 2.200 kg de l’engin ! 

Conduite Peugeot E-3008

En conduite active, ce poids se ressent forcément dans les virages. Mais grâce au train avant efficace, l’agrément de conduite est bien présent, d’autant que ce 3008 étale un compromis confort/tenue de route réussi, malgré l’absence d’amortissement piloté. 

Les palettes au volant permettent de réguler la puissance de régénération sur 3 niveaux, mais pas de mode «one pedal» ici, ni de système de régénération automatique anticipatif via radar. Peugeot a par contre développé un intéressant planificateur de voyage sélectionnant les points de recharge idéaux en tenant compte de plusieurs paramètres, dont le niveau de batterie souhaité à l’arrivée. Et un système de préchauffage de la batterie pour accélérer la recharge rapide est prévu. Par contre, pour notre marché au climat tempéré, Peugeot a décidé de facturer la pompe à chaleur en option (800 €).

Consommation et autonomie Peugeot E-3008

Concernant la consommation d’électricité, l’ordinateur de bord affichait une moyenne raisonnable de 16,6 kWh/100 km à l’issue de notre boucle d’essai favorable, menée en grande partie en agglomérations ; cela correspond à une autonomie réelle de 440 km. Le rayon d’action devrait par contre tomber sous les 350 km sur des trajets exclusivement autoroutiers, où la consommation dépassera les 20 kWh/100 km.

Prix en Belgique Peugeot E-3008

• Allure : à partir de 49.375 €
• GT : à partir de 54.735 €

Verdict Peugeot E-3008

Produit abouti au look bien tranché et construit quasi intégralement en Europe, ce nouveau 3008 électrique vit avec son temps. On apprécie son habitacle original et son agrément de conduite général, mais l’effet « Waouh » suscité par son prédécesseur à l’époque n’est plus de mise. Succéder à un tel best-seller est une lourde mission.

On regrette que Peugeot n’ait pas fait davantage d’efforts pour abaisser le poids des versions électriques, ce qui aurait eu des effets positifs en cascade (sur la conso, l’autonomie et l’agilité). Quoiqu’il en soit, en l’état, le nouveau Renault Scénic E-Tech s’annonce comme un rude concurrent. Il y a des étincelles dans l’air…