- Avis Rédaction /20
Et si cette somptueuse Lexus, qui en impose par sa stature et son gabarit, était en fait la réincarnation moderne des grands cabriolets de l’entre-deux guerres, voire encore des années 50 et 60 ? Car oui, pas de doute, ce cabrio en impose du long de ses 4,77 m et de ses près de 2 m de large. Avouez que pour loger deux personnes et à peine 150 l de bagages, on a déjà vu plus compact. Mais aussi élégant ?
En réalité, cette LC Cabrio n’est pas de son époque ; elle aurait pu (dû) naître à une époque où le style des grands carrossiers primait sur des considérations purement économiques ou industrielles. L’amour du bel objet était en ces temps-là une priorité, bien avant le grammage de CO2, le nombre d’étoiles N-Cap ou la connectivité Machin.
Né de considérations issues d’un autre siècle, ce grand cabrio à la ligne si personnelle est un peu anachronique dans notre époque étriquée, engoncée dans son politiquement correct et ses normes étouffantes. Et pourtant, il en fait se retourner des têtes, preuve que l’intérêt pour l’automobile d’exception reste bien ancré, car oui, bien des badauds sont venus spontanément vers nous pour tenter d’en savoir plus sur cet OVNI et non, nous n’avons pas eu d’attitudes agressives tout au long de notre semaine d’essai.
Chouette
Espèce sans doute en voie d’extinction, ce grand cabrio installe fièrement un bon gros V8 atmo de 5 litres sous son immense capot avant, qui repousse les deux occupants assez loin vers l’arrière, dans la plus pure tradition des roadsters. Sous la pédale, prêts à répondre à la moindre sollicitation, piaffent 464 ch et 530 Nm, qui transitent vers une boîte automatique à 10 rapports entraînant à son tour les seules deux roues arrière.
Déjà, sa simple mise en route est un vrai bonheur sonore, quand les 8 pistons se réveillent dans un grognement sourd et bien rond, loin de la stridence de certains moteurs italiens : sa tessiture nous rappelle plus celle de certains «big blocks» américains, avec une touche de raffinement en plus. Un raffinement typiquement japonais en somme, fait de retenue et de discrétion relative. Mais ne vous y trompez pas ; ce V8 monte à l’assaut du compte-tours avec toute l’agilité d’un maître des arts martiaux et déchaîne alors une tempête de sensations, plus encore si vous optez pour le mode de conduite le plus agressif. Car ce molosse de plus de 2 tonnes est capable de filer à 270 km/h et il lui faut moins de 5 secondes pour passer de l’arrêt à 100 km/h. Il en est capable mais ce n’est pas ce qu’il préfère.
Le cabrio LC500 s’exprime plus dans sa force tranquille, l’assurance de son potentiel et de ses ressources omniprésentes et disponibles au cas où. Le reste du temps, point n’est besoin de brusquer un chef d’ouvre en péril qui s’exprime essentiellement par ses qualités de confort, l’attention portée aux détails, le soin de sa finition et de ses matériaux, son équipement d’une richesse inouïe. On sent vite que l’habitacle, tel un écrin, a été dessiné autour des occupants, considérés eux comme des bijoux précieux qu’il faut soigner. Et se sentir choyé, avouez que ça fait du bien, dans cette époque baignée dans l’agressivité des réseaux (a)sociaux.
On se prend vite à musarder tranquillement, installé dans des sièges dont on dirait qu’ils sont faits sur mesure, à profiter du moindre rayon de soleil grâce à la capote qui s’ouvre (et se ferme) en moins de 15 secondes, y compris en roulant (à maximum 50 km/h, mais bizarrement pas depuis la télécommande, ce qui fait toujours son petit effet Place du Châtelain…) et qui, fermée, assure une isolation acoustique de premier plan. Même si l’air est frais, il est possible d’évoluer toit ouvert grâce à la très bonne protection aérodynamique, la nuque éventuellement réchauffée par un souffle d’air chaud (à la température et à l’intensité réglables) venant du support des appui-tête.
Avec un best-of des Beach Boys savamment distillé par l‘incroyable installation audio Mark Levinson, la casquette de base ball sur la tête et les Ray-Ban sur le nez, on s’imagine vite croiser tranquille à Santa Monica ou Venice Beach. Jusqu’au moment où on se prend un méchant nid-de-poule qui, comme un triste retour à la réalité, nous rappelle qu’en fait on est sur… l’A54 entre Charleroi et Nivelles. Et oui, on a la magie qu’on peut…
Dommage
Vous l’aurez compris, cette LC500 est… une incomprise en nos contrées mais pourtant elle poursuit sa voie sans se soucier de rien d’autre que d’être elle-même, sans chercher à singer l’un ou l’autre modèle de luxe européen ou à rentrer dans des cases. Elle est entière et à prendre comme telle.
Mais ça ne l’immunise pas de la critique, à commencer par un volume de coffre ridicule par rapport à son gabarit. Même si les strapontins arrière sont inutilisables pour une personne normalement constituée, et peuvent dès lors se transformer en espace d’accueil pour des bagages supplémentaires.
Le dessin si particulier de la carrosserie rend aussi difficile le respect de l’intégrité de ses contours, ce qui rend les boucliers vulnérables dans un environnement urbain agressif. Et bien sûr, elle est matraquée par les taxes, mais ça ce n’est pas de sa faute. Voilà qui représente un frein à sa diffusion mais celui capable de sortir plus de 130.000 € le contournera sans doute aisément. Heureux homme, heureuse femme ! Ah oui : l’ergonomie de son multimédia , où tout passe par un pavé tactile très (trop ?) sensible n’est pas non plus ce qui se fait de mieux.
Donc
D’un strict point de vue rationnel, cette LC500 Cabrio n’a aucune chance sur notre marché hyper conservateur. Imposante, encombrante, lourde et peu logeable vu son gabarit, rongée par les taxes et sa consommation, elle n’a que peu de chance de séduire un client potentiel porté sur l’achat-raison ou l’achat-malin. Lecteurs de Test-Achats, passez votre chemin.
Mais ceux qui pourront contourner cet écueil découvriront un cabrio de grande classe, très attachant, hyper confortable, performant et très bien équipé, doté en outre d’une ligne à nulle autre pareil. On ne risque en effet pas d’en croiser à chaque coin de rue et rien que pour ça elle mérite le détour. Elle affiche en effet (presque) l’exclusivité d’un Aston Martin DB11 Volante pour 70.000 € de moins ou d’une Bentley Continental GT Convertible pour… 100.000 € de moins. Comme quoi, la question du prix est toujours relative.
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