C’est enseigné dans toutes les écoles de journalisme: les trains qui arrivent à l’heure, ça n’intéresse personne, l’attention médiatique préférant se porter sur ceux qui arrivent en retard. Cette chasse à l’info destinée à capter l’attention, celle qui pointe du doigt et qui dénonce, est vieille comme le monde: elle n’a pas attendu la récente course aux «clics» pour s’ériger en mode de fonctionnement dans les rédactions du monde entier. Un train qui arrive à l’heure, ça n’a donc jamais été une info… C’est sans doute pour cette raison que le dernier rapport de l’Agence Européenne de l’Environnement, d’octobre dernier, est passé sous les radars. Et pourtant, il est instructif. «Les émissions nettes totales de gaz à effet de serre dans l'Union européenne ont diminué de 8 % l'année dernière, marquant des progrès significatifs vers la neutralité climatique de l'UE.»* L’Agence Européenne pointe comme sources de cette évolution à la baisse la diminution du recours au charbon, la croissance des énergies renouvelables (dont la part est passée de 10% en 2005 à 24% en, 2023) et la réduction de la consommation d’énergie à travers toute l’Europe. Le rapport va même plus loin: «En 2023, les émissions nettes totales de gaz à effet de serre dans l'UE ont diminué de 37% par rapport aux niveaux de 1990», rappelant toutefois que les objectifs climatiques de l’UE visent une réduction nette de 55% par rapport à la même année de référence d’ici à 2030 et la neutralité carbone d’ici à 2050.
«En 2023, les émissions nettes totales de gaz à effet de serre dans l'UE ont diminué de 37% par rapport aux niveaux de 1990.»
Autrement dit, la trajectoire est bonne, mais la ligne d’arrivée encore lointaine. Et dans cette course à la neutralité, tous les pays de l’Union ne jouent pas dans la même division: «22 États membres ont soumis des projections supplémentaires qui incluent des mesures planifiées mais... pas encore mises en œuvre.» Et dans cette tendance à la baisse, tous les secteurs industriels n’évoluent pas non plus à la même vitesse. Selon le rapport, en effet, dans le secteur de l’approvisionnement en énergie, les émissions ont été réduites de moitié par rapport à 2005. Autre bon élève: le secteur industriel, qui a baissé ses émissions d’un tiers. Le secteur du bâtiment a vu ses émissions baisser de 30% depuis 2005. Mais le secteur du transport progresse plus lentement, ce qui fait dire à l’agence que «cela met en évidence la nécessité de passer à des modes de transport durables (...)». Tout cela est très bien, le danger étant quand même que le constat incite à relever la tête du guidon et à lever les bras trop tôt, comme ce cycliste qui croyait avoir gagné l’étape et qui se fait passer à deux mètres de la ligne d’arrivée. Et puis, il y a tout de même un bug d’envergure dans cette politique européenne. L’Allemagne a tourné le dos au nucléaire. Très bien. Mais quand la météo empêche ses éoliennes et ses panneaux photovoltaïques de produire suffisamment d’électricité pour la demande du moment, en vertu d’un accord européen, elle doit faire appel à la France, qui remet alors en route une centrale électrique dans la commune frontalière de Saint-Avold, laquelle s’approvisionne en milliers de tonnes de charbon en... Afrique du Sud! Cherchez l’erreur...
*Le rapport complet est à consulter ici : https://www.eea.europa.eu/en/newsroom/news/eea-trends-and-projections
NE MANQUEZ RIEN DE l’ACTU AUTO!
Derniers modèles, tests, conseils, évènements exclusifs! C’est gratuit!