C'est au centre d’essais et de développement du groupe Stellantis de Balocco, entre Milan et Turin, qu'Abarth nous a conviés pour découvrir sa nouvelle sportive à pile, mais aussi pour la confronter à sa sœur à moteur thermique sur un tour de piste. Cette nouvelle puce électrisée dérive bien sûr de la Fiat 500e. Elle existe en «coupé» (Hatchback) ou Cabrio («C»), mais on ne parle pas de version «3+1» portes. Cette Abarth grave son nom en toutes lettres sur sa calandre (fermée) et appose derrière ses portières le logo du Scorpion traversé d’un éclair, pour souligner son électrification. Voyons si le modèle est aussi foudroyant qu’on nous l’annonce...
Carrosserie et dimensions Abarth 500e
En bonne Abarth, cette 500e a bien sûr pris du muscle par rapport à la Fiat électrique dont elle dérive. Elle enfile un kit carrosserie intégral, avec boucliers redessinés, jupes latérales, diffuseur arrière et coques de rétroviseur «gris titane». Les jantes (17 ou 18") sont également spécifiques. Si elle conserve la largeur et l'empattement de la Fiat 500e "normale", elle gagne 41 mm en longueur et perd 9 mm en hauteur.
>> Longueur : 3673 mm - largeur : 1682 mm - hauteur : 1518mm - poids : 1410 kg
Intérieur et coffre Abarth 500 e
À bord, l’ambiance se veut volontairement sombre et on trouve évidemment des sièges sport. Sur la version haut de gamme (Turismo), ces sièges se drapent d’un mélange de cuir et d’Alcantara. Idem sur le tableau de bord et le volant. Pour le reste, on retrouve le mobilier de la 500e, avec des matériaux bien présentés et bien assemblés, nettement plus valorisants que ceux de l’ancienne 500 (sur laquelle sont basées les Abarth thermiques 595 et 695, qui resteront en vente jusqu’à la fin de cette année).Pour le coffre, tablez sur un volume identique à la Fiat 500e avec 185 l, extensible à 550 l une fois la banquette rabattue.
Spécifications et performances Abarth 500e
Outre un traitement esthétique spécifique, l’Abarth 500e gagne aussi en puissance par rapport à sa cousine Fiat. Le moteur synchrone à aimants permanents, toujours situé sous le capot avant, a été optimisé (notamment l’onduleur) pour passer de 118 à 155 ch et de 220 à 235 Nm de couple. Ce bloc, fourni par GKN, pourrait être encore plus poussé, mais les ingénieurs déclarent qu’aucune version plus puissante n’est prévue actuellement. Leur petit sourire en coin laisse cependant augurer le contraire… Soit.
Ce moteur est toujours couplé à un réducteur, mais le rapport de réduction est ici plus important que chez Fiat (de 9,6:1 à 10,2:1) pour des accélérations et reprises encore plus franches. Résultat: cette Abarth à pile passe de 0 à 100 km/h en 7,0 secondes. Mais sa vitesse de pointe est bridée à 155 km/h…
Autonomie et charge Abarth 500e
Pour alimenter le moteur en courant, Abarth a repris la plus grosse batterie (fournie par Samsung) de la Fiat 500e (42 kWh bruts, 295 kg), toujours refroidie par eau et installée dans le plancher, sous les sièges avant et arrière. Cette pile a été retravaillée pour réduire la perte de performances lorsqu’elle se décharge: en passant de 100 à 50% de charge, on ne perdrait que 5% de temps d’accélération sur le 0 à 100 km/h, nous dit-on.
En termes de recharge, l'Abarth 500e embarque un chargeur de 11 kW (en triphasé) sur courant alternatif et permet la recharge rapide jusqu'à 85 kW. Il faudra donc compter 4h15 pour recharger complètement la batterie dans le premier et cas et environ 35 minutes pour récupérer 80 % de charge dans le second. Sur circuit, l'autonomie n'ira guère au delà d'une centaine de kilomètres. Sur route, comptez 215 km en conduite courante quand Abarth annonce entre 253 et 264 km (selon la taille des jantes) en WLTP.
Conduite (circuit) Abarth 500e
Les trains roulants de la Fiat 500e ont également été revus, avec des combinés ressorts/amortisseurs plus fermes. On trouve aussi ici des disques de frein à l’arrière, à la place des tambours de la 500e. Et cette Abarth chausse des pneus Bridgestone Potenza développés spécialement pour elle.
Si la version de base reste aphone en toutes circonstances, la finition haute (Turismo) dispose d’un générateur de son artificiel. Via un amplificateur, le logiciel envoie le son digitalisé et reconstitué dans un haut-parleur situé à la place de l’échappement habituel, donc à l’extérieur de la voiture. Au ralenti, le son fait presqu’illusion. À l’accélération, en mouvement, le volume sonore augmente, mais il manque la rythmique habituelle des changements de vitesse, qui sont ici inexistants puisque la boîte ne compte qu’un rapport unique. Bref, ça sonne vite faux et on a rapidement éteint cet artifice.
Pour nous prouver que l’électrique va plus vite que l’essence, Abarth a organisé sur une des pistes de Balocco un petit duel entre la 500e et une 695 1.4 turbo de 180 ch à boîte 5 manuelle. Nous commençons par l'essence, sur une piste détrempée. Pour adopter un bon rythme, il faut s’impliquer et s’appliquer, à l’ancienne. C’est gratifiant et on ressort de la voiture avec un large sourire.
Avec l’électrique, c’est une autre chanson. À fond d’accélération, le générateur de son nous laisse dans les oreilles une musique monocorde, un peu comme le bruit d’échappement lancinant d’un gros scooter à boîte CVT. Par contre, on est parfaitement assis derrière le volant, réglable sur les deux plans. Et pas besoin de se battre en virage: le freinage est plus stable, le train avant plus serein et la vitesse de passage en courbe finalement plus rapide, surtout dans ces conditions humides. C’est que l’Abarth électrique est mieux posée au sol que sa sœur thermique, avec un empattement plus long (+24 mm) et des voies plus larges (+60 mm). La batterie dans le plancher abaisse aussi le centre de gravité, tandis que les masses sont mieux équilibrées (répartition du poids avant/arrière de 57/43% contre 63/37% pour l’essence). Bref, même si la 695 est 400 kilos plus légère, plus puissante et plus performante en ligne droite (0 à 100 km/h en 6,7 s et 225 km/h en pointe), elle est une seconde moins rapide au tour sur cette piste. Et on perçoit cette meilleure efficacité à vue de nez, même sans l’aide du chrono.
Conduite (route) Abarth 500e
Après le circuit, place à la route. Premier constat marquant: cette 500e est la plus confortable des Abarth. Son amortissement est certes ferme, mais pas cassant. Il contient parfaitement les mouvements de caisse sans faire sauter nos plombages à la moindre cassure ni sautiller exagérément sur les bosses. Le mode «one pedal», qui autorise en effet un arrêt complet sans toucher la pédale de frein, incite à une conduite anticipative, avec une consommation qui a varié entre 15 et 20 kWh/100 km sur notre parcours, mené sans forcer.
Prix belges Abarth 500e
Et le prix? Comme mentionné dans l’intro, l’Abarth électrique est disponible en hatchback ou cabrio (+3.000 €). La version de base débute à 37.790 €, soit un gros 10.000 € de plus qu’une 595 à essence de 165 ch ou 8.000 € de plus que la 695 de 180 ch. Mais l’électrique est nettement mieux équipée (clim’ auto, GPS, assistances à la conduite en tous genres, etc.). Il n’est cependant pas possible de la façonner à la carte: la seule option individuelle est la couleur métallisée. Pour disposer de la sellerie cuir-Alcantara, du toit panoramique (sur hatchback), du générateur de son, de la caméra de recul ou des jantes de 18", il faut se tourner vers l’exécution haut de gamme Turismo, coûtant… 4.000 € plus cher! Et cette version chic chaussée de plus grosses jantes perd aussi 10 kilomètres d’autonomie.
ATTENTION > POUR L'IMAGE, DIMENSIONS > 100% dans la première case, deuxième case vide
Abarth 500e – verdict du Moniteur Automobile
Les ingénieurs de chez Fiat ont réussi à nous concocter une petite sportive électrique ludique et précise à piloter. Mais si cette Abarth à pile est plus équilibrée et plus efficace en virage que ses sœurs à essence, elle en a perdu la voix et le tempérament turbulent, qui constituent pourtant tout le piquant des modèles au Scorpion. La nouvelle lisse les sensations. Le client Abarth traditionnel s’en désolera sûrement. Les autres se réjouiront de la confrontation avec une nouvelle race de petites bombinettes sous tension, comme la prochaine Mini Electric et l’Alpine A290, attendues en 2024.
- Petite sportive électrique efficace
- Caractère lisse, peu démonstratif
Dans cet article : Abarth, Abarth 500
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