Le projet d’Airbus des batteries initié par l’Allemagne et la France pour permettre à l’Europe d’être moins dépendante de la Chine ou des États-Unis pour la fabrication des cellules nécessaires aux voitures électriques pourrait accepter un nouveau membre. Après l’impulsion franco-allemande, de l’implication de Volkswagen ou de PSA et l’arrivée des Suédois de Northvolt, voici la Roumanie. Le pays d’Europe centrale a un argument de poids : ses mines qu’elle va rouvrir. Cela a été confirmé par le ministre de l’Économie, Niculae Badalau. En France, aussi, il y a des projets d’ouverture de mines. Toutefois, les autorités et les promoteurs se heurtent aux riverains. Ceux-ci craignent pour leur qualité de vie avec des mines difficiles à intégrer dans le paysage et provoquant nuisances et pollutions.
Pas si rares que ça
Il y a 17 « éléments de terres rares » ou ETR. Lorsqu’ils ont été découverts (tardivement à l’échelle humaine) au XVIIIe siècle, les métaux « rares » ont reçu ce sobriquet, car difficiles à séparer. En effet, ils sont agglomérés dans des roches et des minerais. La technique pour les isoler de manière industrielle et efficace ne date que des années 50. Ils sont plutôt abondants dans la croûte terrestre, mais répartis de manière inégale sur l’ensemble du globe. Il y en a donc un peu partout, et notamment en Suède ou en Roumanie. Toutefois, la séparation des éléments nécessite tout un processus en plusieurs phases : concentration minérale, attaque aux acides, chloration, extraction par solvant, précipitation sélective et dissolution. Et ce n’est pas tout. Des oxydes purs sont nécessaires pour la phase finale de « fabrication ». En clair : les risques de pollution des sols, de l’air et de l’eau sont élevés.
Coûts
La Roumanie souhaite « devenir un membre de l’Alliance européenne des batteries » en investissant au moins 50 millions d’euros pour rouvrir d’anciennes mines abandonnées depuis plus de 30 ans. Il y a là des gisements permettant l’extraction de dysprosium et d’europium. La réouverture de cette exploitation minière risque toutefois de poser des problèmes environnementaux, notamment pour le raffinage. Alors qu’en Chine, en Russie et dans certains pays d’Amérique du Sud, les normes sont moins strictes ce qui détermine forcément des prix de vente moins élevés. Le pays d’Europe centrale est également entré en négociation avec des constructeurs automobiles. Le gouvernement roumain a notamment l’ambition de construire une usine de batteries sur son territoire, toujours dans le cadre de l’Airbus des batteries. Ces millions roumains s’ajouteront à une enveloppe bien plus vaste dont on sait que l’Allemagne y a déjà prévu 1 milliard d’euros.
Batteries vs hydrogène
L’exploitation minière et la fabrication en Europe des éléments essentiels pour le développement de la voiture électrique sont évidemment stratégiques d’un point de vue géopolitique et économique. De nombreux pays européens ont crié haro sur les motorisations thermiques en prévoyant la fin de leur distribution à plus ou moins brève échéance (2025, 2030, 2040 ou 2050 selon les pays). Il faut donc avoir la matière première pour fabriquer les batteries. La Chine est le leader incontesté de l’extraction de ces ETR. Et pourtant, l’Empire du Milieu semble contrebraquer et se focaliser désormais uniquement sur l’hydrogène. Le pays se rend peut-être compte des limites de cette technologie et l’impact environnemental des sites d’extraction, préférant alors prendre une autre voie, un positionnement qui sera au final déterminant pour toute la planète. De ce fait, il faut se poser la question : l’Airbus des batteries aura-t-il encore un sens dans 10 ans ? D’un point de vue économique certainement puisque les voitures à pile à combustible ne seront certainement pas encore très courantes dans 10 ans qu’elles sont également des voitures « électriques » et qu’une batterie est toujours présente. Reste toutefois la pollution des mines et des techniques de séparation des ETR…
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