Vous avez remarqué ? Pendant que l’Europe découvre l’hybridation et l’électricité et que la Chine se tourne déjà vers l’étape suivante, l’hydrogène, l’Amérique s’accroche à son passé automobile comme au deuxième amendement de sa constitution, celui réglementant le port d’arme. Ses modèles historiques restent furieusement traditionnels, comme la Corvette (qui a cependant déplacé son V8 de l’avant vers l’arrière), la Mustang, la Camaro, la Challenger, le Suburban, le F-150… Si les bobos des côtes californiennes et new-yorkaises roulent désormais pour Tesla, l’Amérique profonde, celle des rednecks et des grands espaces, se cramponne à ces modèles emblématiques en dehors desquels la planète automobile n’existe pas, semble-t-il. C’est sans doute caricatural. Mais il y a néanmoins un fait avéré : on vend plus de Tesla en Californie que dans le Kansas ou le Wyoming. Son arme, son cheval et son pick-up; trois éléments aussi indispensables que sa Budweiser et son Stetson à l’Américain des plaines du centre du pays. Dans ce contexte, que Ford ressorte, 25 ans après sa disparition, l’appellation Bronco pour son nouveau 4x4 n’est bien sûr pas innocent (voir page 18). Bronco, Mustang : deux références en effet explicites à l’univers équestre. Ce nouveau Bronco n’est a priori pas destiné à l’Europe, emberlificotée dans ses normes et sa bien-pensance, sa pensée devenue unique, oppressante et culpabilisante. Mais Ford USA capitalise sur un nom fort, né en 1966 et qui a marqué les esprits. Tant pis, je me lance: ce nouveau Bronco, je le trouve très sympa. Et a priori, je ne suis pas le seul. Quinze jours après que les premières infos aient filtré, Ford enregistrait déjà plus de 230.000 précommandes alors que l’engin ne sera commercialisé que fin 2021. Ça veut dire quoi ? Que la passion et le mythe restent fort présents. Au point que l’on peut se demander si cette passion, ces mythes automobiles ne seront pas les derniers à survivre quand tout le monde aura sa voiturette électrique, son engin de déplacement ultra-connecté, partagé et peut-être autonome, aussi passionnant qu’un sèche-linge. Le télétravail grandissant dans la foulée de la crise sanitaire, le marché de la voiture de société va sans doute évoluer et une belle « A4-Série 3-Classe C-Business Pack-Edition-gris métallisé » risque de ne plus faire rêver grand monde. De toute façon, c’est de moins en moins bien vu dans la société… Dès lors, l’automobile passion pourrait-elle constituer un refuge ? Se déplacer (si on peut encore) dans un engin sans âme en semaine et avoir la possibilité de caresser une belle carrosserie, de sentir un beau cuir, d’entendre une belle sonorité, de vivre ses émotions automobiles le week-end ? Pourquoi pas ? Laissez-nous au moins ça…
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