- Avis Rédaction /20
Que serait aujourd’hui Subaru sans les souvenirs qu’a laissés l’Impreza et ses multiples déclinaisons STi, WRX, WRC et autres ? De vrais engins de guerre du rallye mondial avant la période Citroën et Sébastien Loeb, mais qui restent forts présents dans le cœur des passionnés, souvenirs emballés dans le bleu mythique et le jaune du sponsor de l’époque, 555. Esprit Colin es-tu là?
Si l’esprit Colin est toujours là, il est bien caché, car la gamme actuelle s’est assagie en oubliant son passé, ses turbos et le sport en général. Un petit moteur électrique a remplacé le gros turbo pour gaver le flat-four et la gamme ne compte plus que des crossovers, à l’exception du chouette coupé BRZ et de l’Impreza, devenue sage familiale sans histoire et sans relief.
Chouette
Le XV est donc le modèle d’accès au monde des crossovers Subaru. Comme un trait typique des produits de la marque, il semble avoir oublié de passer par la planche à dessin du designer, à moins qu’appelé à d’autres tâches, celui-ci ait confié le boulot à un stagiaire. Si on n’est pas en présence d’une ligne à la Paul Bracq, il faut néanmoins reconnaître à ce XV le mérite technologique de disposer d’une vraie transmission intégrale permanente. Une vraie, qui ne fait pas semblant en n’accouplant un essieu que lorsque c’est nécessaire. Ici, pas de chis-chis, chaque roue joue son rôle constamment dans l’excellente motricité qui fait de ce XV un vrai engin tous temps, sécurisant.
Cela dit, si la motricité n’est jamais prise en défaut, c’est sans doute aussi grâce (ou à cause) du manque de couple du flat-four atmosphérique de 2 litres et de la boîte CVT qui lisse tout débordement intempestif en faisant hurler le moteur, mais sans action réelle au niveau des roues. Bref, vous l’aurez compris ce XV n’a aucune velléité dynamique. Mais pris comme il aime à l’être, c’est à dire calmement, il se montre, c’est vrai, confortable. Il faut juste être très circonspect lors de l’enfoncement de la pédale d’accélérateur. Comme le disait un ami, «une boîte CVT, c’est pour ceux qui n’aiment pas conduire.» Tout est (bien) dit.
Pourtant, à la longue, on se prend à l’apprécier au quotidien. Son accès à bord se montre aisé, son coffre (dont le volume maxi est réduit 1310 à 1193 litres dans le cas de cette version micro-hybridée e-Boxer) est affleurant et donc facile à charger, l’habitacle semble costaud et bien conçu, la position de conduite est correcte et l’habitabilité aux 4 places bien réelle, grâce à un empattement de 2,66 m qui ménage un bel espace aux genoux à l’arrière et à une garde au toit généreuse. Et malgré une garde au sol de 22 cm, qui peut constituer un avantage sur nos routes défoncées, et donc de grands débattements de suspension, il ne prend pas trop de roulis, garde son cap sans effort et se montre précis en courbe grâce à une bonne direction, précise, directe et pas avare en retour d’informations.
Dommage
Dommage que chez Subaru, un petit moteur électrique ait remplacé les gros turbos d’antan qu’on entendait souffler et siffler dans l’effort et qui galvanisaient des 4 cylindres à plat entrés dans la légende. Qu’est-ce qui a donc bien pu foirer à un moment donné ? Ici, le 2 litres développe 150 ch et peut bénéficier d’un boost électrique temporaire de… 17 ch ! Waw…
Avare en sensations comme en couple, ce moteur sait aussi se montrer gourmand si on n’y prend pas garde. Un trajet autoroutier très calme, aux allures légales, à vitesse constante, en effleurant à peine l’accélérateur, s’est soldé par une conso moyenne 8 à 8,5 l/100 km. Franchement, un Diesel de puissance équivalente et dans les mêmes conditions, demande deux fois moins ! Où est le progrès ? D’autant que chez Subaru, plus de Diesel à l’horizon. En ville ou sur de petites routes, la moyenne s’envole vite vers les 9 à 9,5 l/100 km, voire plus. Autrement dit, dans ces conditions, les 48 litres du réservoir seront vite évaporés.
On a donc un peu de mal à comprendre la pertinence de cette association flat-four atmo et boîte CVT. D’autant qu’avec un 0 – 100 km/h bouclé en 10,7 s, elle n’est même pas au service du dynamisme. Et c’est sans doute ce qui handicape le plus ce XV pourtant séduisant à bien d’autres égards, hormis son physique ingrat. Mais on n’avait dit «pas le physique»…
Donc
Ce XV 2.0 e-Boxer n’aura pas la vie facile. Déjà, il ne fait rien pour attirer les regards. Ensuite son association 2.0 atmo/boîte CVT ne lui autorise aucune prétention ne serait-ce que dynamique. Heureusement, il lui reste quelques qualités objectives.
À commencer par un confort de marche pas mauvais, une bonne position de conduite, un habitacle généreux et bien conçu et surtout un rapport prix/équipement qui mérite votre attention. La version d’accès à 34.829 € se montre déjà bien équipée. À 36.895 €, la version Premium n’ajoute que le siège du conducteur réglable électriquement, le toit ouvrant et le cuir.
Mais s’il vous plaît, messieurs les décideurs et managers, faites revenir au bureau les ingénieurs du Subaru Tecnica International, vous savez, ceux du célèbre blason STi. Et si au passage vous pouviez aussi engager un vrai designer…
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