Coin de la rédaction / Rédacteurs sans filtre – Le nouveau style de BMW

Au-delà de leur rigueur journalistique et de leur point de vue de professionnels de l’automobile, les membres de la rédaction sont avant tout des automobilistes et des citoyens lambda. Dans « Rédacteurs sans filtre », c’est le cœur qui s’exprime avant tout ! Cette semaine, nous leur avons demandé ce qu’ils pensaient du design en pleine mutation de BMW.

• Steven Appelmans

Je ne suis ni pour, ni contre : BMW ne me blâmera certainement pas si je déclare que le design que la marque utilise aujourd'hui est plutôt controversé. Mais le qualifier soudainement de laid... Qu'il soit bien clair que je n'aime pas vraiment non plus cette grille de calandre gigantesque. Du moins pas au sens classique, car il lui manque la symétrie et les proportions habituelles.

Mais le passé nous enseigne que les opinions peuvent changer. Il n'y a pas si longtemps, BMW a subi plus ou moins les mêmes foudres, avec une série 7 plutôt audacieuse. Aujourd'hui cependant, la création de Chris Bangle ne serait pas incongrue dans de nombreux musées. On appelle cela la perspicacité progressive

Mon propos est juste de dire que le temps est un facteur inextricable quand il s'agit de nommer et d'immortaliser la beauté. Le design doit se développer, à la fois sur la rétine et dans le corps de pensée général. Ne criez donc pas trop fort que le iX est un monstre. Car avant que vous ne vous en rendiez compte, il sera devenu culte.

• Cédric Derèse

Moi je suis pour ! D’accord, ces calandres des dernières BMW vous sautent à la face comme des poings dans la g… ! Si on parle de celle de la nouvelle Série 4, je lui trouve même un côté « tapette à mouche » très affirmé. Soit. Qui suis-je pour prétendre que c’est laid ?

En automobile comme dans tous les domaines, les goûts et les couleurs sont affaires de perception personnelle, de contexte et d’époque. Moi, je m’extasie davantage devant une Z3 que devant la dernière Z4, et c’est peu dire… Mais je n’irai jamais prétendre que la seconde a moins de style, d’audace dans les lignes ou de personnalité que son aïeule. Parce que pour mon pote Vincent (30 ans), c’est tout le contraire ! Soyons tolérants. Laissons les stylistes oser. De la diversité naît la richesse. Et en ces temps où l’analyse du moindre risque pousse la plupart des constructeurs à une prudence maladive, moi, j’apprécie le culot de BMW ! Mais bon les gars, il faut quand même qu’on reparle un peu de ces calandres…

• Kevin Kersemans

Que le nouveau coupé de la Série 4 ait suscité des émotions lors de son dévoilement avec sa calandre en dents de lapin, c'est peu dire - il semble avoir été fait pour cela. Personnellement, je trouve que, selon la configuration choisie, dans la vie réelle, ce n'est pas aussi affreux que sur les premières images. Et d'ailleurs : on s'habitue à tout. Sur les dernières Audi, la grille de radiateur à cadre unique est également si dénaturée qu'elle occupe presque tout l'avant de la voiture, mais personne ne s’en émeut.

D'accord, les haricots boursouflés ne sont peut-être pas très élégants et peuvent sembler un peu trop agressifs dans le rétroviseur de la voiture qui précède (ou était-ce justement l'intention... ?), mais pour le reste, je dois admettre que j'aime le design élégant des BMW récentes.

Ce qui me dérange davantage, c'est son application si générique que certaines gammes de modèles deviennent presque interchangeables. Pour distinguer une Série 3 d'une Série 5, il faut vraiment y regarder à deux fois - ou sortir son mètre ruban. Même une Série 1 et un X1 sont facilement confondus après un rapide coup d'œil, et un X3 et un X5 semblent seulement différer en taille à première vue. Bien que je doive admettre que l'on pourrait dire la même chose d'une Mercedes Classe C et E. L’air de famille d’accord, mais le copier-coller ? Il est étrange que BMW semble prêt à prendre des risques avec la calandre tant discutée, mais ne veut pas donner à chaque modèle une identité distincte. Ou cette calandre béante serait-elle une pure manœuvre de marketing ? Après tout, nous en parlons ici, et c'est un fait connu : il n'y a pas de mauvaise publicité !

• Yeelen Möller

Je ne suis pas un grand fan du nouveau design de BMW, bien que ce soient les détails qui me dérangent, plutôt que la ligne générale des modèles. Je pense que le lifting de la Série 7 est une grande amélioration par rapport à son prédécesseur, à l'exception de la grande grille de calandre. Je pense aussi que les récents compteurs numériques sont un pas en arrière, alors que dans un avenir proche, ils deviendront encore plus obscurs, si je m’en réfère à l'iX.

Mais ce qui me dérange le plus, c'est que l'on ne parle plus que de la calandre quand il s'agit de BMW. Tous les articles ou réactions ne doivent pas nécessairement porter sur les narines de la nouvelle Série 4. En ne parlant que de cela, nous perdons de vue ce qui est important : les voitures roulent-elles bien ? Sont-elles suffisamment confortables, dynamiques et pratiques ? Ne coûtent-elles pas trop cher ? Et à mon avis, BMW fabrique toujours d'excellentes voitures, dans certains domaines encore mieux que jamais. C'est juste que le prix, tout comme pour les autres marques et tout comme la calandre, devient incontrôlable...

• Alain Devos

Ce fut en effet un choc lorsque nous avons vu les premiers concepts avec la grande calandre de BMW. Et ce le fut encore un peu lorsque nous avons vu les photos du premier modèle de production, le X7. Heureusement, dans la vie réelle, c'était un peu mieux, surtout sur le coupé Série 4 lancé entre-temps. Ou peut-être s’habituera-t-on à ces gros « haricots » avec le temps, c'est également possible.

De toute façon, ce n'est pas une mauvaise chose qu'un constructeur automobile laisse de temps en temps une certaine liberté à ses designers. Au final, le dernier mot revient toujours au client. En ce qui concerne les marques allemandes (haut de gamme), je suis beaucoup plus gêné par le peu d'évolution de la silhouette des voitures. On peut difficilement distinguer la BMW Série 3 actuelle de la précédente, idem pour l'Audi A4 et sans doute bientôt aussi pour la nouvelle Mercedes Classe C. De loin, il devient également de plus en plus difficile de distinguer une C d'une E ou même d'une S. Un choix très conscient des marques, probablement bien fondé par les études de marché. Mais je ne suis pas fan de cette philosophie du design.

• Olivier Duquesne

Personnellement, je suis contre la nouvelle orientation stylistique de BMW  – et en particulier la calandre – qui me laisse perplexe, même si l’effet « ouille » sur les photos est moins saisissant dans la réalité. Toutefois, ce design est assumé par BMW qui veut se montrer audacieuse. Un terrain glissant sur lequel d’autres constructeurs ont déjà connu des déconvenues. Pour ensuite revenir à des lignes moins extravagantes.

Une (més)aventure qui est déjà arrivée à Munich, avec Chris Bangle et la Série 7 au début du XXIe siècle. Sans que cela ne mette vraiment en péril le constructeur. L’histoire se répétera-t-elle ?

• Laurent Blairon

Pour ou contre, je ne sais pas. En tout cas le design BMW s’inscrit dans son époque, c’est-à-dire celle du design «guerrier»,  fort développé dans les années 2000-2010 à coups de traits agressifs, de calandres béantes et de diodes (trop) perçantes. Cela plaît forcément à toute une génération.

Cela dit, les «vieux» comme moi regrettent le charme naturel des modèles plus anciens ; lorsque la volonté de faire agressif ne rentrait pas en ligne de compte, mais que comptait surtout l’équilibre, l’harmonie et la classe ! Voilà ou je veux en venir :  on aime, ou pas, le nouveau design des BMW, mais difficile, vraiment, de le trouver classe et/ou chic. Cela en jette, c’est tout.

• Hans Dierckx

Ces « haricots » ne laissent pas indifférents, BMW donne au client ce qu'il veut - ou du moins ce qu'il pense vouloir : des designs toujours plus audacieux et plus flashy. Comme beaucoup de constructeurs automobiles allemands, même Audi, VW et parfois Mercedes le font aussi.

Un problème plus important me semble être que le contrôle de la qualité au sein du département de design de Munich est devenu laxiste. Vous pouvez voir à partir de modèles comme le X4, le 2 Gran Coupé, la nouvelle M3 ou l'iX qu'il a fallu travailler rapidement pour transformer des idées folles et des esquisses spectaculaires en un design prêt à être produit. Il semble que l'on ne prenne plus le temps d'étudier les modèles en argile de tous les côtés et de les polir. Il en résulte des proportions inconfortables à regarder sous certains angles, et des ornements avec tant d'angles et de lignes qu'ils perturbent l'ensemble.

Jusqu'à il y a dix ans, BMW était un constructeur automobile de premier plan à cet égard. Les différentes générations des séries 3, 5 et 7, conçues respectivement par Paul Bracq, Claus Luthe et Chris Bangle, étaient généralement des exemples d'élégance sobre, avec beaucoup de soin pour ces petites pièces apparemment sans importance qui rendent un design intemporel. Avec ce mélange de design allemand austère avec une touche subtile de panache italien (la contribution d'Ercole Spada), BMW a conquis tous les fans de voiture.

Inévitablement, nous devons regarder au sommet. En premier lieu au designer en chef Adrian Van Hooydonk, c'est son département. Mais aussi aux responsables, tels que les anciens PDG Harald Krüger et Norbert Reithofer, qui ont joué avec l'identité de marque que BMW avait si soigneusement construite.