Décryptage / Prix du pétrole en hausse : conséquence des changements en Arabie Saoudite

En 2016, l’Arabie Saoudite faisait des pieds et mains pour inciter l’OPEP et d’autres pays producteurs à réduire leur production de pétrole pour enrayer la chute des cours. L’objectif avoué : faire grimper le prix du baril. Cette stratégie a réussi à le placer au-dessus des 50 $, mais tout s’est vite stabilisé. Cela semble être un demi-échec. Pourtant, les prix ont augmenté tout récemment. Il y a eu une 1re montée en septembre, presque traditionnelle à l’approche de l’hiver dans l’hémisphère nord. Mais, surtout, la courbe grimpe plus franchement depuis début novembre. Et cela n’a rien à voir avec l’accord entre l’OPEP et 11 autres producteurs de pétrole. 

Anciens ministres en prison 

La hausse du cours est à mettre au crédit du Prince héritier Mohammed bin Salman. « MBS » – qui se prononce ouvertement pour un islam modéré et ouvert au monde – a pris en main un comité chargé de lutter contre la corruption aux plus hauts niveaux de l’État. Et il n’a pas tardé : arrestation d’anciens ministres et de riches investisseurs. En faisant emprisonner des personnalités influentes et des membres de sa propre famille, MBS se place en homme fort prêt à succéder à son père, le Roi Salman (81 ans). MBS ne serait pas étranger non plus à la décision du pays d’enfin autoriser les femmes à prendre le volant. Bref, il n’hésite pas à chambouler l’ordre établi. 

Instabilité politique 

Cette sorte de purge au plus haut niveau apparaît comme une situation instable aux yeux des investisseurs. Dès lors, cette prise en main du pouvoir par Mohammed bin Salman au sein du pays avec la plus grande réserve de pétrole de la planète fait monter le cours du brut. Certes, cet échauffement des prix est une bonne nouvelle pour son pays. Mais l’Arabie Saoudite pourrait vaciller si son opération de force devait aboutir à une crise plus profonde. Dans ce cas, son influence au sein de l’OPEP risquerait de diminuer… D’autant plus qu’il y a également des tensions avec l’Iran sur l’épineux dossier du conflit au Yémen. 

Avenir incertain 

Difficile donc de prévoir l’évolution des cours du pétrole : stabilité, hausse ou nouvelle chute. Tout semble dépendre de la stabilité de l’Arabie Saoudite après l’opération de nettoyage du prince héritier, de la crise avec l’Iran et de la réaction des membres de l’OPEP et des autres pays producteurs. Dont les USA. Il y a également un autre événement qui a eu lieu au Mexique, et annoncé le 3 novembre dernier : la découverte d’un important gisement de pétrole et de gaz. 

Pétrole mexicain 

Cette découverte permet au Mexique d’envisager une augmentation de sa production dès 2020. Car ce gisement découvert dans l'État de Veracruz, est estimé à 1,5 milliard de barils. Cela pourrait un peu réduire la tension sur le marché surtout si le pays d’Amérique centrale décidait de ne plus jouer le jeu de l’OPEP vu l’arrivée potentielle de capitaux. D’autant que Mexico a autorisé les investisseurs privés de prospecter dans le pays depuis juillet 2017.