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Premier essai / Zenvo TSR-S : l’autre super Viking

Rédigé par Olivier Duquesne le

Au Danemark, le petit constructeur Zenvo développe et construit des hypercars au V8 monstrueux. La TSR-S développe quasi 1200 ch pour 1,5 tonne. Elle se distingue surtout par son aileron dansant.

Le concept

Quand on demande de citer des marques développant des voitures de plus de 1000 ch, on vous dira souvent spontanément Bugatti et Koenigsegg, voire Aston Martin et AMG. Pourtant, il y en a d’autres comme Zenvo. Cette marque danoise créée en 2004 par Troels Vollersten lançait son 1er modèle en 2009, la ST1 à 1104 ch. 10 ans plus tard, le curseur a encore avancé avec la TSR-S. Il s’agit de la variante homologuée pour la route de la TSR réservée au circuit. Un bolide en fibre de carbone animé par un V8 5.8 l à double suralimentation de 1194 ch à 8500 tr/min et de plus de 1100 Nm. Et autant vous le dire de suite, ça dépote.

Démarrage

La « clé de contact » doit être introduite dans un réceptacle pour éviter qu’on ne la dépose dans le vide-poches de la console centrale. En cas de forte accélération, elle se transformerait alors en projectile. Dans le brouhaha du V8 en attente, sortant de l’échappement en titane, nous appuyons sur le frein en positionnant le levier sur D de la boîte séquentielle à 7 rapports. Rien ne se passe ? En fait, il faut attendre de toutes petites secondes avant que la Zenvo ne soit prête à s’élancer. En quittant le garage, pas de tressaillements. La suspension absorbe bien le bitume, du moins celui de bonne qualité du Danemark. La direction est du même ordre. Déplacer l’hypercar à faible vitesse ne nécessite pas des bras de body-builder. Les coups de volant s’avèreront également très précis quand le rythme va s’accélérer. Et cela accélère très, très vite. Sur routes ouvertes, sans vigilance, le permis ne tient qu’à un tout petit fil. Celui du filet de gaz qui permet d’atteindre rapidement des vitesses hallucinantes. Une ligne droite dégagée en fera rapidement la preuve.

Comment ça roule ?

Trêve de paroles. Après un round d’observation, le patron à nos côtés insiste pour qu’on écrase l’accélérateur en passant les rapports à la volée avec les palettes. Une action qui provoque d’emblée l’envol de la Zenvo. Tout le métabolisme des 2 occupants en est bousculé. Avec des sensations extrêmes liées à son accélération mirobolante : 0 à 100 km/h en 2,8 s et 0 à 200 km/h en 6,8 s. Il va de soi que dans la circulation, il a fallu couper la machine dans son élan. Sans limites, la voiture atteindrait sans peine la vitesse maximale bridée à 325 km/h. Pour freiner ses 1,5 tonne, elle utilise des freins en carbone céramique, mais pas de chez Brembo. Les disques de 395 mm (AV) et 380 mm (AR) viennent de chez Surface Transforms qui fournit d’autres hypercars.

Aileron dansant

Par contre, il n’a pas été possible de tester l’aileron arrière si particulier de la Zenvo, il faudra attendre une sortie sur circuit pour cela. L’élément le plus brut de la voiture peut se mouvoir sur 4 axes. Son but est de contrebalancer l’appui de manière à garder une répartition de 50/50 entre l’avant et l’arrière. De l’aveu même du designer, la voiture a d’abord été dessinée à 90 % pour l’aérodynamique. Elle a un fond plat et le circuit de l’air est orienté pour la déportance et le refroidissement du moteur. Il faut noter que pour accéder au compartiment moteur à l’arrière, il faut débloquer l’aileron en retirant des tubes cylindriques manuellement.

À l’aise

Retour à la balade sur les petites routes danoises autour de l’atelier (on ne parle pas d’usine avec un artisan de cet acabit) de Præstø, sur l'île du Sjælland. La TSR-S reste parfaitement maîtrisable pour tout conducteur un peu aguerri. Pas question de laisser la boîte gérer entièrement les rapports. Il faut les passer à la main avec les palettes. Pour cet essai, nous sommes restés en mode IQ. Il s’agit d’un programme adaptant automatiquement le couple, par paliers. En résumé, il autorise un patinage de 3 % avant de réduire les capacités du moteur. Le but ? Permettre de profiter de la meilleure motricité sans se faire des frayeurs inutiles, surtout sur sol humide. Il évidemment possible de désactiver les aides à la motricité tout comme on peut sélectionner un mode « doux » avec une puissance réduite à 700 ch. Quant à la boîte, il existe deux logiques : une pour la route et une autre pour la piste, plus agressive. Entre nous, la boîte se montre à la fois virile, rapide tout en étant docile. Elle donne de petits coups aux changements de rapports. À moins de soulager l’accélérateur au moment d’utiliser les palettes. Au freinage ou en ralentissant, elle peut rétrograder d’elle-même.

Le budget

À bord, l’ambiance est selon les désidératas du client. L’écran est une « simple » tablette iPad Pro qu’il est possible de détacher. Soit pour analyser ses chronos à l’aise dans le paddock, soit pour laisser le passager donner des indications sur le pilotage. Pour le reste, tout est personnalisable. Chez Zenvo, c’est du fait main et maison (à part la tablette et le bloc moteur). Autant dire que les réglages ont été ajustés par l’équipe locale. Un travail d’orfèvrerie qui trouve son aboutissement avec la TSR-S. Et cela a évidemment un prix : à partir d’1 million d’euros hors taxes. Ensuite, tous les désirs seront des ordres à coup de suppléments à 5 ou 6 chiffres (en euros).

Notre verdict

La Zenvo TSR-S est un de ces ovnis automobiles réservés à quelques passionnés très fortunés. Cette déclinaison homologuée de la pistarde TSR est très étonnante sur la route. Elle ne se montre pas indomptable, loin de là. Reste à accepter un véhicule ultrasportif sans fioritures et quasiment sans coffre. Pas question de compter sur un réseau, le constructeur se chargera d’envoyer un de ses « docteurs volants » pour tout entretien ou toute réparation. Ce qui renforce le caractère exclusif de cette voiture à fort tempérament et à hauts décibels, distributrice de sensations inoubliables.

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