Essais blog / Qu'avons-nous pensé de la Agile SCX ?

Dans un monde aseptisé où les qualités d’une voiture se jugent à l’aune du nombre de ses ADAS (ses aides à la conduite), sa connectivité et la taille de ses écrans, que vient faire un petit roadster sans toit, sans portes, sans pare-brise ? Il apporte un bien devenu rare, et donc essentiel : une touche de folie ! Faut-il être fou en effet pour se mettre en tête de développer un petit engin entièrement et exclusivement dédié au plaisir automobile (bouuu, quel gros mot…), de l’homologuer au niveau européen pour qu’il soit autorisé à circuler sur la route et ne faisant aucune concession à la bien-pensance. C’est pourtant ce qu’a fait Tim Hansen, un ingénieur danois qui a créé sa marque en 2015 et qui, après de multiples péripéties, a officiellement mis sur la route en juillet 2022 l’objet de sa passion : cette Agile SCX.

Pour situer les choses, il faut savoir que pour la structure centrale, il est parti des cotes d’une Lotus Elise mais son châssis monocoque à lui est entièrement en carbone. Rigidité extrême et légèreté ont été ses priorités. À l’arrière se trouve un 4-cylindres Ecoboost 1.6 litre d’origine Ford pouvant être décliné en plusieurs puissances, de 225 à 400 ch ! Accolé à une boîte manuelle 6 rapports et éventuellement à un différentiel autobloquant (en option, mais chaudement recommandé pour les puissances supérieures). Aux 4 coins, une double triangulation suspendue par des combinés ressorts/amortisseurs KW réglables. Un tableau de bord minimaliste, une console centrale avec les commandes principales et… c’est tout. Pas de pare-brise, pas de portes, pas de toit, roulez jeunesse.

J'ai aimé Agile SCX

En matière de dynamisme, la légèreté est la mère de toutes les vertus. En l’occurrence, on parle de 580 kg. Qui dit mieux ? Pour 225 ch en configuration « par défaut », soit un rapport poids/puissance exceptionnel de 2,6 kg/ch. Pour situer le phénomène, c’est comme si votre Golf GTI Clubsport développait 562 ch. Si on passe à la version 275 ch de l’Agile, votre Golf devrait alors développer 695 ch pour supporter la comparaison. Que dire alors des versions 400 ch réservées à un usage sur piste ? Le rapport poids/puissance est une condition nécessaire à l’efficacité routière. Mais pas suffisante. Il faut aussi des trains roulants compétents pour faire passer ce potentiel à la route. Mais là encore, la légèreté est une vertu cardinale car elle permet de se passer de gros disques de freins, de gros cardans,… bref, de tout ce qui est… gros, et pesant donc. Les combinés KW font en l’occurrence un boulot formidable, parvenant à maîtriser les mouvements de caisse sans effort tout en garantissant un niveau de filtrage étonnant pour un usage routier. De fait, au volant, on ressent tout de suite cette légèreté, cette réactivité qui rappelle un peu les sensations éprouvées à bord d’une monoplace. Tout est rapide, précis, réactif, vif. Le 4-cylindres répond présent à tous les régimes et, à l’approche de la zone rouge, il s’exprime par un bruit d’explosion signalant que la soupape de décharge n’en peut plus.

Aucune inertie dans les changements d’appui, une direction ultra directe, pas de roulis : l’Agile SCX affiche un comportement routier d’une précision et d’une vivacité diabolique. Les vitesses de passage en courbe sont hallucinantes grâce au châssis de qualité bien sûr, mais aussi aux excellents semi-slick Yokohama Advan Neova : pour leur faire perdre une once de motricité à ceux-là, il faut se lever tôt ou croiser une route froide et/ou au revêtement gras-mouillé. En matière de plaisir de conduite et d’efficacité, cette Agile met la barre très haut. Mais attention, quand les limites seront atteintes, il faudra être réactif car ça se produira à des vitesses… insoupçonnées. Autant le savoir.

Je n'ai pas aimé Agile SCX

Dommage qu’il n’y a pas qu’en matière de plaisir et d’efficacité que l’Agile place la barre haut, très haut. Mais aussi en terme de prix, rançon de l’emploi massif de carbone et d’une construction artisanale en très petite série. Comptez en effet 125.000 € (TVAC) l’exemplaire ! Oups, ça fait mal. C’est environ 25.000 € de plus que pour un Porsche Boxster 718 4.0 GTS de 400 ch. Cruelle comparaison. Même si je serais curieux de voir le résultat d’une confrontation directe sur un circuit. Mais admettons que ça fait cher le jouet qui n’a rien de polyvalent et qui expose ses occupants à tous les aléas de la météo et les empêche d’embarquer le moindre bagage, ne serait-ce qu’un casque. Mais si pour vous l’argent n’est pas un soucis, opter pour cette Agile SCX vous mettra en contact avec un engin diabolique que vous ne croiserez pas à chaque coin de rue.

Donc Agile SCX

Engin complétement à part, vague réminiscence d’une Lotus 340 R ou d’une KTM X-Bow, cette Agile SCX est clairement un produit d’ingénieur, développé avec toutes les compétences nécessaires pour en faire un engin d’une efficacité redoutable. Mais il faut davantage le voir comme un jouet destiné à fréquenter des track-days car sur la route il est agréable, certes, mais surqualifié. Un engin attachant dont on ne se lasse pas. Mais un engin hors de prix. Dommage… Si malgré tout vous êtes intéressé, l’Agile SCX est importée en Belgique et dans le nord de la France par House Of Speed, dans la région liégeoise.

Photos : Julien Mahiëls