Le 9 novembre 2022 Volvo adressait les faire-part à tout le milieu automobile, dont les clients. Or deux ans plus tard, pas un seul de ces gros bébés ne circule dans nos rues. La raison est électronique: des problèmes de logiciels à s’en arracher les cheveux… et même pas encore totalement résolus. Du coup, impossible de donner le feu vert à la production. Une situation qui a usé la patience de tous, même celle des dirigeants de Volvo. À Göteborg, on s’est résigné : il valait mieux une EX90 incomplète que pas d'EX90 du tout! Les derniers réglages seraient trouvés entre-temps et appliqués via des mises à jour over-the-air. La première d'entre elles devrait être lancée d'ici à la fin du mois de novembre (cet essai est rédigé à la mi-octobre, ndlr).
Nénamoins, nous avons finalement obtenu les clés de ce SUV électrique tant attendu, ce qui laisse à penser que l'EX90 a suffisamment d'autres armes pour nous convaincre, même sans son attirail sécuritaire au complet. Le fait que les « clés » soient en fait un jeu de cartes bancaires et une étiquette nous permet au moins de comprendre que l'EX90 vit entièrement dans le présent. C'est du moins ce que Volvo veut laisser transparaître...
Design Volvo EX90
La fameuse bosse sur le toit ne semble pas altérer l'aérodynamisme, Volvo annonce un Cx de 0,29. Une excellente valeur s’agissant d’un tel colosse routier. Il fallait néanmoins compenser, notamment en adoptant des poignées de porte intégrées, des jantes très profilées (20’’ de série, 21 ou 22 en option) ou des montants de toit affleurant (au plus près) le vitrage latéral. Des interventions qui servent la fonction, mais aussi l'esthétique du SUV. Simple, fluide, classe. Cette forme comme taillée dans la massa est mise en valeur par les désormais typique phares «marteau de Thor».
Outre le fait qu'ils intègrent la technologie HD-pixel (qui ajuste automatiquement la forme et l'intensité du faisceau lumineux en fonction des conditions), ils semblent en outre frapper un clou de diodes de jour.
Le design minimaliste masque le gabarit réel de ce SUV qui, en s’étirant sur 5,04 m ( pour 1,96 m de large et 1,75 m de haut) l'EX90 est un sacré bahut. Et un véritable cuirassé: le Twin Motor testé ici indique 2,5 tonnes sur la balance. En termes de taille et de poids, l'EX90 surclasse le XC90, l'alternative à moteur conventionnel qui a depuis repris vigueur grâce à un lifting et que l'on retrouvera donc dans le catalogue Volvo pendant un certain temps encore, puisque la marque, comme tout le monde, revoit son agenda électrique.
Intérieur Volvo EX90
La troisième rangée de sièges présente à bord de l’EX90 Twin Engine en dit long sur l'espace intérieur. Un espace que vous pouvez aménager à votre guise, en optant plutôt pour les deux fauteuils centraux «Captain» en remplacement de la banquette conventionnelle, sans supplément de prix. Où que l’on prenne place, on jouit de grandes aises, tant pour la tête que les jambes ou des coudes. Cela dit, tout à l’arrière, mieux vaut ne pas être trop grand et large. Grâce à la position relativement haute de tous les sièges, les pieds se glissent toujours sous l’assise devant soi.
Autre atout familial: le volume du coffre. Même lorsque la troisième rangée de sièges est utilisée, vous disposez encore de 384 litres de capacité de chargement. En abaissant les assises du fond, on dispose alors de 1029 litres, et si seuls les sièges avant sont utilisés, l’EX90 devient cargo, avec 1955 litres disponibles. Si cela ne suffisait pas, il reste un surplus à l’avant, grâce au frunk de 46 litres. Sans oublier la boule de remorquage (optionnelle) pour tracter un attelage jusqu’à 2,2 tonnes. Bref : l’EX90 est un authentique «People mover».
Le minimaliste s’invite également à bord du Volvo, qui vous accueille dans une zénitude chère à la marque. C’est partiellement dû au nombre limité de boutons et de leviers. Et on apprécie beaucoup la sellerie composée de laine et les sièges confort particulièrement soucieux de notre bien-être.
Les plastiques sont doux au toucher et un élégant placage de bois réchauffe l’atmosphère, une essence issue d'arbres de la filière écologique. Si le revêtement en laine ne vous sied pas, le «cuir» Nordico se drapera sur le tableau de bord, les panneaux de porte, de la console centrale et les sièges. Il est réalisé à partir de bouteilles de plastique recyclées. Parce que Volvo tient beaucoup à cet aspect des choses, les communiquant précisent que plus de 50 kilos des matériaux habillant l’EX90 sont issus du recyclage ou, au minimum, fabriqués à partir de matériaux d'origine biologique.
Peu de boutons et de commutateurs, cela implique un utilisation quasi exclusive de l’écran central de 14,5’’, comme de coutume avec les Volvo électriques. Il s’agit donc d’un système d'infodivertissement Android Automotive, très convivial.
Cela dit, l'électronique de sécurité vous irritera souvent, car diverses fonctions courantes nécessitent de multiplier les tapotements et glissements de doigts sur l'écran. Heureusement, Volvo ne commet pas l’erreur de l’EX30 : l'EX90 a toujours droit à un combiné d'instruments séparé, voire même complété par un affichage tête haute en fonction de la version choisie. Ce qui aide à regarder devant soi et être rassuré sur les fonction activées, ou pas.
Un écran supplémentaire de 9’’ qui a, semble-t-il, épuisé le reste du budget consacré à l’électronique embarquée. Car à l'instar de VW et de ses ID, l'EX90 ne dispose pas non plus de lève-vitres séparés pour les vitres arrière à l'avant. Une solution «bon marché» que nous estimions déjà peu digne chez Volkswagen ; alors dans le cas d’un SUV de ce budget, c'est mesquin.
Spécifications et performances Volvo EX90
Notre EX90 d'essai était une version « Twin Motor ». Comme son nom l'indique, deux moteurs électriques synchrones à aimants permanents se combinent pour délivrer 408 ch et 770 Nm. Si cela ne suffit pas, sachez qu'il existe également une variante « Twin Performance » qui porte ces valeurs à 517 ch et 910 Nm.
Avec la version Single Motor, l'EX90 s'en tient à un moteur sur l'essieu arrière qui délivre lui 279 ch et 490 Nm. Nous n'avons pas encore conduit ces deux variantes et nous nous abstiendrons donc d'émettre un jugement définitif à leur égard, mais il nous semble qu'il est possible d'oublier ces deux alternatives. Le Single Engine nous semblant un peu limité si d'aventure, en plus des 2,5 tonnes de poids à vide, vous remplissez l'EX90 de passagers et de leurs bagages.
La volupté situe directement l'objectif de l'EX90. Car même si cette version Twin Motor, avec ses 408 ch et 770 Nm, revendique de belles performances (0 à 100 km/h en 5,9 secondes), cette puissance doit servir le confort avant tout.
Conduite et confort Volvo EX90
De toute façon, on sent que la sportivité au sens strict n’a pas préoccupé les concepteurs, à raison. Le grand SUV le signale immédiatement par une direction particulièrement légère et peu communicative. Un sentiment qui peut être tempéré par le réglage Sport… qui se contente d’augmenter la résistance, sans gain en agrément dynamique.
Absolument rien de dramatique, mais ajouté à la carrure élevée et au poids considérable, l'EX90 n’est pas le roi des virages rapides. On le répète : n’y décelez aucune déception de notre part. Et parce qu'au sein de la maison-mère chinoise, Geely, il existe des alternatives électriques plus vivantes, on pense à la Polestar 3. Un SUV partageant sa plateforme SPA avec l'EX90.
Volvo nous a assourdi au sujet de l'insonorisation de l'EX90, et à juste titre. Grâce aux vitres feuilletées de notre finition Ultra, pratiquement tous les bruits de roulement et de conduite sont étouffés. Le silence qui en résulte renforce l'effet cocooning de ce SUV.
À propos de bien-être, un bon conseil: ne soyez pas radin et cochez sans hésiter l’option suspension pneumatique (2.700€). Nous n'avons pas encore conduit l'EX90 sans cette suspension, mais au vu de notre excellente expérience avec les coussins à air, nul doute que ce sera moins bien, voire carrément beaucoup plus tendu, en particulier si vous craquez pour les jantes de 22’’.
Autonomie et charge Volvo EX90
Très franchement, nous nous contenterions des roues de 20’’ de série (21’’ dans le cas de la version Ultra). Avec l'argument supplémentaire que cette taille raisonnable permettra probablement à l'EX90 de se rapprocher de son autonomie WLTP annoncée à 614 km. Une autonomie généreuse que ce SUV baraqué doit principalement à sa batterie de 111 kWh (107 kWh nets) plutôt qu'à l'efficience de ses moteurs synchrones à aimants permanents. Les 20,8 kWh/100 km de moyenne annoncés officiellement ne sont pas un exemple de frugalité. Bien entendu, rapportée à la taille de l'EX90, cette moyenne est tout sauf mauvaise.
Si vous privilégiez les recharges rapides, le chargeur interne du Volvo supporte un flux jusqu’à 250 kW, de quoi annoncer une récupération 10 à 80 % en une demi-heure. En courant alternatif, l’EX90 doit se contenter d’un chargeur de 11 kW, puisque pas d'option 22 kW, comme chez Lotus, car l'EX90 - contrairement à l'Eletre basé sur une autre plateforme de Geely – ne jouit pas de l’architecture 800 volts.
Prix Volvo EX90
Dans sa version de base Core, l'EX90 Twin Motor coûte au moins 93 020 euros. C'est beaucoup d'argent. Notre voiture d'essai, dans sa version Ultra et équipée du système audio Bowers & Wilkins au son phénoménal (3 100 euros) et de la suspension pneumatique (2 700 euros), a même atteint 114 590 euros.
Heureusement, il y a une contrepartie, comme la finition haut de gamme déjà mentionnée, les six ou sept sièges, une pompe à chaleur, un foyer Google complet (avec un plan de données de quatre ans) et une foule d'autres luxes pour lesquels il faut mettre la main à la poche chez d'autres constructeurs haut de gamme.
Verdict Volvo EX90
L'EX90 est un séducteur distingué dont vous apprécierez le design épuré et l’aménagement minimaliste typiques à Volvo. Si vous avez la chance de l’enrichir du vitrage acoustique et de la suspension pneumatique, il se transforme en une cellule antistress dans laquelle vous passerez des heures sans ressentir l’envie d’en sortir, idéalement assis dans ses fantastiques fauteuils. Cet état de relaxation supérieure fait passer au second plan les défauts forcément inhérents à un SUV si grand et lourd.
Dans cet article : Volvo, Volvo Ex90
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