Au revoir, Patron!
Il aura été l’homme, le capitaine qui aura fait du Moniteur Automobile/AutoGids ce qu’il est aujourd’hui. Christian Rousseaux, l’ex-CEO, le patriarche, le patron, le boss nous a quittés ce mercredi 22 décembre à l’aube, entouré de l’affection des siens, au terme d’une longue et pénible maladie. Des combats, il en aura livrés durant sa longue carrière, mais le dernier était trop inégal. Et pourtant, quel parcours. Certes, il n’aura pas créé le nom « Moniteur Automobile », qui lui préexistait depuis 1950. Mais jusqu’à son rachat en 1976, il vivotait sous la forme d’un tabloïd de 4 pages reprenant juste les prix des voitures commercialisées en Belgique. Christian Rousseaux va rapidement en faire le magazine incontournable de la presse auto en Belgique. Il ne l’a pas fait seul : il a su s’entourer, à commencer par le rédacteur en chef emblématique du Moniteur, Étienne Visart, mon illustre prédécesseur. M. Rousseaux fera aussi monter à bord des pointures comme Paul Frère, Pierre Dieudonné, Christine Beckers… qui apporteront leur science et leur rigueur.
M. Rousseaux, c’est aussi l’homme à la base de la formule encore actuelle des Essais Détaillés, des Référendums des Propriétaires (abandonnés pour des raisons juridiques), des petites annonces, du cahier bleu… Bref, tout ce qui fait encore aujourd’hui la spécificité d’un magazine pas comme les autres. Il fut l’un des premiers à croire à Internet en lançant, dès 1996, un site dédié, automagazine.be, devenu depuis moniteurautomobile.be. Sous son règne, le groupe a connu une croissance exponentielle. Lancement de la version néerlandophone (De) AutoGids, sous la houlette de Tony Verhelle, en 1979. Lancement de la version française avec un bureau à Paris, sous la direction de Jean-Jacques Cornaert en 1984. Lancement des magazines NetCetera, Déco Idées, Tu Bâtis/Je Rénove. Rachat du magazine AutoWereld en 2004. Pour l’anecdote, il fut même question à une époque de reprendre le Playboy Belgique ! Cela ne s’est pas fait pour d’obscures raisons. Il faut sans doute parfois aussi choisir ses batailles.
Entrepreneur visionnaire, il lancera Immoweb en acceptant de perdre de l’argent quelques années. Qu’importe, il croyait au projet. L’avenir lui donnera 1000 fois raison. Patron ayant l’écoute des plus grands noms de l’industrie automobile belge, à commencer par Roland D’Ieteren dont il était proche, il était aussi passionné et enthousiaste que, parfois, de mauvaise foi. Car il aimait la confrontation. Mais la confrontation constructive, basée sur un échange d’arguments rationnels, d’avis, de points de vue et il abhorrait les béni-oui-oui. Et si, parfois, il devait admettre que ses arguments ne tenaient pas au terme d’une réunion animée, il la concluait toujours de la même manière : « Vous avez raison, mais n’oubliez pas une chose : le patron, ici, c’est moi ! » Et de s’en aller après une poignée de mains, sans rancune aucune. Il y a de ces confrontations qui forgent le respect.
M. Rousseaux, un certain jour de décembre 1991, c’est avec vous que j’ai signé mon contrat d’embauche. En ce matin du 22 décembre 2021, c’est l’ensemble des équipes du Moniteur Automobile qui pleurent votre disparition, conscientes de ce que l’on vous doit.
À votre famille, à vos fils, à vos petits-enfants, nous adressons nos plus sincères condoléances. Au revoir, Patron !
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