Guillaume Pitron, journaliste-documentariste français primé plusieurs fois, a publié un livre qui évoque la pollution générée par la surexploitation des métaux rares dans la cadre de la transition énergétique et numérique. L’auteur de « La guerre des métaux rares - La face cachée de la transition énergétique et numérique » (Éditions LLL) annonce par exemple « qu’un véhicule électrique génère presque autant de carbone qu’un Diesel ». Selon lui, la voiture électrique ne fait que déplacer la pollution. Car si l’absence de pot d’échappement nous dispense des gaz dans nos villes, d’autres régions souffrent de l’extraction des métaux rares.
Ils sont partout
Il rappelle que ces minerais sont utilisés abondamment par la voiture électrique, mais aussi pour les batteries des ordinateurs et des smartphones et même pour les TGV. Il indique également que « même les technologies qui ont recours aux moteurs thermiques dépendent de ces métaux, car ils permettent de concevoir des véhicules et des avions plus performants et plus légers, donc moins consommateurs de ressources fossiles. » Et ces minerais ont aussi des applications militaires, notamment pour l’armement. Tout cela à cause de leurs capacités presque magiques. En parallèle, un marché se crée avec ses tensions sur le cours des matières premières, mais aussi entre États.
La Chine au pouvoir
Guillaume Pitron évoque notamment l’hégémonie de la Chine sur cette ressource. D’un point de vue géopolitique – et stratégique – l’Empire du Milieu a eu le nez fin dès les années 90. Elle a la mainmise sur 95 % de la production mondiale des métaux rares. Un contrôle qui lui rapporte une manne financière gigantesque. Il existe bien des gisements ailleurs dans le monde. Mais certains pays n’ont pas les moyens d’investir pour créer rapidement les infrastructures (routes, électricité) et/ou n’ont pas le savoir-faire. Et d’autres, comme les pays européens, ne veulent pas (r)ouvrir des mines. Ces trous béants visibles et polluants rappelleraient à tous à quel point leurs équipements électriques et leurs batteries nécessitent un sacrifice environnemental autour du point d’extraction. Certes, il existe le recyclage. Mais il reste très (trop) coûteux et consomme, lui aussi, beaucoup d’énergie.
Autre pollution
Or, comme il l’indique dans les 1res pages de son livre, les terres rares : « C’est là la clé du « capitalisme vert » : nous remplaçons des ressources qui rejettent des millions de milliards de tonnes de gaz carbonique par d’autres qui ne brûlent pas – et ne génèrent donc pas le moindre gramme de CO2. » Seulement voilà, ces minerais nécessitent d’extraire des tonnes de terre pour en n’obtenir que quelques kilos ! Ce qui lui fait écrire : « notre quête d’un modèle de croissance plus écologique a plutôt conduit à l’exploitation intensifiée de l’écorce terrestre pour en extraire le principe actif, à savoir les métaux rares, avec des impacts environnementaux encore plus importants que ceux générés par l’extraction pétrolière. »
Leurre du discours vert
Le journaliste s’insurge par ailleurs face à l’expression « zéro émission ». Dans une interview du quotidien français Libération, il parle même de « fabuleux marketing » qui crée une illusion d’énergies renouvelables vertes. Lesquelles se généralisent : « Les énergies renouvelables représentent déjà 19 % de la consommation d’énergie finale dans le monde, et l’Europe prévoit pour elle-même de porter cette part à 27 % d’ici à 2030 ! » Enfin, il s’inquiète aussi de l’exploitation probable des océans et même des astéroïdes et des objets célestes proches dans cette quête des métaux rares. Son essai met en tout cas en lumière la complexité de notre monde hyperconnecté qui pousse à s’interroger sur le fonctionnement même de nos sociétés au-delà des seules questions environnementales liées à la mobilité. Avec, en filigrane inquiétant, de possibles conflits…
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