Au-delà de leur rigueur journalistique et de leur point de vue de professionnels de l’automobile, les membres de la rédaction sont avant tout des automobilistes et des citoyens lambda. Dans « Rédacteurs sans filtre », c’est le cœur qui s’exprime avant tout ! Cette semaine, nous leur avons demandé si le permis à points était une bonne solution pour améliorer la sécurité sur les routes belges.
En soi, un permis de conduire à points n'est peut-être pas une mauvaise idée. Les conducteurs odieux, qui commettent régulièrement de graves erreurs, ne peuvent retrouver la raison et s'améliorer réellement que si un retrait (temporaire) de leur permis de conduire pèse sur eux. Mais c'est peut-être une vision trop simpliste.
Qui décide du nombre de points dont on dispose au départ, du nombre de points que l'on perd par infraction (et pour quel type d'infraction), de la durée de la sanction, etc. Ce sont les hommes politiques qui, officiellement en tout cas, devront en décider. Espérons qu'ils seront conseillés par de vrais spécialistes, et de préférence pas seulement par des personnes autophobes.
Les exemples étrangers montrent apparemment aussi qu'un tel système de points ne modifie pas beaucoup le comportement au volant des vrais fous du volant. Les chances de se faire prendre pour des infractions (alcool, utilisation de téléphones portables, port de la ceinture de sécurité...) seraient encore trop faibles, ce qui est la raison principale pour laquelle l'introduction d'un tel permis de conduire en Belgique a été reportée. Il y aurait également un coût administratif élevé qui y serait associé.
Pour moi, les permis à points ne sont qu'un moyen de plus de faire de l'argent en faisant payer un examen de réintégration... En aucun cas se faire prendre plusieurs fois en excès de vitesse à 124 km/h au lieu de 120km/h ne fait de la personne un conducteur dangereux qui doit se voir retirer son permis. Je suis sur la route toute la journée, je suis bien plus en sécurité à 125 sur la 3e bande dégagée plutôt qu'englué dans les deux autres bandes à zigzaguer entre les camions et les lambins.
Comme on le répète depuis longtemps, il y a d'autres mesures à prendre pour améliorer la sécurité routière. Par exemple, augmenter les contrôles d'alcoolémie et de drogue à la place des contrôles de vitesse (bien entendu, punir - sévèrement - en cas de taux d'alcool réellement dangereux pour la conduite, pas avec dans le sang l'équivalent de deux Mon Chéri). En 10 ans de permis, je n'ai jamais eu un seul contrôle d'alcool...
Et surtout faire de la prévention plutôt que de la punition : un stage de maîtrise de sa voiture en cas de perte de contrôle, réaliser des freinages d'urgence et se rendre compte que oui, en ville, rouler à 70 au lieu de 50 peut tuer, faire de la conduite avec les lunettes mimant l'effet de l'alcool, etc. Tout cela serait bien plus utile car plutôt que craindre le radar, les gens craindraient l'accident, ce qui est normalement le but.
En tout état de cause, il s'agit d'un système plus équitable, car il signifie qu'une infraction est punie avec la même sévérité pour tous. Ce n'est pas le cas des amendes : pour l'un, 75 euros sont des cacahuètes, tandis que pour l'autre, ils font exploser le budget familial. La sanction, qu'elle soit en argent ou par un système de points, doit avant tout rester proportionnée. Une personne qui roule accidentellement à 52 km/h alors que la vitesse est limitée à 50 ne mérite pas vraiment de sanction.
Le problème, bien sûr, ce sont les cinglés qui se comportent comme dans un jeu vidéo. Quel que soit le système, ils s'échappent comme des anguilles glissantes ; les amendes ne sont jamais payées, et même lorsque leur permis est retiré, ils continuent à conduire. Pour ce petit groupe de conducteurs, je pense que la meilleure solution est de confisquer la voiture.
Sujet tabou en Belgique, le permis à points est pourtant généralisé en Europe. Le but est évidemment d’empêcher la récidive. Cependant, ce type de cotation n’a de sens qu’avec une perte de points rationnelle et réaliste. Pénaliser chaque infraction avec une notation négative finit par être contre-productif. L’automobiliste aura l’impression d’être considéré comme un irresponsable, alors que parfois il s’agit juste de distraction, de signalisation ambiguë ou d’un concours de circonstances ne mettant pas réellement en danger les autres usagers.
De plus, les personnes souvent sur la route – pour le travail notamment – auront systématiquement plus de risques de perdre leurs points que les autres. Surtout par l’accumulation de petites « fautes ». Alors qu’en soi l’amende de certaines infractions est déjà dissuasive. Et les comportements les plus graves sont déjà sanctionnés par une condamnation – coûteuse – au tribunal souvent jumelée à une déchéance du droit de conduire. Laisser planer cette épée de Damoclès en permanence après quelques infractions mineures n’est ni pédagogue, ni vraiment efficace contre les délinquants de la route qui se soucieront peu de leur « bulletin » pour prendre le volant.
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