Disputé à Baku, la Cité des vents, le Grand Prix d'Azerbaïdjan réserve toujours des rebondissements et l'édition 2022 n'aura pas dérogé à la règle. Triomphe pour les uns, bérézina pour les autres, ce grand prix aura livré plusieurs enseignements cruciaux avant de se rendre à Montréal, autre circuit atypique qui pourrait déjà sonner comme la dernière chance de Ferrari de rester accrochée au wagon Red Bull dans la course aux titres. Mais cette épreuve disputée sur un tracé urbain majoritairement constitué de lignes droites et de virages à angles droit et ponctué d'une interminable ligne droite - ou presque - nous assure toujours l'un ou l'autre rebondissement, 2022 l'ayant à nouveau confirmé avec le double abandon des Ferrari, le doublé arrangé des Red Bull - hommage à Toyota au Mans ? - et le calvaire de Lewis Hamilton.
Résumé du grand prix
Auteur, une nouvelle fois, d'une pole autoritaire - la sixième cette saison - Charles Leclerc manquait son départ et voyait Sergio Pérez s'emparer des commandes de la course dès le premier virage tandis que Verstappen et Sainz complétaient le quatuor de tête, les Ferrari et Red Bull jouant clairement dans une autre pièce que le reste du peloton. Las, Sainz devait rapidement renoncer suite à un problème hydraulique au dixième tour. Son équipier profitait de la virtual sefaty car qui s'en suivait pour tenter une stratégie décalée et chaussait des gommes dures tandis que les Red Bull poursuivaient leur relais avec les Mediums du départ. Stratégie a priori payante pour le Monégasque qui signait immédiatement le meilleur tour et se retrouvait plus tard en tête avec plus de 12 secondes d'avance sur Pérez et Verstappen. Maudit, le leader de la Scuderia devait renoncer suite à une casse mécanique au niveau du moteur. Un troisième revers consécutif pour lui après l'abandon en Espagne alors qu'il était en tête et la quatrième place à Monaco suite à une erreur stratégique de Ferrari alors qu'il menait confortablement les débats. Des occasions manquées qui pèseront lourd au moment du décompte final dans la course au titre.
Cette double déconvenue des monoplaces rouges profitait immédiatement aux Red Bull, très véloces en ligne droite et qui avaient intrinsèquement de vraies chances d'empêcher Leclerc de tourner en rond. Les pilotes de Christian Horner n'auront même pas à forcer leur talent, pas plus que les stratèges du Taureau Ailé qui rappelleront à qui l'aurait peut-être oublié : le chouchou c'est Max ! Bien que Pérez ait été plus rapide que son champion du Monde d'équipier tout au long du weekend, l'équipe autrichienne lui imposera de laisser passer le Néerlandais et s'assurera qu'il ne le gêne pas en "prolongeant" un peu son arrêt au stand, histoire de bien faire comprendre au valeureux Mexicain quelle était sa place. Ce dernier laissera couler jusqu'à l'arrivée, signant tout de même le meilleur tour en course en fin d'épreuve pour rappeler que la Red Bull la plus rapide ce weekend était frappée du numéro 11 et pas du numéro 1, engrangeant le point bonus par la même occasion.
Derrière les Red Bull débarrassées des Ferrari, il y avait un gouffre avant de retrouver les Mercedes de Russel et Hamilton - ce dernier ayant souffert du rebond constant et douloureux de sa Mercedes - meilleurs des autres. Le Top 10 était complété par Gasly (Alpha Tauri), Vettel (Aston Martin) toujours en verve sur ce tracé, ainsi que les Alpine d'Alonso (7e) et Ocon (10e) qui encadraient les McLaren de Ricciardo et Norris. Notons que sur les 5 abandons enregistrés 4 concernaient des monoplaces motorisées par Ferrari ayant rencontré des problèmes techniques...
Résultats de GP d'Espagne
- Max VERSTAPPEN (Red Bull)
- Sergio PEREZ (Red Bull)
- George RUSSEL (Mercedes)
- Lewis HAMILTON (Mercedes)
- Pierre GASLY (Alpha Tauri)
- Sebastian VETTEL (Aston Martin)
- Fernando ALONSO (Alpine)
- Daniel RICCIARDO (McLaren)
- Lando NORRIS (McLaren)
- Esteban OCON (Alpine)
Classement du championnat du monde Pilotes
- Max VERSTAPPEN – 150 points
- Sergio PEREZ – 129 points
- Charles LECLERC – 116 points
- George RUSSEL – 99 points
- Carlos SAINZ – 83 points
- Lewis HAMILTON – 62 points
Classement du championnat du monde Constructeurs
- Red Bull – 279 points
- Ferrari – 199 points
- Mercedes – 161 points
- McLaren – 65 points
- Alpine – 47 points
- Alfa Romeo – 41 points
Tops
Sergio Pérez est l'homme fort de Red Bull, n'en déplaise à Max Verstappen et à la doublette Christian Horner-Helmut Marko ! Le Mexicain a une nouvelle fois été plus rapide que le Néerlandais, tant en qualifications qu'en course. Sans son problème moteur il aurait même été en mesure de contester la pole de Leclerc, contrairement à Verstappen. Plus à l'aise au volant de cette nouvelle génération de monoplaces, Checo a élevé son niveau de jeu. À sa science de la course et de la gestion des gommes, il ajoute désormais une vélocité inédite en qualifications. Tous les atouts nécessaires pour jouer le titre... ailleurs que chez Red Bull où la culture du chouchou a toujours été reine. Et le favori des pontes de l'écurie s'appelle Max Verstappen, qu'il "galère" ou pas en ce moment. Malheureusement pour Pérez, les problèmes et errements de Ferrari n'aident pas sa cause...
George Russel n'en finit pas de... confirmer qu'il est l'étoile montante et l'avenir de Mercedes. Habitué aux monoplaces rétives et à la lutte dans le peloton après ses années Williams, le jeune Britannique est clairement plus à l'aise au volant de la W13 que son septuple champion du monde d'équipier ! Mais il démontre également à chaque grand prix qu'il maîtrise son sujet. Accrocheur, pausé et opportuniste, Russel sait profiter de la moindre occasion pour décrocher d'excellents résultats. Et comme la Mercedes progresse et dispose d'un concept "zéro pontons" théoriquement le meilleur, si les "Gris" parviennent à le faire fonctionner sur la piste, George pourrait avoir son mot à dire pour les victoires en course, voire davantage !
Mention spéciale à Guanyu Zhou. Le Chinois a dominé son équipier Valtteri Bottas tout au long du weekend au volant d'une Alfa Romeo pour la première fois en manque de compétitivité sur un tracé très particulier et loin d'être aisé. En route pour marquer des points méritoirement acquis sur la piste, il fut contraint à l'abandon en raison d'un problème mécanique... encore une fois. Frustrant mais malgré tout encourageant pour celui que d'aucuns qualifient de "pilote payant".
Flops
Ferrari nous fait du... Ferrari ! Sur le plan technique, la Scuderia a énormément progressé et les évolutions introduites en Espagne ont remis la F1-75 au sommet de la hiérarchie sur un tour. Mieux la monoplace rouge semble avoir résolu ses problèmes de gestion de pneus en course, reste juste à solutionner le manque de vitesse de pointe qui permet aux Red Bull RB18 de prendre "facilement" le dessus en course. Mais malheureusement, les hommes de Mattia Binotto continuent à se prendre les pieds dans le tapis en stratégie (Monaco), quoique le changement anticipé de gommes de Leclerc aurait pu porter ses fruits, et surtout en fiabilité. Ce qui était la force de la Ferrari a disparu : elle ne termine plus les courses qu'elle mène ! Il va falloir y remédier rapidement sous peine de pouvoir dire adieu aux titres !
Red Bull domine son sujet, pas de doutes sur la question. Et l'écurie autrichienne dispose d'une paire de pilotes plus solide que celle de Ferrari. Dommage que Christian Horner et Helmut Marko ne se montrent pas également supérieurs en matière de fair-play ! "Contraints" de laisser Pérez s'imposer à Monaco, les pontes du Taureau Rouge ont clairement et sèchement rappelé au Mexicain qu'il n'avait pas le droit de jouer sa chance pour le titre : ce sera Verstappen un point c'est tout. Entre consignes même pas déguisées - "Sergio, no fighting" - et arrêt au stand mystérieusement lent... le porteur d'eau n'a eu droit qu'à transporter ses larmes de rage et de déception face à cette réalité injuste, traînant sa frustration jusqu'au drapeau à damier. Car il ne faut pas se fier à l'écart entre Sergio et Max à l'arrivée, Checo rappelant à tous que le plus rapide chez Red Bull ce weekend c'était lui en enlevant le meilleur tour en course et le point qui va avec en toute fin d'épreuve, histoire que Verstappen ne puisse pas répondre. Pas certain que cette gestion "humaine" au sein de l'écurie autrichienne porte ses fruits sur la durée...
Lando Norris est jeune et très talentueux. Il est clairement un cran au dessus de son expérimenté équipier Daniel Ricciardo, cela ne fait aucun doute. Mais la pépite de McLaren devrait grandir un peu ! Ses jérémiades d'enfant gâté font un peu tache alors que son équipier était clairement mieux que lui durant la course. Alors que l'équipe avait pris le risque de "sacrifier" la course de l'Australien sur le plan stratégique pour lui permettre de rester devant une Alpine, le Britannique se plaignait de ne pas avoir bénéficié de consignes en sa faveur pour aller attaquer une... Alpine (Alonso) en fin de course. Alors même qu'il ne fut jamais réellement en mesure d'inquiéter Ricciardo en gommes plus performantes et que l'un comme l'autre savaient que leur McLaren ne leur permettrait pas d'attaquer l'Alpine, beaucoup trop rapide en ligne droite ! Norris ferait bien de s'inspirer de Russel et d'apprendre la patience. Être le chouchou ne donne pas tous les droits... sauf chez Red Bull !
Le coup d'oeil – Hamilton en a plein le dos
Passablement frustré de s'être fait "voler" le titre à Abu Dhabi en 2021, Lewis Hamilton était revenu requinqué en 2022 avec la faim de se battre pour décrocher ce huitième titre qui ferait de lui le plus "Grand". Las, le concept innovant et extrême de la Mercedes W13 ne reproduit pas ses promesses théoriques (soufflerie et simulateur) sur la piste, imposant à Sir Lewis de se frotter à la populace du peloton. Un exercice qui lui sied moins qu'à son jeune équipier George Russel. Mais surtout le phénomène de rebond qui afflige la Mercedes handicape fortement le comportement de la monoplace et lèse davantage le style de pilotage de Hamilton. S'y ajoute un impact physique qui a pris une nouvelle dimension à Baku. Déjà en essais libres, Lewis s'est plaint - au même titre que Russel - de douleurs physiques au dos liées à ce pompage. Mais voir Hamilton - probablement l'un des plus costauds et endurants du peloton physiquement parlant - sortir de sa monoplace avec difficulté et marqué par la douleur... révèle combien le champion en a plein le dos - au sens propre comme au sens figuré ! L'abnégation et la motivation du pilote Mercedes ne sont clairement plus à leur faîte et il en ressort un Hamilton qui n'est plus à la fête !
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