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Blog / Quand la Flandre se croit norvégienne

Rédigé par Olivier Duquesne le 04-11-2021

La COP26 fait mousser. Et au Nord, cela donne des idées à Lydia Peeters (Open VLD) : « tiens, si on interdisait la vente de voitures à combustion interne en 2027 ? » Ben oui, tiens, pourquoi pas ?

L’Europe a fixé des dates butoirs en 2035 pour la fin de la vente de voitures qui ne soient pas neutres en CO2. Ce qui, et c’est important, n’implique pas forcément que ce soit uniquement des voitures électriques. La neutralité carbone peut être atteinte par d’autres moyens que la voiture dans la prise, à condition d’avoir l’impulsion politique. Qu’on n’aura sans doute jamais. Soit ! En attendant, les constructeurs redoublent d’effort pour améliorer l’autonomie et l’efficacité des voitures électriques. Mais sera-ce suffisant ? En tout cas, dans l’effervescence de la COP26, le gouvernement flamand pourrait aller plus loin.

Le projet

La Flandre, par la voix de sa ministre de la Mobilité Lydia Peeters (Opel VLD), veut faire mieux que l’Europe. Et donner des leçons. Le gouvernement flamand doit, dans son ambition climatique, étudier le projet de réserver les immatriculations neuves aux seules voitures « vertes » en 2027 et d’occasion dès 2030. Dans les faits, cela revient – à l’état actuel des différentes solutions disponibles – à interdire la vente des véhicules LPG, CNG, Diesel et essence, y compris hybrides. Tout le monde devra donc passer à l’électrique ou à l’hydrogène. Avec l’infrastructure de recharge/plein qui sera ce qu’elle sera…

Et les bornes ?

Bruxelles a déjà annoncé la couleur, pour 2035, plus de thermique sur son territoire régional. Avec l’espoir de proposer 11.000 bornes pour un parc automobile bruxellois d’un demi-million de véhicules, sans les navetteurs. Certes, on pourra ajouter les bornes publiques ou non installées par les entreprises et les particuliers. Avec sans doute des degrés divers de qualité, de prix et d’efficacité. Imaginez maintenant la Flandre totalement électrique sur son parc de renouvellement en 2030.

Belgique à la traîne

Cela veut donc dire qu’il y aura près de 3 millions de voitures neuves et d’occasion en demande d’électricité en Flandre à l’horizon 2035. Dans une Belgique qui – même si le Nord et mieux loti que le Sud – se classe 29e sur 32 dans l’index des pays prêts à la transition vers l’électromobilité. Loin derrière la Norvège et les Pays-Bas. Et la Norvège avait entamé sa politique d’incitation à la voiture électrique bien plus tôt, avec une infrastructure de recharge profitant d’une énergie verte et naturelle. Il y a aussi des habitudes de déplacements différentes, notamment à cause de ses fjords et montagnes.

Prix

En outre, un des argumentaires ministériels autour de ce projet est un alignement des prix des voitures électriques avec les thermiques en 2026, et un TCO moindre.  Une hypothèse hasardeuse. Car l’alignement se fera d’abord pour le haut de gamme. De plus, les prix de l’énergie sont tellement volatils que cela peut évoluer en 5 ans. Sans parler de la question de la production d’électricité. Et même si la capacité du réseau à absorber des millions de véhicules en charge, mais aussi comme batterie tampon, peut être réglée et régulée ; cela nécessitera énormément d’investissements publics et privés en 5 ans à peine, 10 ans en considérant qu’une partie de la population gardera sa « vieille pétrolette » le plus longtemps possible.

Idéologique

Ce projet est purement politique et irrationnel, sans doute catalysé par la COP26. Une vision de l’automobile totalement puérile dans une géographie de la mobilité en déficit de solutions alternatives pour de nombreux trajets ou styles de vie. Espérons que le parlement et gouvernement flamand retrouveront leur juste raison et éviteront de vouloir mettre la charrue avant les bœufs. Sans quoi, les courses commandées par Internet arriveront à la destination finale avec un livreur obligé de se déplacer avec des bœufs… Par Toutatis !

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