« Cachez ces autos que je ne saurais voir – Par de pareils objets nos plans sont biaisés – Et cela fait venir de coupables pensées ». Cette paraphrase des célèbres répliques du « Tartuffe, ou l’imposteur » de Molière semble ceindre aux ambitions du gouvernement bruxellois. Le plan Good Move ambitionne déjà de faire disparaître 65.000 places de stationnement en surface en région bruxelloise d’ici 2030. Mais cela ne semble pas suffire. Un des nouveaux leviers imaginés par la ministre de la Mobilité, Elke Van den Brandt (Groen), est la création de zones grises pour faire migrer le stationnement hors des voiries. Son avant-projet d’ordonnance vise clairement à pousser les automobilistes dans les parkings publics (souvent privés).
Tarif dissuasif
Le quotidien L’Écho nous a appris ce week-end que l’exécutif bruxellois entend favoriser le stationnement hors voirie. L’avant-projet d’ordonnance vise à remplacer celle de 2009. En plus des zones rouges, vertes et bleues, pourraient arriver des zones grises. Dans ces dernières, le stationnement en voirie sera systématiquement plus cher que celui des parkings publics. De plus, le prix du stationnement en voirie sera variable en fonction du type de véhicule et du profil socioéconomique du ménage (sic ?). Les propriétaires des parkings devront toutefois répondre à certains critères pour prétendre devenir « publics » et ainsi attirer l’automobiliste soucieux de stationner son véhicule à Bruxelles.Les zones grises seront d’ailleurs installées autour de ces espaces de parking hors voiries. En outre, l’avant-projet donne les moyens de percevoir les amendes et redevances impayées par un mécanisme de contrainte sans obligation de saisir les tribunaux !!!
Pression sur les communes
L’avant-projet est tout autant coercitif vis-à-vis des communes. Elles seront sanctionnées en cas de non-application de cette ordonnance, si elle devait être votée. En cas d’évaluation négative de l’application du cadre régional, les communes « rebelles » ne seront plus éligibles aux subsides régionaux et le versement des produits du stationnement sera suspendu. A priori sans recours possible. C’est une réponse assez autoritaire à un fait : à ce jour, sur les 19 communes, seules 9 d’entre elles ont adopté un plan de stationnement « PACS » pourtant obligatoire et imposé par la Région bruxelloise. Bref : les bourgmestres seront priés de rentrer dans le rang…
Bruxelles n’est pas Paris
De nombreuses villes européennes ont mis en place des stratégies de stationnement, plus ou moins efficaces et coûteuses, pour favoriser l’utilisation des parkings publics (souterrains ou ouverts) pour limiter les transits des visiteurs de passage et inciter les habitants des quartiers avoisinants à utiliser les transports en commun et la mobilité douce. Paris, par exemple, a également une politique très agressive de réduction des places de stationnement en voirie. Mais d’après Roland Cracoo, le CEO d’Interparking, interrogé par L’Écho, Bruxelles n’a pas le même pouvoir d’attractivité que Paris : « Si plus personne ne vient à Bruxelles, on sera tous perdants, y compris les exploitants de parkings ». Car, en ajoutant cet avant-projet à la zone 30 généralisée et au futur péage urbain, il y a un réel risque de migrations des entreprises et clients vers la banlieue, désertant et évitant ainsi Bruxelles.
NE MANQUEZ RIEN DE l’ACTU AUTO!
Derniers modèles, tests, conseils, évènements exclusifs! C’est gratuit!