Essais blog / Qu'avons-nous pensé de l'Alfa Romeo Tonale PHEV ?

Si Jean-Philippe Imparato, patron d’Alfa Romeo, affirme que sans la décision de passer au tout électrique la marque serait morte, il est évident que sans le Tonale, cette transition n’aurait aucune chance de voir le jour. Devenu la vache à lait du constructeur italien, l’Alfa Romeo Tonale propose une variante hybride rechargeable au sommet de sa gamme. Principalement destiné aux flottes de sociétés, le SUV PHEV italien répond-il aux attentes au quotidien ? C’est ce que j’ai tenté de découvrir pendant une semaine, en y insérant un petit trip à Londres.

J'ai aimé Alfa Romeo Tonale PHEV

Même s’il ne bénéficie plus de l’effet « waw » qui avait prévalu lors de la présentation du concept en 2019, le Tonale n’en reste pas moins séduisant. Avec des lignes élégantes, bien proportionnées et empreintes d’une certaine finesse, pour un SUV s’entend, je le classe dans mon top 3 des SUV actuels sur le plan esthétique. Ses lignes se différencient de la concurrence et vieilliront très bien. Surtout, il s’identifie immédiatement comme une Alfa Romeo. Pas mal pour un Jeep Compass – profondément – modifié ! Et la réussite esthétique se prolonge à l’intérieur avec un mobilier de bord aux accents sportifs, tout en ne tombant pas dans une sophistication – qui a dit complication ? – inutile. Le tout avec une finition de très bon niveau.

Une Alfa Romeo ça se conduit autant que ça se regarde me disait un fan de la marque. Il n’a probablement pas tort, mais à ceux qui espèrent un SUV sportif mon message est clair : passez votre chemin. Par contre, si vous êtes à la recherche d’un modèle dynamique sans pour autant compromettre le confort de suspension et la sérénité au volant, ce Tonale est un très bon choix. Je rejoins mon rédacteur en chef quant à la qualité du train avant : le Torque Vectoring ajoute un petit supplément d’âme à cette voiture pourtant lourde et au centre de gravité qui reste haut perché. L’adhérence en mode 4 roues motrices ajoute au plaisir de conduire tout en garantissant une sécurité active non négligeable. Beau compromis uniquement entaché d’une direction un peu trop légère à mon goût, mais rien de rédhibitoire. Les gênes de Jeep Compass sont presque totalement masqués ! 

Si vous êtes à la recherche d’un modèle dynamique sans pour autant compromettre le confort de suspension et la sérénité au volant, ce Tonale est un très bon choix.

Cette Alfa s’avère surtout une excellente familiale avec suffisamment d’espace à bord pour deux adultes et deux enfants sur sièges auto et leur litanie de doudous. Bon point pour le nombre de ports USB disponibles qui permettent de brancher jusqu’à quatre appareils en plus du chargeur à induction. De manière générale, l’équipement est complet, le confort de bon aloi et la qualité de l’installation audio ne souffre pas la critique. Bon point également pour la connectivité efficace et intuitive.

Mais bon, plus qu’un Tonale, il s’agissait d’un Tonale hybride rechargeable. Une formule qui n’est pertinente que pour une frange très restreinte de la clientèle : faire moins de 50 km au quotidien, si possible en zone urbaine ou route de campagne pas trop rapide, en ayant la possibilité de recharger tous les jours, soit au boulot, soit à la maison. Je rentre dans cette catégorie de clients potentiels. Et je dois bien le reconnaître, si l’on s’en tient à ce cadre d’utilisation, le PHEV est une bonne solution moins onéreuse qu’une électrique et moins contraignante en cas de longs déplacements. Avec jusqu’à 50 km réels en full électrique, j’ai pu circuler à Londres sans jamais utiliser le moteur thermique. Idem à Liège. Appréciable !

Je n'ai pas aimé Alfa Romeo Tonale PHEV

Mais ce tableau n’est pas idyllique pour autant car ce Tonale souffre de deux défauts majeurs liés à son architecture hybride rechargeable : un poids qui dépasse les 2 tonnes en mouvement avec passagers et bagages à bord et une consommation sur autoroute – 9,2 l/100 km sur plus de 800 km à 115 km/h de moyenne - qui impose des ravitaillements aussi fréquents qu’avec une électrique sur autoroute : toutes les 325 bornes environ. Pénible, même si le plein ne prend que 2 minutes !

Je l’avoue, j’ai été relativement déçu des performances de ce Tonale PHEV. Certes les 280 ch sont appréciables pour mouvoir ce SUV de plus de 1800 kg et les accélérations sont franches et sécurisantes… mais. Car il y a un mais ! Lorsque vous décidez de rouler plus dynamiquement, choisissez bien votre tronçon de route et profitez-en au maximum car ça ne durera pas longtemps, la batterie se vide alors beaucoup trop vite. Et les palettes de changement de vitesses au volant ont beau être très jolies, elles ne servent pas à grand-chose dès que le boost électrique s’éteint ! Alfa Romeo aurait mieux fait de proposer une fonction de récupération d’énergie au freinage plus marquée et modulable via ces fameuses palettes. Dans ce domaine, je trouve que les concurrents asiatiques s’en sortent nettement mieux.

Ce Tonale PHEV souffre d’une consommation sur autoroute qui impose des ravitaillements aussi fréquents qu’avec une électrique : toutes les 325 bornes environ.

Certes, la batterie leste le Tonale de près de 200 kg, mais l’apport des moteurs électriques compense le tout en termes de performances et d’équilibre général du véhicule. Par contre, elle grève le volume de coffre de 115 l. Avec 385 l seulement, l’espace disponible n’est donc pas si généreux pour un véhicule de 4,53 m de long. Partir un weekend, ça va, une semaine, on oublie ça !

Autres légers bémols concernant les sièges et l’insonorisation. J’ai trouvé que les dossiers manquaient singulièrement de maintien au niveau du haut du dos, tant sur le plan vertical qu’au niveau latéral. Je ne suis pourtant pas très grand ni très fin. Dommage pour un SUV sportif qui invite par ailleurs au voyage. Quant à l’isolation aux bruits extérieurs, elle est très moyenne. Surtout en ce qui concerne les bruits de roulement. Sur certaines portions d’autoroute au revêtement en béton « granuleux », les roues avant semblent entrer en résonance avec le châssis et font un bruit tellement insupportable qu’on ne peut même plus parler normalement à son passager. Peut-être était-ce lié aux roues de 20 pouces chaussées de pneus au profil très bas, mais tout de même, à ce niveau de gamme et de prix, je trouve ça pénible.

Donc Alfa Romeo Tonale PHEV

Cet Alfa Romeo Tonale est une belle voiture, bien construite, agréable à conduire et plutôt confortable. À la page sur le plan des équipements de confort et d’infodivertissement, il pêche tout de même par des menus trop compliqués. Avec ses performances sympathiques, son comportement agile malgré la masse conséquente, j’ai vraiment pris du plaisir à le conduire et les évolutions en tout électrique en milieu urbain sont convaincantes, même si j’aurais aimé pouvoir moduler le freinage régénératif. On peut tout de même compter sur 50 km d’autonomie full électrique, en ville du moins, et c’est largement suffisant en ce qui me concerne.

Toutefois, les défauts inhérents à sa nature hybride rechargeable restent criants. Entre un coffre fortement amputé, une consommation dépassant les 9 l/100 km sur autoroute et des performances bipolaires selon que la batterie est pleine ou non, le tableau s’assombrit. Sans parler du tarif difficilement justifiable pour un client particulier par rapport à la version 1.5 Hybrid de 160 ch qui s’affiche 10.000 € moins cher dans cette finition Edizione Speciale.